La justice française suspend l’expulsion d’un imam conservateur


PARIS (Reuters) – Un tribunal administratif de Paris a suspendu vendredi une ordonnance d’expulsion contre un imam marocain d’origine française que le gouvernement avait accusé de promouvoir la haine et de constituer une menace pour la société, a montré la décision du tribunal.

Le ministère de l’Intérieur a ordonné en juillet l’arrêté d’expulsion du prédicateur Hassan Iquioussen pour « incitation à la haine, à la discrimination et à la violence », notamment à l’encontre de la communauté juive.

Le gouvernement du président Emmanuel Macron a durci les lois pour lutter contre ce qu’il considère comme des signes plus larges de radicalisation – souvent non violente – au sein des communautés musulmanes. Il a cité le refus de certains hommes musulmans de serrer la main des femmes, les jeunes filles se faisant dire de porter le voile intégral et une prolifération d’écoles religieuses Madrassa.

Le tribunal a ordonné au ministre de l’Intérieur de réexaminer le dossier d’Iquioussen dans un délai de trois mois et de lui restituer son permis de séjour. Iquioussen, 58 ans, est né en France et sa famille immédiate y vit, bien qu’il n’ait pas la nationalité française.

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Dans sa décision, il a déclaré que l’expulsion vers le Maroc constituerait « une ingérence grave et manifestement disproportionnée dans son droit de mener une vie privée et familiale normale » tel qu’énoncé par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

L’avocate d’Iquioussen, Lucie Simon, s’est félicitée du résultat. Dans une déclaration à Reuters, elle a déclaré que ses remarques passées n’avaient pas été « une provocation explicite à la haine, aussi regrettable soit-elle ».

Les accusations d’attiser la haine ainsi que d’antisémitisme et de sexisme découlent de commentaires dans des discours publics entre 2003 et 2019.

Il a développé un large public pour ses prédications dans les mosquées ainsi qu’en ligne auprès de 174 000 abonnés YouTube et 44 000 abonnés Facebook à un moment où la France a subi des vagues d’attaques de militants islamistes et est devenue de plus en plus nerveuse face à la menace perçue du séparatisme islamiste.

La Cour européenne des droits de l’homme avait rejeté jeudi une demande de suspension de l’expulsion.

« Cet homme n’a pas sa place sur notre sol national », a déclaré Darmanin à la télévision CNews avant l’audition d’Iquioussen.

Dans un communiqué, Darmanin a déclaré qu’il ferait appel de la décision devant le Conseil d’Etat français, sa plus haute juridiction administrative.

(Reportage de Layli Foroudi et Juliette Jabkhiro; édité par Richard Lough et Angus MacSwan)

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