La France va retirer plus de 2 000 soldats de la région du Sahel en Afrique | Burkina Faso Actualités


La France commencera bientôt à remodeler sa présence militaire dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest et la réduira finalement de moitié, a déclaré le président Emmanuel Macron.

Macron a annoncé le mois dernier qu’il commencerait à retirer une grande partie des 5 100 membres de la force Barkhane au Sahel après huit ans passés à aider les forces locales à conjurer la menace des groupes armés liés à al-Qaïda et à l’EIIL (EIIL).

« Nous resterons engagés. Mais rester engagé, c’est aussi s’adapter », a déclaré Macron lors d’une conférence de presse vendredi après un sommet virtuel avec les dirigeants du Niger, du Mali, du Tchad, du Burkina Faso et de la Mauritanie qui composent la région du G5 Sahel.

Macron a annoncé que la France réduirait ses effectifs à 2 500 à 3 000 hommes sur le long terme.

Le dirigeant français a insisté sur le fait que son pays n’abandonnait pas ses partenaires africains et continuerait à les aider à combattre les groupes liés à al-Qaïda et à l’EIIL.

« La France n’a pas la vocation ou la volonté de rester éternellement au Sahel », a déclaré Macron. « Nous sommes là parce qu’on nous l’a demandé. »

Les troupes françaises sont présentes au Mali depuis 2013, lorsqu’elles sont intervenues pour forcer les rebelles armés à quitter le pouvoir dans les villes du nord du pays.

L’opération Serval a ensuite été remplacée par Barkhane et a été élargie pour inclure d’autres pays dans le but d’aider à stabiliser la région du Sahel dans son ensemble.

Le président Bazoum prononce un discours lors d’une conférence de presse conjointe avec Macron [Stephane De Sakutin/Pool/ AFP]

Les groupes armés ont cependant continué à lancer des attaques dévastatrices contre les militaires qui les combattent ainsi que de plus en plus contre les civils.

Près de 7 000 personnes sont mortes en raison de l’aggravation des combats l’année dernière, selon les données de l’Armed Conflict and Location Event Data Project.

Fin janvier, les Nations Unies ont averti que la « violence implacable » avait déplacé plus de deux millions de personnes à l’intérieur du pays, contre 490 000 début 2019.

Reconfiguration de la présence française

La France se concentrera au cours des six prochains mois sur le démantèlement de l’opération Barkhane et la réorganisation des troupes, a déclaré Macron.

L’armée française fermera les bases de Barkhane à Tombouctou, Tessalit et Kidal dans le nord du Mali au cours des six prochains mois, et commencera à reconfigurer sa présence dans les semaines à venir pour se concentrer particulièrement sur la zone frontalière agitée où se rencontrent le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Le président nigérien Mohamed Bazoum, s’exprimant aux côtés de Macron, a salué le soutien et la formation militaires français, mais en termes africains.

« L’essentiel est que la France maintienne le principe de son soutien, de sa coopération et de son soutien aux forces armées de nos différents pays. Nous avons besoin que la France nous donne ce que nous n’avons pas. Nous n’avons pas besoin que la France nous donne ce que nous avons déjà », a-t-il déclaré, sans plus de précisions.

Il a reconnu les défaillances des forces armées locales mais a également salué leur courage dans la lutte contre les groupes armés.

Les troupes françaises sont présentes au Mali depuis 2013, lorsqu’elles sont intervenues pour forcer les rebelles armés à quitter le pouvoir dans les villes du nord du pays [File: Michele Cattani/AFP]

La présence militaire de la France à l’avenir se concentrera sur la neutralisation des opérations des groupes armés et le renforcement et la formation des armées locales, a déclaré Macron.

« Il y aura aussi une dimension de réassurance… pour rester en permanence prêt à intervenir rapidement en appui des forces partenaires », notamment via l’aviation militaire du Niger et du Tchad.

Cette nouvelle structure « nous semble mieux répondre à l’évolution de la menace », a-t-il déclaré. Une fois la réorganisation terminée, a-t-il déclaré, « l’opération Barkhane sera fermée ».

Instabilité politique au Sahel

Certains experts affirment que la décision de la France pourrait être liée à l’instabilité politique croissante au Mali.

L’annonce de Macron en juin est intervenue quelques jours après que le chef du coup d’État au Mali, le colonel Assimi Goita, a prêté serment en tant que président d’un gouvernement de transition, renforçant ainsi son emprise sur le pouvoir dans ce pays d’Afrique de l’Ouest après avoir effectué son deuxième coup d’État en neuf mois.

Fin juin, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité une résolution prolongeant la mission de maintien de la paix de l’ONU dans le Mali ravagé par la crise et a déclaré qu’il était « impératif » que le gouvernement militaire organise des élections présidentielles et législatives dans les délais prévus en février prochain.

Le conseil a maintenu les plafonds de la force de l’ONU à 13 289 soldats et 1 920 policiers internationaux, mais il a demandé au secrétaire général Antonio Guterres de faire une recommandation sur le niveau de force compte tenu des niveaux croissants d’insécurité et de violence physique contre les populations civiles du centre du Mali.

Nicolas Haque d’Al Jazeera, dans un reportage de Dakar, au Sénégal, a déclaré que la candidature à la réélection de Macron en 2022 était probablement une autre raison de l’annonce et a noté que la France avait une longue histoire de maintien de forces en Afrique et qu’elle continuerait d’avoir une forte présence.

« Les forces françaises sont sur le terrain en Afrique depuis plus de 100 ans. Il continue d’avoir, malgré l’annonce faite, des bases dans les anciennes colonies françaises où il dispose toujours d’une forte présence militaire et sécuritaire », a-t-il déclaré.



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