La doctrine Gérin-Lajoie ou la naissance du Québec à l’international


La doctrine Gérin-Lajoie ou la naissance du Québec à l’international

Publié le 8 décembre 2020

Paul Gérin-Lajoie.

Paul Gérin-Lajoie (1920-2018)PHOTO: Bibliothèque et archives nationales du Québec / Photo Gaby

La délégation générale du Québec à Paris, Expo 67, l’Office franco-québécois de la jeunesse … tout cela a été rendu possible par une brèche dans la Constitution canadienne. En pleine Révolution tranquille, un ministre québécois s’est rendu compte que les provinces peuvent légalement négocier avec les autres pays dans certains domaines. Stéphane Roussel, de l’École nationale d’administration publique (ENAP), parle à Jacques Beauchamp des tensions que cette doctrine à prévoir avec Ottawa.

Le 12 avril 1965, Paul Gérin-Lajoie, ministre de l’Éducation sous Jean Lesage, fait valoir dans un discours que le Québec devrait pouvoir négocier lui-même les ententes internationales dans les domaines de sa juridiction, et que le Québec devrait pouvoir siéger dans des organisations internationales.

Touche pas à mes pouvoirs

Le ministre s’appuie sur la Constitution de 1867, qui prévoit que le gouvernement fédéral s’occupe des relations internationales, mais donne les pouvoirs aux provinces dans 16 champs de compétence, comme la santé et l’éducation. Dans de tels domaines, affirme M. Gérin-Lajoie, le Québec doit pouvoir se présenter à l’international.

À la suite de cette déclaration fracassante, Jean Lesage est assiégé par les journalistes. Bien qu’il n’ait pas été mis au courant des propos de son ministre, il dit les endosser.

René Lévesque, Jean Lesage et Paul Gérin-Lajoie, en 1962

René Lévesque, Jean Lesage et Paul Gérin-Lajoie, en 1962

Archives La Presse / Réal Saint-Jean

« Tout le long du long règne de Duplessis, il n’y a à peu près pas d’activité internationale qui se passe. Le Québec est complètement absent de la scène internationale. »


Stéphane Roussel
Paul Gérin-Lajoie reçoit le prix Georges-Émile-Lapalme 2013.

Paul Gérin-Lajoie reçoit le prix Georges-Émile-Lapalme 2013.

La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Rapidement, la délégation générale du Québec à Paris voit le jour, suivie d’antennes similaires à Londres, à Milan, etc.

En 1968, la participation du Québec à la conférence annuelle des ministres de l’Éducation des pays francophones à Libreville, au Gabon, déclenche la colère d’Ottawa. Désormais, la participation du Québec aux conférences internationales est balisée par des ententes entre les deux ordres de gouvernement.

Au cours de cette émission, Stéphane Roussel raconte également comment les souverainistes se sont servis des outils mis au point par la doctrine Gérin-Lajoie à la veille des référendums de 1980 et de 1995.

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