La Pologne bloque la décision de l’UE d’adhérer à l’impôt minimum sur les sociétés


La Pologne a bloqué les progrès d’une directive de l’UE visant à mettre en œuvre l’impôt minimum global sur les sociétés convenu l’année dernière, ce qui a retardé les efforts du bloc pour adopter la mesure.

Dans un accord historique en octobre de l’année dernière, 137 pays ont soutenu l’introduction d’un nouveau taux d’imposition effectif minimum de 15% sur les grandes entreprises, connu sous le nom de pilier deux.

La réforme devrait augmenter les recettes fiscales mondiales de plus de 150 milliards de dollars par an. Le même accord a également soutenu le fait de forcer les 100 plus grandes multinationales du monde à déclarer leurs bénéfices et à payer plus d’impôts dans les pays où elles font des affaires, ce que l’on appelle le «pilier un».

Afin de concrétiser l’accord, les pays doivent inscrire l’impôt minimum dans leur législation nationale. L’UE envisage de le faire via une directive et exige l’unanimité de tous les États membres pour que la mesure soit mise en œuvre.

Cependant, mardi, la Pologne a perturbé les plans en s’opposant à la proposition de directive lors d’une réunion des ministres des Finances de l’UE à Luxembourg.

Magdalena Rzeczkowska, ministre polonaise des Finances, a fait valoir que le pays ne pouvait pas soutenir l’imposition minimale sans avoir d’abord des assurances «juridiquement contraignantes» que des réformes ciblant les 100 plus grandes entreprises seraient adoptées.

Cette partie de l’accord oblige les pays à convenir d’une convention multilatérale, et les négociations avancent plus lentement que les plans pour l’impôt minimum mondial.

Rzeczkowska a déclaré: « Nous sommes convaincus que nous devons être conscients de l’insuffisance d’imposer une charge supplémentaire aux entreprises européennes dans le cadre du deuxième pilier sans garantir que les géants du numérique soient pleinement imposés dans le cadre du premier pilier. »

Cette décision a suscité la frustration d’autres États membres, dont la France, dont le ministre des Finances Bruno Le Maire a mené les négociations sur la directive dans le cadre de la présidence française de l’UE, qui se termine en juin.

Il a souligné que l’accord avait été soutenu par tous les États membres de l’UE, y compris la Pologne, au niveau international via les négociations de l’OCDE. Le conseil avait « répondu » aux préoccupations de la Pologne en incluant une formulation qui indiquait l’intention de l’UE que les deux parties de l’accord fonctionnent comme un tout.

« Je dirai très clairement que je ne suis absolument pas convaincu par l’argument polonais », a déclaré Le Maire lors de la réunion du conseil. Tous les États membres ont travaillé à la recherche d’un consensus, a-t-il ajouté, déclarant qu’il « regrette profondément[ed] que la Pologne ne comprend pas cela ».

S’exprimant à l’issue de la réunion du conseil des affaires économiques et financières, Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la commission, a déclaré qu’il n’était pas en mesure d’interpréter les motivations et les justifications de la Pologne. Mais il espérait qu’il y aurait un accord lors de la réunion du mois prochain.

« Ce mystère doit être évoqué avec Varsovie, plutôt qu’avec la présidence française », a ajouté Le Maire.

Par ailleurs, la Pologne est engagée dans des négociations avec Bruxelles pour débloquer sa part des fonds de relance de l’UE.

Cette évolution signifie que la mise en œuvre de l’accord fiscal mondial reste bloquée des deux côtés de l’Atlantique.

Le projet de loi contenu dans le projet de loi « build back better » du président américain Joe Biden, qui alignerait le système fiscal américain sur la proposition internationale d’un impôt minimum mondial, a été retardé en raison de l’incapacité des démocrates à obtenir le soutien de l’intérieur du parti.

Aucun projet de loi n’a encore été présenté à Washington et à Bruxelles sur le premier pilier.

Cependant, lorsqu’on lui a demandé si l’accord fiscal mondial était « en danger » en raison d’obstacles aux États-Unis et dans l’UE, Le Maire a déclaré que la détermination à passer l’accord restait forte.

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