La menace « d’action directe » de l’Afrique du Sud contre Israël suscite des attentes


La ministre sud-africaine des Relations internationales, Mme Naledi Pandor (Photo : TWAS, via Wikimedia Commons)

Par Iqbal Jassat

Le gouvernement sud-africain dirigé par l’ANC a renouvelé son engagement de solidarité avec la Palestine en ajoutant la nouvelle expression « action directe ».

Le nouvel engagement de la ministre des Relations internationales, Mme Naledi Pandor, a été salué par les mouvements de solidarité du pays qui soutiennent la lutte pour la liberté de la Palestine.

Bien que Pandor n’ait pas précisé le type d' »action directe » envisagé, elle a lancé ses commentaires francs en se référant aux récents rapports sur les droits de l’homme sur Israël qu’elle a décrits comme des « pratiques d’apartheid bien documentées d’Israël ».

Pandor a fait ses remarques au Parlement lors du débat sur l’état de la nation (SONA).

Sa condamnation sans équivoque de l’apartheid israélien à la suite d’une controverse suscitée par l’acceptation récente par le président Cyril Ramaphosa de la « crédibilité » du nouvel envoyé d’Israël à Pretoria, peut être interprétée comme une tentative d’éclaircir l’air.

Cela fait également suite à une réprimande cinglante du président de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, qui cherche à justifier son acceptation unilatérale du statut d’observateur d’Israël, a critiqué les pays pour s’y être opposés tout en conservant des relations diplomatiques avec Israël.

Bien que Mahamat n’ait nommé aucun pays, il était clair qu’il se référait spécifiquement à l’Afrique du Sud. Pandor n’a pas seulement exprimé l’opposition de l’Afrique du Sud, elle a mené des efforts pour révoquer le statut d’observateur d’Israël.

Ses arguments, soutenus par l’Algérie et un certain nombre d’États membres de l’UA, tournent autour de la charte de l’UA qui rejette le colonialisme, le racisme et l’occupation illégale. En désignant spécifiquement Mahamat comme la personne responsable de l’octroi du statut d’observateur à Israël, le décor était planté pour l’acrimonie entre les deux.

« Nous nous sommes opposés avec véhémence, en tant qu’Africains du Sud, à l’octroi de [African Union] statut d’observateur à Israël par le président de la Commission de l’Union africaine. Notre objection découle de notre propre constitution et de ses valeurs et de la charte de l’Union africaine qui rejette le colonialisme, le racisme et l’occupation illégale de la terre d’autrui », a-t-elle déclaré.

Malgré ses démarches pour révoquer la décision de Mahamat, l’UA a suspendu un débat à ce sujet et a plutôt formé un comité pour étudier la question. En effet, en donnant un coup de pied dans la boîte, la tension et la division au sein de l’UA continueront de mijoter.

Si l’Afrique du Sud est perçue depuis la fin de l’apartheid et l’aube de la démocratie comme un poids lourd dans les affaires continentales, Mahamat a cru bon de souligner le paradoxe des relations diplomatiques d’une part et l’opposition au statut d’observateur, faisant ainsi cas du double normes.

S’ensuit-il alors que le discours parlementaire de Pandor qui parlait d’« action directe » devait aussi surmonter les accusations de dualité de normes ? Cela peut être glané à partir de ses remarques selon lesquelles les relations diplomatiques avec Israël ne peuvent être utilisées par personne comme une raison pour faire entrer Israël dans l’Union africaine.

« Les résolutions de notre parti au pouvoir nous ont ordonné de déclasser notre ambassade en Israël. Nous avons retiré notre ambassadeur [from Israel] dans le cadre de ce processus de déclassement, et nous envisageons d’autres mesures pour indiquer notre grande consternation face à la poursuite des pratiques d’apartheid d’Israël contre le peuple palestinien qui souffre depuis longtemps.

Ainsi, alors que la querelle avec l’UA reste non résolue, ce qui est clair, c’est que les armes ont été dégainées. La fusillade est en attente jusqu’à ce que le comité nommé pour enquêter sur la décision de Mahamat se réunisse dans le futur.

En attendant, alors que la menace « d’action directe » de Pandor fait l’objet de spéculations, on s’attend à ce que tout comme l’Afrique du Sud attend qu’elle se traduise par une rupture substantielle avec les relations diplomatiques actuelles, les Palestiniens le feront aussi.

Après tout, les récentes conclusions convaincantes d’Amnesty International sur l’apartheid israélien obligent également les pays à respecter les conventions internationales sur le crime d’apartheid. Action directe?

– Iqbal Jassat est membre exécutif du Media Review Network, basé en Afrique du Sud. Il a contribué cet article à The Palestine Chronicle. Visiter: www.mediareviewnet.com

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