La mère d’un chercheur égyptien « saute de joie » après l’ordonnance de libération du tribunal | Egypte


Un tribunal égyptien a ordonné la libération du chercheur Patrick Zaki, dont la détention en février de l’année dernière a suscité une condamnation internationale, notamment en Italie où il étudiait, a indiqué sa famille.

« Je saute de joie ! » a déclaré sa mère Hala Sobhi à l’AFP. « Nous sommes maintenant en route pour le poste de police de Mansoura », une ville du delta du Nil en Égypte, d’où est originaire Zaki.

Zaki fait toujours face à des accusations de « diffusion de fausses nouvelles », « atteinte à la sécurité nationale » et « incitation au renversement de l’État », entre autres.

Son procès a été reporté à février, selon l’Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR), une ONG locale avec laquelle il travaillait.

En septembre, Zaki a été renvoyé en jugement devant une cour exceptionnelle de sûreté de l’État pour un article contenant des extraits de son journal intime relatant la discrimination à laquelle est confrontée la minorité chrétienne copte du pays.

Les chrétiens coptes représentent environ 10 à 15 % de la population de plus de 100 millions d’habitants du pays.

Amnesty International a déclaré précédemment que Zaki aurait été torturé alors qu’il était interrogé par des agents de la sécurité nationale, notamment à l’aide de décharges électriques et de coups.

En juin de cette année, sa mère confiait à l’AFP : « Quand j’imagine son confinement, j’ai l’impression d’étouffer… On pensait qu’il serait emprisonné quelques semaines, mais cela dure depuis plus d’un an. »

La détention de Zaki a été condamnée en particulier en Italie où il étudiait et qui a récemment tenu un procès par contumace pour le meurtre du doctorant italien Giulio Regeni en Égypte en 2016.

Le corps de Regeni a été retrouvé portant des traces de torture, plusieurs jours après sa disparition à l’occasion du cinquième anniversaire du soulèvement du 25 janvier. Un rapport de la commission parlementaire italienne a récemment imputé sa torture et sa mort à l’appareil de sécurité de l’État égyptien.

Des milliers d’Italiens ont signé des pétitions appelant à la libération de Zaki, et le sénat du pays a voté en avril pour lui accorder la nationalité italienne, lui permettant de bénéficier d’un soutien consulaire.

Peu de temps après la décision du tribunal, le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, a tweeté : « Premier objectif atteint : Patrick Zaki n’est plus en prison… Un merci consciencieux à notre corps diplomatique.

L’espace égyptien pour la dissidence a été sévèrement restreint depuis que le président Abdel Fatah al-Sisi a pris ses fonctions en 2014, les autorités ciblant particulièrement l’EIPR ces dernières années.

Hossam Bahgat, qui a fondé le groupe de défense des droits et a été condamné à une amende par un tribunal le mois dernier pour un tweet « insultant », a salué la nouvelle de la libération de Zaki, écrivant « Dieu merci » sur les réseaux sociaux.

Trois membres du personnel de l’EIPR ont été emprisonnés l’année dernière, déclenchant une campagne internationale soutenue par des célébrités dont l’acteur Scarlett Johansson qui a abouti à leur libération.

Plusieurs chercheurs ont été emprisonnés, dont Ahmed Samir, étudiant de troisième cycle à l’Université d’Europe centrale de Vienne, et Kholoud Amer, chef de l’unité de traduction à la Bibliothèque d’Alexandrie.

L’Égypte se classe dans le groupe le plus bas de l’indice de liberté académique du Global Public Policy Institute.

Mardi également, cinq groupes de défense des droits humains ont appelé le président français Emmanuel Macron à faire pression sur l’Égypte pour qu’elle libère le militant égypto-palestinien Ramy Shaath.

Macron avait déjà évoqué son cas lors d’une conférence de presse en direct avec Sisi à Paris, mais Shaath, le fils du vétéran homme politique palestinien Nabil Shaath, est toujours en prison depuis juillet 2019.

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