Le malaise s’installe autour du référendum en Nouvelle-Calédonie


La décision française d’organiser le 12 décembre le troisième et dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie suscite un malaise croissant.

Les partis et groupes indépendantistes ont décidé le mois dernier qu’en raison de la pandémie, ils resteraient à l’écart des urnes.

Le ministre français des Outre-mer Sébastien Lecornu rencontre la communauté kanak de Nouvelle-Calédonie

Le ministre français des Outre-mer Sébastien Lecornu rencontre la communauté kanak de Nouvelle-Calédonie
Photo: fourni

Le mécanisme de décolonisation, en jeu depuis 30 ans, arrivera donc à sa fin formelle sans la pleine participation des peuples colonisés au centre du processus.

Lors des deux référendums précédents en 2018 et 2020, le pourcentage d’électeurs soutenant le statu quo est passé de 56,7% en 2018 à 53,3% en 2020.

Avec l’écrasante majorité attendue du non, la décision référendaire redonnera à la France la responsabilité de trouver une nouvelle façon d’accommoder le droit des Kanaks à l’autodétermination.

La date de décembre pour le référendum a été choisie par le ministre français des Affaires étrangères Sébastien Lecornu en juin après avoir rejeté les appels des partis indépendantistes à le tenir fin 2022.

Sa position fait écho au consensus selon lequel la date du référendum ne doit en aucun cas chevaucher la période de campagne pour les élections présidentielles et législatives françaises prévues l’année prochaine.

Cependant, les partis indépendantistes avaient demandé à Paris d’honorer la promesse de 2019 du Premier ministre français de l’époque Edouard Philippe d’exclure la période de septembre 2021 à juillet 2022 pour le référendum.

Alors que le camp anti-indépendantiste n’était pas désireux d’avoir un autre vote, sa préférence était une date le plus tôt possible

Le camp indépendantiste a accepté à contrecœur le choix de la France et a commencé à se préparer pour le troisième vote d’indépendance en trois ans.

En août, la campagne a commencé, mais elle s’est brusquement arrêtée début septembre lorsqu’une épidémie communautaire de Covid-19 a brisé la bulle de la Nouvelle-Calédonie, épargnant jusqu’ici tout décès lié à la pandémie.

Un confinement strict s’est ensuivi tandis que le virus a rapidement infecté des milliers de personnes et tué plus de 200 personnes, principalement des Kanaks indigènes.

Les vaccinations ont repris et environ 80 pour cent de la population éligible a reçu au moins un vaccin, tandis qu’environ 70 pour cent ont reçu deux doses.

Nouvelle-Calédonie, Nouméa.  Une manifestation contre la vaccination obligatoire contre le COVID-19 et contre le pass sanitaire

Nouvelle-Calédonie, Nouméa. Une manifestation contre la vaccination obligatoire contre le COVID-19 et contre le pass sanitaire
Photo: Clotilde Richalet / Hans Lucas

Les rassemblements communautaires étant interdits, les partis indépendantistes ont vu leurs chances d’atteindre les électeurs de base réduites et ont appelé à un report du vote à la fin de l’année prochaine.

Ils ont également fait valoir que pour une population en deuil, le moment n’était pas venu de faire campagne politique.

Mais pour Paris, la machine référendaire est enclenchée, avec des centaines de forces de sécurité et leurs véhicules blindés de transport de troupes en route pour Nouméa.

Le deuil n’a pas été considéré comme une raison pour retarder le vote, et Lecornu a déclaré que seule une pandémie incontrôlable justifiait un report.

Avec la baisse du nombre de cas, la pandémie a été considérée comme gérée et les conditions sont réunies pour que le vote se déroule.

N’obtenant aucune concession, les partis indépendantistes ont laissé passer le délai de soumission du matériel de campagne officiel et ont ensuite annoncé qu’ils ne participeraient pas au référendum.

Les maires des villes aux administrations indépendantistes ont été invités à assister aux formalités de déroulement du référendum mais pas à voter.

Soutien régional du Pacifique pour un retard

Le groupe de fer de lance mélanésien, dont fait partie le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie, a soutenu l’appel à retarder le vote.

Le gouvernement de Vanuatu soutient également un report, tandis que d’autres gouvernements de la région, y compris le Forum des îles du Pacifique, sont restés silencieux.

Par ailleurs, des hommes d’État de la région du Pacifique, comme les anciens présidents des îles Marshall, Kiribati et Palau, ont écrit au président Macron pour lui demander de faire preuve de considération et de respect pour les souhaits du peuple kanak.

D’anciens hauts responsables français ainsi que des membres de la société civile ont également publiquement, mais sans succès, fait pression sur Paris pour retarder le vote.

On ne cesse de répéter que le référendum sur l’indépendance imposé par la France en 1987 a échoué parce que les Kanaks ont rejeté les conditions qui y étaient attachées.

Avec plus de 98 % d’entre eux ayant choisi de rester français, cela ne reflétait pas les aspirations du peuple colonisé depuis 1853 et mis à l’écart pendant la majeure partie d’un siècle par la suite.

Des partisans de l'indépendance kanak brandissent des drapeaux du Front socialiste de libération nationale kanak (FLNKS) après le référendum sur l'indépendance du territoire français du Pacifique Sud de la Nouvelle-Calédonie à Nouméa le 4 octobre 2020. (Photo de Théo Rouby / AFP)

Des partisans de l’indépendance kanak brandissent des drapeaux du Front socialiste de libération nationale kanak (FLNKS) après le référendum sur l’indépendance du territoire français du Pacifique Sud de la Nouvelle-Calédonie à Nouméa le 4 octobre 2020. (Photo de Théo Rouby / AFP)
Photo: AFP ou concédants de licence

Un conflit qui couvait depuis des années et au bord d’une guerre civile au début des années 1980 a connu son point d’éclair le plus dramatique lors de la crise des otages d’Ouvéa en 1988, lorsque la police française et les preneurs d’otages ont été tués dans des opérations controversées jusqu’à aujourd’hui.

La crise atteignit son paroxysme alors que la France était au milieu de ses élections présidentielles de 1988.

Elle marque un tournant et ouvre la voie à un accord pour tenter de réaliser pacifiquement la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie.

Connus sous le nom d’Accords de Matignon, un horizon de dix ans a été fixé pour un vote en bonne et due forme, mais à nouveau reporté avec la signature de l’Accord de Nouméa en 1998.

Une autre fenêtre de 20 ans a été donnée pour une décolonisation d’ici 2018, et en cas de non, deux votes supplémentaires étaient possibles, en 2020 et 2022.

En vertu de l’Accord, la Nouvelle-Calédonie a reçu un gouvernement collégial, composé de membres au prorata de la représentation de leurs partis au Congrès.

L’électorat pour les élections provinciales ainsi que les référendums étaient limités aux peuples autochtones et aux résidents de longue durée, et inscrits dans la constitution française.

L’Accord a également vu le transfert progressif et irréversible du pouvoir de la France à la Nouvelle-Calédonie dans le cadre de la décolonisation sous les auspices des Nations Unies.

L'accord de 1998 promet d'accroître l'autonomie de l'archipel et prévoit la tenue d'un référendum entre 2014 et 2018 sur l'opportunité de rester membre de la République française ou de devenir un État indépendant.

(À partir de L) Membres signataires de l’accord Matignon-Nouméa de 1998, ancien président du gouvernement de l’archipel français du Pacifique de la Nouvelle-Calédonie Harold Martin, ancien sénateur de la Nouvelle-Calédonie Simon Loueckhote, sénateur de la Nouvelle-Calédonie Pierre Frogier, président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie Cynthia Ligeard, députée européenne de la circonscription française d’outre-mer Maurice Ponga, sénateur de Nouvelle-Calédonie Hilarion Vendegou, membre du gouvernement de Nouvelle-Calédonie Bernard Deladriere, assiste à une réunion avec le Premier ministre français à Paris le 3 octobre 2014.

Photo: LIONEL BONAVENTURE / AFP

Ce qui reste sous contrôle français, et c’est la substance du référendum, c’est la défense, la police, la justice, la politique monétaire et les affaires étrangères.

Le transfert de vastes gisements de minerai de nickel à la province du Nord, principalement kanak, faisait également partie du réalignement pour qu’elle participe à ce qui est l’épine dorsale de l’économie.

Alors que ces accords prévoyaient une coexistence pacifique pendant trois décennies, ils n’ont pas réussi à unir les communautés pour le destin commun tant vanté.

À l’approche d’un troisième et dernier vote, la partie anti-indépendantiste a souhaité un vote rapide, avertissant que le processus référendaire prolongé a déjà créé de l’incertitude en ces temps économiques difficiles.

Les loyalistes pro-français ont également souligné que ce sont les partis indépendantistes, qui ont demandé en avril le référendum et qui devraient désormais s’en tenir à leur décision, indépendamment de l’arrivée du Covid-19 dans la communauté.

En juillet, la France a publié un document complet décrivant ce que signifiera un oui ou un non.

Il prévoit également une période de convergence jusqu’en juin 2023 lorsque Paris souhaite un nouveau vote en Nouvelle-Calédonie sur son prochain statut, dont l’élaboration se profile comme un énorme défi.

Centre-ville de Nouméa (capitale de la Nouvelle-Calédonie)

Centre-ville de Nouméa.
Photo: RNZ / Johnny Lames

Avec l’élection présidentielle française dans moins de six mois, le temps sera compté car l’attention dérive invariablement vers la politique intérieure française qui peut même amener un autre ensemble d’acteurs.

Dans la perspective du référendum de décembre, qui est désormais presque certain d’être une victoire retentissante pour les anti-indépendantistes, il manque toute proposition qui pourrait être acceptable pour les deux parties afin de maintenir la paix.

Lecornu a déclaré que le 12 décembre verrait l’Accord de Nouméa expirer. Pour les anti-indépendantistes, cela signifie la fin du rôle restreint et l’admission de tous les citoyens français dans les votes futurs.

Cela risque de mettre un terme à la conception d’un peuple néo-calédonien, composé d’autochtones kanaks, descendants de bagnards du XIXe siècle et de colons de longue date.

Il est clair que le peuple kanak n’acceptera pas que son droit à l’autodétermination soit rejeté par les migrants récents.

Un référendum vicié en décembre retardera le temps et forcera les deux camps à remettre en cause les conditions d’une coexistence pacifique continue.

Le temps viendra peut-être d’une Nouvelle-Calédonie à souveraineté partagée avec la France.

Le malaise s’installe autour du référendum en Nouvelle-Calédonie


La décision française d’organiser le 12 décembre le troisième et dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie suscite un malaise croissant.

Les partis et groupes indépendantistes ont décidé le mois dernier qu’en raison de la pandémie, ils resteraient à l’écart des urnes.

Le ministre français des Outre-mer Sébastien Lecornu rencontre la communauté kanak de Nouvelle-Calédonie

Le ministre français des Outre-mer Sébastien Lecornu rencontre la communauté kanak de Nouvelle-Calédonie
Photo: fourni

Le mécanisme de décolonisation, en jeu depuis 30 ans, arrivera donc à sa fin formelle sans la pleine participation des peuples colonisés au centre du processus.

Lors des deux référendums précédents en 2018 et 2020, le pourcentage d’électeurs soutenant le statu quo est passé de 56,7% en 2018 à 53,3% en 2020.

Avec l’écrasante majorité attendue du non, la décision référendaire redonnera à la France la responsabilité de trouver une nouvelle façon d’accommoder le droit des Kanaks à l’autodétermination.

La date de décembre pour le référendum a été choisie par le ministre français des Affaires étrangères Sébastien Lecornu en juin après avoir rejeté les appels des partis indépendantistes à le tenir fin 2022.

Sa position fait écho au consensus selon lequel la date du référendum ne doit en aucun cas chevaucher la période de campagne pour les élections présidentielles et législatives françaises prévues l’année prochaine.

Cependant, les partis indépendantistes avaient demandé à Paris d’honorer la promesse de 2019 du Premier ministre français de l’époque Edouard Philippe d’exclure la période de septembre 2021 à juillet 2022 pour le référendum.

Alors que le camp anti-indépendantiste n’était pas désireux d’avoir un autre vote, sa préférence était une date le plus tôt possible

Le camp indépendantiste a accepté à contrecœur le choix de la France et a commencé à se préparer pour le troisième vote d’indépendance en trois ans.

En août, la campagne a commencé, mais elle s’est brusquement arrêtée début septembre lorsqu’une épidémie communautaire de Covid-19 a brisé la bulle de la Nouvelle-Calédonie, épargnant jusqu’ici tout décès lié à la pandémie.

Un confinement strict s’est ensuivi tandis que le virus a rapidement infecté des milliers de personnes et tué plus de 200 personnes, principalement des Kanaks indigènes.

Les vaccinations ont repris et environ 80 pour cent de la population éligible a reçu au moins un vaccin, tandis qu’environ 70 pour cent ont reçu deux doses.

Nouvelle-Calédonie, Nouméa.  Une manifestation contre la vaccination obligatoire contre le COVID-19 et contre le pass sanitaire

Nouvelle-Calédonie, Nouméa. Une manifestation contre la vaccination obligatoire contre le COVID-19 et contre le pass sanitaire
Photo: Clotilde Richalet / Hans Lucas

Les rassemblements communautaires étant interdits, les partis indépendantistes ont vu leurs chances d’atteindre les électeurs de base réduites et ont appelé à un report du vote à la fin de l’année prochaine.

Ils ont également fait valoir que pour une population en deuil, le moment n’était pas venu de faire campagne politique.

Mais pour Paris, la machine référendaire est enclenchée, avec des centaines de forces de sécurité et leurs véhicules blindés de transport de troupes en route pour Nouméa.

Le deuil n’a pas été considéré comme une raison pour retarder le vote, et Lecornu a déclaré que seule une pandémie incontrôlable justifiait un report.

Avec la baisse du nombre de cas, la pandémie a été considérée comme gérée et les conditions sont réunies pour que le vote se déroule.

N’obtenant aucune concession, les partis indépendantistes ont laissé passer le délai de soumission du matériel de campagne officiel et ont ensuite annoncé qu’ils ne participeraient pas au référendum.

Les maires des villes aux administrations indépendantistes ont été invités à assister aux formalités de déroulement du référendum mais pas à voter.

Soutien régional du Pacifique pour un retard

Le groupe de fer de lance mélanésien, dont fait partie le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie, a soutenu l’appel à retarder le vote.

Le gouvernement de Vanuatu soutient également un report, tandis que d’autres gouvernements de la région, y compris le Forum des îles du Pacifique, sont restés silencieux.

Par ailleurs, des hommes d’État de la région du Pacifique, comme les anciens présidents des îles Marshall, Kiribati et Palau, ont écrit au président Macron pour lui demander de faire preuve de considération et de respect pour les souhaits du peuple kanak.

D’anciens hauts responsables français ainsi que des membres de la société civile ont également publiquement, mais sans succès, fait pression sur Paris pour retarder le vote.

On ne cesse de répéter que le référendum sur l’indépendance imposé par la France en 1987 a échoué parce que les Kanaks ont rejeté les conditions qui y étaient attachées.

Avec plus de 98 % d’entre eux ayant choisi de rester français, cela ne reflétait pas les aspirations du peuple colonisé depuis 1853 et mis à l’écart pendant la majeure partie d’un siècle par la suite.

Des partisans de l'indépendance kanak brandissent des drapeaux du Front socialiste de libération nationale kanak (FLNKS) après le référendum sur l'indépendance du territoire français du Pacifique Sud de la Nouvelle-Calédonie à Nouméa le 4 octobre 2020. (Photo de Théo Rouby / AFP)

Des partisans de l’indépendance kanak brandissent des drapeaux du Front socialiste de libération nationale kanak (FLNKS) après le référendum sur l’indépendance du territoire français du Pacifique Sud de la Nouvelle-Calédonie à Nouméa le 4 octobre 2020. (Photo de Théo Rouby / AFP)
Photo: AFP ou concédants de licence

Un conflit qui couvait depuis des années et au bord d’une guerre civile au début des années 1980 a connu son point d’éclair le plus dramatique lors de la crise des otages d’Ouvéa en 1988, lorsque la police française et les preneurs d’otages ont été tués dans des opérations controversées jusqu’à aujourd’hui.

La crise atteignit son paroxysme alors que la France était au milieu de ses élections présidentielles de 1988.

Elle marque un tournant et ouvre la voie à un accord pour tenter de réaliser pacifiquement la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie.

Connus sous le nom d’Accords de Matignon, un horizon de dix ans a été fixé pour un vote en bonne et due forme, mais à nouveau reporté avec la signature de l’Accord de Nouméa en 1998.

Une autre fenêtre de 20 ans a été donnée pour une décolonisation d’ici 2018, et en cas de non, deux votes supplémentaires étaient possibles, en 2020 et 2022.

En vertu de l’Accord, la Nouvelle-Calédonie a reçu un gouvernement collégial, composé de membres au prorata de la représentation de leurs partis au Congrès.

L’électorat pour les élections provinciales ainsi que les référendums étaient limités aux peuples autochtones et aux résidents de longue durée, et inscrits dans la constitution française.

L’Accord a également vu le transfert progressif et irréversible du pouvoir de la France à la Nouvelle-Calédonie dans le cadre de la décolonisation sous les auspices des Nations Unies.

L'accord de 1998 promet d'accroître l'autonomie de l'archipel et prévoit la tenue d'un référendum entre 2014 et 2018 sur l'opportunité de rester membre de la République française ou de devenir un État indépendant.

(À partir de L) Membres signataires de l’accord Matignon-Nouméa de 1998, ancien président du gouvernement de l’archipel français du Pacifique de la Nouvelle-Calédonie Harold Martin, ancien sénateur de la Nouvelle-Calédonie Simon Loueckhote, sénateur de la Nouvelle-Calédonie Pierre Frogier, président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie Cynthia Ligeard, députée européenne de la circonscription française d’outre-mer Maurice Ponga, sénateur de Nouvelle-Calédonie Hilarion Vendegou, membre du gouvernement de Nouvelle-Calédonie Bernard Deladriere, assiste à une réunion avec le Premier ministre français à Paris le 3 octobre 2014.

Photo: LIONEL BONAVENTURE / AFP

Ce qui reste sous contrôle français, et c’est la substance du référendum, c’est la défense, la police, la justice, la politique monétaire et les affaires étrangères.

Le transfert de vastes gisements de minerai de nickel à la province du Nord, principalement kanak, faisait également partie du réalignement pour qu’elle participe à ce qui est l’épine dorsale de l’économie.

Alors que ces accords prévoyaient une coexistence pacifique pendant trois décennies, ils n’ont pas réussi à unir les communautés pour le destin commun tant vanté.

À l’approche d’un troisième et dernier vote, la partie anti-indépendantiste a souhaité un vote rapide, avertissant que le processus référendaire prolongé a déjà créé de l’incertitude en ces temps économiques difficiles.

Les loyalistes pro-français ont également souligné que ce sont les partis indépendantistes, qui ont demandé en avril le référendum et qui devraient désormais s’en tenir à leur décision, indépendamment de l’arrivée du Covid-19 dans la communauté.

En juillet, la France a publié un document complet décrivant ce que signifiera un oui ou un non.

Il prévoit également une période de convergence jusqu’en juin 2023 lorsque Paris souhaite un nouveau vote en Nouvelle-Calédonie sur son prochain statut, dont l’élaboration se profile comme un énorme défi.

Centre-ville de Nouméa (capitale de la Nouvelle-Calédonie)

Centre-ville de Nouméa.
Photo: RNZ / Johnny Lames

Avec l’élection présidentielle française dans moins de six mois, le temps sera compté car l’attention dérive invariablement vers la politique intérieure française qui peut même amener un autre ensemble d’acteurs.

Dans la perspective du référendum de décembre, qui est désormais presque certain d’être une victoire retentissante pour les anti-indépendantistes, il manque toute proposition qui pourrait être acceptable pour les deux parties afin de maintenir la paix.

Lecornu a déclaré que le 12 décembre verrait l’Accord de Nouméa expirer. Pour les anti-indépendantistes, cela signifie la fin du rôle restreint et l’admission de tous les citoyens français dans les votes futurs.

Cela risque de mettre un terme à la conception d’un peuple néo-calédonien, composé d’autochtones kanaks, descendants de bagnards du XIXe siècle et de colons de longue date.

Il est clair que le peuple kanak n’acceptera pas que son droit à l’autodétermination soit rejeté par les migrants récents.

Un référendum vicié en décembre retardera le temps et forcera les deux camps à remettre en cause les conditions d’une coexistence pacifique continue.

Le temps viendra peut-être d’une Nouvelle-Calédonie à souveraineté partagée avec la France.

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