Le président français Emmanuel Macron insulte l’Algérie, provoquant une crise diplomatique


La récente restriction de l’accès des visas depuis le Maghreb par le président français Emmanuel Macron, combinée à son insulte à la lutte anticoloniale du peuple algérien, visent à légitimer le colonialisme français et à inciter au chauvinisme néofasciste. Ses actions ont provoqué une crise diplomatique majeure avec l’Algérie et le rappel par Alger de l’ambassadeur d’Algérie en France.

Un communiqué de la présidence algérienne en réponse aux propos de Macron disait : « Suite aux propos indéniables que plusieurs sources françaises ont attribués nommément au président de la République française, l’Algérie exprime son rejet catégorique des ingérences inadmissibles dans ses affaires intérieures qui constituent la dit ces remarques. C’est la deuxième fois qu’Alger rappelle son ambassadeur à Paris depuis mai 2020, après la diffusion sur la chaîne de télévision France5 d’un documentaire sur le « Hirak », le mouvement de protestation de masse contre le régime militaire algérien qui a débuté en février 2019.

Une famille regarde le discours télévisé du président français Emmanuel Macron, lundi 13 avril 2020, à Lyon, dans le centre de la France. (Photo AP/Laurent Cipriani)

Cette crise diplomatique a débuté le 29 septembre. Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a annoncé sur Europe1 que l’octroi de visas par la France serait « resserré d’ici quelques semaines pour les ressortissants du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, qui « refusent » de délivrer les laissez-passer consulaires requis. pour le retour des immigrés refoulés de France. La restriction des visas, qui bloque la circulation des personnes souhaitant se rendre en France pour voir leur famille, touche des millions de personnes d’origine maghrébine en France même.

En 2018, l’Institut national de la statistique et des études économiques a indiqué qu’il y avait 1,9 million d’immigrés maghrébins dans le pays, ainsi que 2,4 millions de descendants directs nés en France d’au moins un parent maghrébin, en plus des petits-enfants. d’immigrés maghrébins, estimé à 821 000 en 2011. Cela fait un total de 5,1 millions de personnes d’origine maghrébine en France.

L’ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette, a été convoqué au ministère algérien des Affaires étrangères et notifié « d’une protestation formelle du gouvernement algérien à la suite d’une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens vers la France. », selon un communiqué du ministère.

Le 30 septembre, recevant une délégation de 18 jeunes Français d’origine maghrébine, ayant la double nationalité et quelques Algériens, le président français Emmanuel Macron a déclaré que « la nation algérienne de l’après 1962 s’est construite sur une déchirure de mémoire ». Il s’agissait d’une référence à la lutte héroïque et sanglante du peuple algérien contre le régime colonial français pendant la guerre d’Algérie (1954-1962).

Qualifiant l’Algérie de « système politico-militaire qui s’est construit sur cette déchirure de mémoire », Macron a attaqué « une histoire officielle » qui avait été « totalement réécrite », et qui selon lui « n’est pas fondée sur des vérités » mais sur « un discours fondé sur sur une haine de la France. Il s’interroge sur la légitimité historique de l’Algérie : « Y avait-il une nation algérienne avant la colonisation française ? Telle est la question… Je suis fasciné par la capacité de la Turquie à oublier complètement le rôle qu’elle a joué en Algérie et la domination qu’elle a exercée.

Quatre jours plus tard, Alger rappelait son ambassadeur en France pour « consultation » et fermait son espace aérien aux avions militaires français. En 2013, des avions français ont été autorisés à survoler le territoire algérien pour mener la guerre au Sahel lancée avec l’intervention française au Mali, avec lequel l’Algérie partage une frontière désertique de 1 300 kilomètres.

Cyniquement, Macron a réagi à cette crise franco-algérienne en affirmant qu’il souhaitait qu’il y ait un « apaisement ».

Mais il a ensuite défendu ses déclarations précédentes en déclarant : « J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et j’ai des relations vraiment cordiales avec le président Tebboune. Mais nous avons commencé un travail, avec le rapport que nous avons demandé [historian] Benjamin Stora à faire… avec la jeunesse française et franco-algérienne, et je continuerai ce travail. Il y aura inévitablement d’autres tensions. Ce ne sont que des histoires de blessures. Le problème est que beaucoup de gens sont irréconciliables les uns envers les autres. Mais nous sommes tous ensemble dans le même pays, et donc nous devons avoir un projet national qui nous embrasse. »

Stora avait été personnellement mandaté par Macron en juillet 2020 pour préparer un rapport sur les « mémoires de la colonisation et du peuple algérien ».

Les provocations de Macron et de son gouvernement contre l’Algérie sont un avertissement aux travailleurs tant en France que sur la rive sud de la Méditerranée. En fait, c’est Macron qui « réécrit totalement l’histoire » à travers ses déclarations, cherchant à dissimuler les crimes commis par l’impérialisme français aux XIXe et XXe siècles, ainsi que les crimes déjà commis ou en préparation dans les guerres néocoloniales de la France au 21e siècle.

Contrairement aux affirmations arrogantes de Macron sur la société algérienne avant la colonisation française et même avant la domination ottomane, il existait diverses formes d’« État dans ce territoire du Maghreb central », selon l’historien Gilles Manceron. Manceron ajoute : « Le fait que le sentiment national algérien ne se soit généralisé qu’au moment de la guerre est une réalité. Mais c’est comme le sentiment d’appartenance à la nation française, qui n’a véritablement pris racine qu’après la Révolution.

La domination française de l’Algérie était réactionnaire et criminelle. La France a colonisé l’Algérie et l’ensemble du Maghreb, faisant de ses habitants des citoyens de seconde zone, réprimés en vertu des dispositions discriminatoires du Code indigène. Pendant la guerre d’indépendance, l’impérialisme français a torturé et tué en masse, des crimes qui rappellent ceux commis en France occupée une décennie plus tôt par le régime collaborationniste de Vichy.

Sur 10 millions d’Algériens, la France a détenu 3 millions dans des camps d’internement et en a tué un demi-million. Vingt-cinq mille soldats français sont morts pendant la guerre et plus de 60 000 ont été blessés. En outre, les forces spéciales et la police françaises ont assassiné des dirigeants politiques et des manifestants indépendantistes en France métropolitaine. Paris a néanmoins subi une défaite humiliante dans la guerre, face au courage des ouvriers et des opprimés algériens.

Les déclarations de Macron soulignent la nature des forces politiques que Macron nourrit alors qu’il poursuit une politique de propagation du coronavirus, de guerre néocoloniale au Sahel et de répression violente des frappes en France.

Ils soulignent son alignement avec les milieux d’extrême droite qui sont ouvertement nostalgiques de l’Algérie française. Les mêmes forces ont joué un rôle central dans le putsch de 1958 qui a porté le général Charles De Gaulle au pouvoir et a instauré la Ve République. Ces forces pro-«Algérie française» ont cherché à changer la politique française par des attaques et une tentative de coup d’État après que De Gaulle a décidé de négocier l’indépendance de l’Algérie avec le Front de libération nationale algérien.

Désormais, sur fond de colère croissante de la classe ouvrière contre la gestion criminelle de la pandémie de coronavirus par l’État, les descendants politiques de ce milieu brandissent ouvertement la menace d’un coup d’État, sous la forme d’une lettre écrite par des généraux à la retraite. proche de la famille du général retraité Pierre de Villiers. Les calculs de Macron sur leur influence électorale à la présidentielle de 2022 sont sans doute liés à sa décision de provoquer une crise avec Alger.

Cette crise souligne que la lutte contre l’instauration d’un régime policier en France opprimant les travailleurs en France comme en Afrique nécessite l’unification internationale de la classe ouvrière des deux côtés de la Méditerranée dans une lutte pour le socialisme.

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