Le président tunisien cimente son pouvoir sur le système judiciaire | Nouvelles du monde


TUNIS (Reuters) – Le président tunisien a cimenté son emprise sur le pouvoir judiciaire dimanche avec un décret qui lui permet de révoquer des juges ou de bloquer leur promotion, contribuant à consolider son pouvoir après avoir pris le pouvoir exécutif l’été dernier dans un mouvement que ses ennemis appellent un coup d’État.

Le président Kais Saied a scandalisé ses opposants https://www.Reuters.com/world/africa/tunisian-president-steps-up-power-grab-with-move-against-judges-2022-02-09 et alarmé les alliés étrangers démocrates avec son annonce la semaine dernière qu’il dissolvait le Conseil supérieur de la magistrature, un organe qui garantissait l’indépendance judiciaire.

Saied, ancien avocat constitutionnel et mari d’une juge, a accusé le conseil d’agir pour des intérêts politiques et a mis en place un remplaçant temporaire pour superviser le travail des juges pendant qu’il prépare des changements plus larges.

Le pouvoir judiciaire était considéré comme le dernier bloc institutionnel restant sur les actions de Saied après qu’il a suspendu le parlement l’année dernière et a déclaré qu’il pouvait gouverner par décret.

Saied a déclaré que ses actions étaient temporaires et nécessaires pour sauver la Tunisie d’une élite corrompue et égoïste qui avait laissé son économie et sa politique stagner pendant des années et amené l’État au bord de l’effondrement.

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Certains membres du Conseil supérieur de la magistrature et d’autres juges ont manifesté la semaine dernière et fermé de nombreux tribunaux avec une grève de deux jours pour protester contre les mesures prises par Saied contre le système judiciaire.

Cependant, Saied a publié dimanche matin un nouveau décret créant un nouveau conseil temporaire, sans durée déterminée, pour superviser le système judiciaire et affirmant que les juges n’avaient pas le droit de faire grève.

Le décret indique également que Saied a le droit de s’opposer à la promotion ou à la nomination de tout juge et est chargé de proposer des réformes judiciaires, lui donnant effectivement le pouvoir exclusif sur l’ensemble du système judiciaire.

Saied a déjà pris le contrôle absolu sur l’autorité exécutive et législative, et ses détracteurs l’accusent de rechercher des pouvoirs dictatoriaux.

Il a déclaré qu’il défendrait les droits et libertés acquis lors de la révolution de 2011 qui a apporté la démocratie et qu’il soumettrait une nouvelle constitution à un référendum cet été, avec de nouvelles élections législatives qui suivront en décembre.

Cependant, alors que la Tunisie fait face à une crise imminente https://www.Reuters.com/world/africa/economic-pain-threatens-social-political-chaos-tunisia-2022-02-02 des finances publiques, les donateurs occidentaux qui ont déjà renfloué ont exprimé leur profonde inquiétude face aux mesures prises par Saied et ont déclaré que tout processus politique doit être inclusif.

Le principal parti d’opposition Ennahda, un parti islamiste modéré qui a joué un rôle majeur dans la plupart des gouvernements depuis la révolution et qui est le plus grand parti du parlement suspendu, a appelé à manifester plus tard dimanche à Tunis.

(Reportage par Tarek AmaraÉcriture par Angus McDowallMontage par Andrew Heavens et Frances Kerry)

Droits d’auteur 2022 Thomson Reuters.

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