La France assouplit l’interdiction des pesticides menaçant les abeilles pour aider le secteur du sucre


PARIS (Reuters) – Les législateurs français ont approuvé mardi un projet de loi autorisant les producteurs de betteraves sucrières à utiliser des pesticides interdits pour protéger les abeilles, une décision saluée par les agriculteurs touchés par les maladies des cultures mais condamnée par les groupes écologistes comme plus en recul par le gouvernement.

La proposition, qui contredit une promesse du président Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle de ne pas modifier l’interdiction des pesticides dits néonicotinoïdes, vise à aider une industrie sucrière fragilisée par une chute des prix qui a entraîné des fermetures d’usines.

Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a déclaré à l’Assemblée nationale lors de débats houleux sur le projet de loi qu’il visait à protéger l’autosuffisance sucrière de la France et qu’il n’était pas anti-environnemental.

Les militants écologistes affirment que les néonicotinoïdes contribuent au déclin des abeilles en perturbant leur sens de l’orientation et leur mode de reproduction.

Pour éviter de voir les agriculteurs, qui ont connu une baisse moyenne de production de 15 % cette année, se détourner de la culture, le gouvernement a proposé qu’ils soient autorisés à utiliser des néonicotinoïdes sur les semences de betterave sucrière jusqu’au 1er juillet 2023, assouplissant une interdiction en place depuis 2018.

Scientifiques et producteurs, quant à eux, se sont engagés à dynamiser la recherche sur les alternatives.

Les groupes environnementaux ont dénoncé la dérogation, la qualifiant de revirement qui menace l’écosystème et la santé publique, principalement parce que des résidus de produits chimiques resteraient dans le sol et l’eau.

« L’histoire retiendra que, malgré les preuves scientifiques et la pression de l’opinion publique, ce gouvernement continue d’encourager l’empoisonnement des sols, des animaux et de notre alimentation », a déclaré Clément Sénéchal, militant de Greenpeace France, dans un communiqué.

En France, premier producteur de sucre de l’Union européenne, 420 000 hectares ont été plantés de betteraves sucrières cette année, en baisse de 5 % par rapport à l’année dernière, selon les données du ministère de l’Agriculture.

Les rendements moyens sont vus en baisse de 11 %, mais les producteurs ont déclaré qu’ils avaient chuté de 30 à 50 % dans les champs touchés par la jaunisse.

Le projet de loi passe au Sénat avant un second vote à la chambre basse.

Reportage de Sybille de La Hamaide ; édité par Barbara Lewis

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