La Nouvelle-Calédonie tient un vote final tendu sur l’indépendance de la France


Le territoire français du Pacifique, riche en nickel, de la Nouvelle-Calédonie a voté dimanche lors d’un troisième et dernier référendum sur l’indépendance – certains de ceux qui veulent se libérer demandent un boycott parce qu’ils disent que la pandémie de Covid empêche un scrutin équitable.

Le territoire d’environ 185 000 électeurs, à 2 000 kilomètres (1 250 miles) à l’est de l’Australie, a obtenu trois référendums sur l’indépendance dans le cadre d’un accord de 1988 visant à apaiser les tensions sur les îles.

Après avoir rejeté une rupture avec la France en 2018 puis de nouveau l’année dernière, les habitants se voient une dernière fois interrogés : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? »

L’enjeu est l’un des plus grands territoires français d’outre-mer, avec environ 10 pour cent du nickel mondial – utilisé pour fabriquer de l’acier inoxydable, des batteries et des téléphones portables – et un atout stratégique clé dans la compétition entre l’Occident et la Chine pour le pouvoir en Indo -Pacifique.

« Si le garde-fou français disparaissait, tous les éléments seraient en place pour que la Chine s’implante définitivement en Nouvelle-Calédonie », a déclaré l’analyste des relations internationales Bastien Vandendyck.

D’autres nations de la région, dont Fidji, Vanuatu, les îles Salomon et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, étaient déjà devenues des « satellites chinois », a déclaré Vandendyck à l’AFP.

« Tout ce dont la Chine a besoin maintenant pour compléter son collier de perles aux portes de l’Australie, c’est la Nouvelle-Calédonie », a-t-il déclaré.

Les bureaux de vote ont ouvert à 7h00 heure locale (2000 GMT samedi) et devaient se clôturer à 18h00 heure locale (05h00 GMT dimanche) avec les résultats attendus quelques heures plus tard.

– ‘Un gâchis’ –

Les militants indépendantistes boycottent le vote, affirmant qu’ils souhaitent qu’il soit reporté à septembre car « une campagne équitable » n’est pas possible avec un nombre élevé d’infections à coronavirus.

« Je ne veux pas aller voter car je ne suis pas d’accord avec ce scrutin final », a déclaré Jean-Pierre Wadra, un habitant de la capitale Nouméa.

Les 270 000 habitants de la Nouvelle-Calédonie ont été largement épargnés lors de la première phase de la pandémie, mais ont subi près de 300 décès dus au Covid-19 depuis l’apparition récente de la variante Delta.

Le mouvement indépendantiste a toujours menacé de non-reconnaissance du résultat du référendum et s’est engagé à faire appel aux Nations Unies pour qu’il soit annulé.

Quel que soit le sens du sondage, la polémique risque de gronder : « Ça va être le bordel en Nouvelle-Calédonie », a déclaré Wadra.

Le ministre français en charge des territoires d’outre-mer, Sébastien Lecornu, a déclaré que s’il était « un droit démocratique » de refuser de voter, le boycott ne changerait rien à la « validité légale » du référendum.

Le vote intervient dans un contexte de relations de plus en plus tendues entre Paris et ses alliés régionaux.

La France se considère comme un acteur indo-pacifique majeur grâce à des territoires d’outre-mer comme la Nouvelle-Calédonie.

Le président Emmanuel Macron a insisté sur le fait que l’État français ne prend pas parti dans le référendum, si ce n’est pour assurer un déroulement équitable et sans heurts.

L’Australie, puissance du Pacifique, a exaspéré la France en septembre en abandonnant un énorme contrat de sous-marins au profit d’un pacte de sécurité avec la Grande-Bretagne et les États-Unis.

Derrière le conflit se profile le rôle croissant de la Chine, les experts soupçonnant qu’une Nouvelle-Calédonie indépendante pourrait être plus favorable aux avancées de Pékin, qui sont en partie motivées par un intérêt pour les vastes réserves de nickel du territoire.

La Chine est déjà le premier client des exportations de métaux de la Nouvelle-Calédonie.

Un avertissement de cyclone a été émis samedi pour compliquer le vote alors qu’une dépression tropicale se profilait.

– ‘Déclaration de guerre’ –

Le camp pro-français, quant à lui, a appelé ses supporters à se manifester, craignant que le boycott des partis indépendantistes ne les pousse à rester chez eux, la victoire semblant acquise d’avance.

« Il est important que la mobilisation des partisans de la non-indépendance reste absolue, pour montrer qu’ils sont majoritaires et unis dans leur souhait que la Nouvelle-Calédonie reste dans la République française », a déclaré Thierry Santa, président du Rassemblement conservateur. -Partie LR.

En juin, les différents partis politiques se sont mis d’accord avec le gouvernement français pour que le référendum, quelle qu’en soit l’issue, devrait déboucher sur « une période de stabilité et de convergence » et être suivi d’un nouveau référendum d’ici juin 2023 qui déciderait du « projet » Nouveau Les Calédoniens veulent poursuivre.

Mais les espoirs d’une transition en douceur ont été ébranlés lorsque le principal mouvement indépendantiste indigène, le FLNKS, a estimé que l’insistance du gouvernement à aller de l’avant avec le référendum « était une déclaration de guerre ».

Les observateurs craignent que de nouvelles tensions ne déclenchent même un retour du type de violence vu pour la dernière fois il y a 30 ans.

Le camp pro-Paris a remporté le référendum de 2018 avec 56,7% des voix, mais ce pourcentage est tombé à 53,3% lors des élections de 2020.

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