La gauche française conclut un accord sur une large alliance pour affronter Macron lors des élections législatives


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Les partis français du centre gauche sont parvenus mercredi à un accord d’alliance pour les élections législatives de juin, visant une performance suffisamment forte pour entraver les plans de réforme controversés du président Emmanuel Macron.

Après des pourparlers qui ont traîné dans la nuit après une date limite de mardi, le Parti socialiste (PS) s’est rangé aux côtés des Verts et du Parti communiste (PCF) derrière le mouvement d’extrême gauche La France insoumise (LFI), qui s’est imposé comme la force dominante sur le gauche lors de l’élection présidentielle d’avril.

« Nous voulons élire des députés dans une majorité de circonscriptions pour empêcher Emmanuel Macron de poursuivre sa politique injuste et brutale et de battre l’extrême droite », ont déclaré le PS et LFI dans un communiqué commun.

L’alliance doit encore être approuvée par le Conseil national des socialistes jeudi, des personnes proches de la direction du parti mettant en garde contre le fait de considérer le vote comme une fatalité.

« Personne à gauche ne peut gagner tout seul », a déclaré le chef du PCF Fabien Roussel à la radio France Inter, affirmant que la nouvelle alliance devait capter « l’immense espoir du public français, des travailleurs, des jeunes qui nous demandent de nous unir « .


Une solide performance pour le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, l’a vu manquer d’un cheveu le scrutin présidentiel d’avril, tandis que les autres candidats de gauche ont été pratiquement anéantis.

Après la victoire de Macron, Melenchon a immédiatement appelé les électeurs à « l’élire Premier ministre » et à donner à la gauche une majorité à l’Assemblée nationale pour bloquer les réformes du centriste, y compris un projet impopulaire de repousser l’âge de la retraite de 62 à 65 ans.

Une « cohabitation » forcée entre Macron et Mélenchon serait la première depuis deux décennies, mais les observateurs affirment qu’un tel scénario reste peu probable.

À l’instar de l’élection présidentielle, les élections législatives dans les 577 circonscriptions françaises fonctionnent selon un système à deux tours, ce qui signifie que les alliances immédiates offrent les meilleures chances de se qualifier pour le second tour.

Une gauche unie avant le scrutin parlementaire est « un événement sans précédent et important », a déclaré à l’AFP l’historien politique Gilles Candar, tout en ajoutant qu’il reste à voir si elle peut assurer le pouvoir ou rester cohérente.

« Disparition » socialiste ?

Des différences politiques majeures ont maintenu les négociations entre les partis de gauche tendues tout au long, la proposition de LFI de « désobéir » unilatéralement aux dispositions de certains traités de l’Union européenne étant un point de friction particulier.

Mais les nouveaux alliés se sont mis d’accord sur les principales propositions politiques de Mélenchon, notamment l’augmentation du salaire minimum, la réduction de l’âge de la retraite à 60 ans et l’annulation des réformes du marché du travail introduites sous l’ancien président socialiste François Hollande.

Hollande lui-même – au pouvoir il y a à peine cinq ans, avant la chute du parti légendaire – a déclaré mercredi qu’il « rejetterait l’accord, sur le fond et même sur les circonscriptions ».

Il a précédemment averti que le rapprochement de la gauche pourrait équivaloir à la « disparition » des socialistes.

Mais la législatrice LFI Manon Aubry a déclaré mercredi que c’étaient précisément leurs « démarches importantes concernant l’héritage de Hollande » qui avaient permis aux socialistes de s’aligner sur le reste de la gauche.

Derrière l’euphorie de surmonter les différences de la gauche française traditionnellement fragmentée, les partenaires juniors lorgnent sur le partage des circonscriptions entre les partis, chacun visant à se présenter sur le même ticket dans un maximum de sièges « gagnables ».

L’accord final devrait distribuer environ 100 circonscriptions aux Verts, 70 au Parti socialiste et 50 au Parti communiste.

Certains socialistes refusant de se retirer, l’ancien ministre sous Hollande Stéphane Le Foll s’est dit prêt à les mener dans une campagne distincte.

Au moins une candidate communiste, dans une banlieue de l’est de Lyon, a également déclaré qu’elle ne céderait pas la place à un remplaçant soutenu par l’alliance.

(AFP)

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