la question des spectateurs de l’étranger tranchée samedi


Alors que l’absence de spectateurs aux JO de Tokyo est déjà quasiment acquise depuis plusieurs semaines, cette décision doit être entérinée à l’occasion d’une réunion au sommet samedi. D’autres sujets relatifs à l’organisation de ces Jeux en pleine pandémie seront débattus à cette occasion.

C’est pour aujourd’hui. Responsables olympiques et autorités japonaises se prononcent samedi sur la présence de spectateurs venant de l’étranger aux Jeux olympiques de Tokyo reprogrammés cet été, mais la décision d’une interdiction semble déjà acquise devant la persistance de la pandémie. La réunion en ligne impliquera les cinq parties aux jeux: comité d’organisation, gouvernement japonais, ville de Tokyo et Comités internationaux olympique et paralympique.

Depuis début mars, les médias nippons annoncent que le gouvernement japonais a déjà opté pour l’interdiction des spectateurs de l’étranger, en raison notamment de l’inquiétude de la population japonaise face au Covid-19 et à ses variantes. « L’immigration dépend du gouvernement mais, au bout du compte, (la décision, ndlr) sera basée sur une discussion entre les cinq partis et leur accord », a déclaré la présidente du comité d’organisation de Tokyo 2020, Seiko Hashimoto, lors d’une conférence de presse vendredi.

Une interdiction constituerait une première historique. « Ce n’est jamais arrivé que des spectateurs étrangers soient interdits d’entrer dans le pays-hôte au moment des Jeux, même pendant la grippe espagnole lors des Jeux olympiques d’Anvers en 1920 », relève Jean-Loup Chappelet, professeur émérite à l’Université de Lausanne (Suisse) et spécialiste des JO.

Selon l’agence de presse japonaise Kyodo, le casse-tête du remboursement des centaines de milliers de billets vendus hors du Japon devrait aussi être abordé samedi, tout comme l’impact sur un budget de 13 milliards d’euros, un record pour des JO d’été. Une autre décision devrait être prise en avril, voire plus tard, sur la jauge des sites olympiques pour le public résidant au Japon.

D’autres mesures draconiennes contre le Covid-19 ont été élaborées pour garantir un « environnement sûr » aux Jeux de Tokyo, qui avaient été rapportés d’un an dernier à cause de la pandémie. La vaccination des participants ne sera pas obligatoire mais le Comité international olympique (CIO) l’encourage vivement. Il a même annoncé la semaine dernière qu’il allait acheter des vaccins à la Chine, une décision qui a surpris les organisateurs japonais. Les « Jeux de la pandémie » font surtout la part belle à la télévision, dont les droits de retransmission sont cruciaux pour les finances du CIO.

« Anxiété » des Japonais

Depuis leur rapport forcé il y a un an – une première en temps de paix – les JO de Tokyo ont donné lieu à un glissement sémantique des partis reflétant la persistance de la crise sanitaire mondiale, malgré l’arrivée de premiers vaccins.

L’été dernier les organisateurs voulaient encore faire de ces JO une célébration de « la victoire de l’humanité sur le virus ». Mais leur discours a radicalement changé ces dernières semaines en insistant désormais sur « l’anxiété » des Japonais et « la priorité » à accorder à leur sécurité. Dans un entretien à l’agence Kyodo publié la semaine dernière, le directeur général des Jeux, Toshiro Muto, a dit qu’en cette « période sombre », les JO deviennent désormais le symbole de la « solidarité ».

Les parties ont dû se rendre à l’évidence: le premier trimestre 2021 a vu l’apparition de variantes, des inégalités et des ratés dans la vaccination, des résurgences du virus et des reconfinements dans certains pays. Le Japon, qui a maîtrisé mieux que d’autres la crise sanitaire, a néanmoins connu une vive recrudescence des infections entre novembre et fin janvier, ce qui l’a conduit à réimposer temporairement l’état d’urgence dans une grande partie du pays , y compris dans le Grand Tokyo.

Le gouvernement nippon a lancé en février un programme de vaccination mais qui ne concerne jusqu’ici que le personnel soignant. La majeure partie de la population du pays ne devrait pas être vaccinée d’ici les JO (23 juillet-8 août). Depuis plusieurs mois, l’opinion publique japonaise est très majoritairement hostile à la tenue des Jeux cet été, préférant un nouveau rapport ou une annulation pure et simple. Et un sondage publié le 8 mars par le quotidien Yomiuri révélait que seuls 18% des Japonais étaient favorables à une autorisation de spectateurs venant de l’étranger pour les Jeux.

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