Kevin Ellis: Vermont offre désormais un sanctuaire d’un monde fou


Ce commentaire est de Kevin Ellis, consultant en communication basé à Montpellier. Il est membre du conseil d’administration du Vermont Journalism Trust, l’organisation mère de VTDigger.

Dans les années 1960, les responsables du développement économique du Vermont ont lancé une campagne de marketing intitulée « The Beckoning Country ».

Présentée dans les gares routières de New York et de Boston, la campagne a fait la promotion de la qualité de vie du Vermont auprès des citadins en quête d’évasion.

Le Vermont était alors un paysage étranger et enchanteur. Il semblait neiger tous les jours. Un billet de remontée mécanique coûtait 8 $. C’était, et c’est toujours, un endroit rempli d’air frais et d’eau, de randonnées, de vélos et de paysages pastoraux qui ont inspiré un désir d’authentique, de réel.

L’autre réalité était que le Vermont pouvait être un endroit stérile qui avait du mal à remplir ses propres écoles et à développer une économie pour ses habitants. C’est la réalité que la campagne « Beckoning Country » a été conçue pour combattre.

La campagne a amené des centaines de milliers de personnes dans un endroit qui avait ignoré – pour la plupart – la révolution industrielle. Avec cet afflux de personnes, le Vermont a commencé à se développer. Au milieu des années 1960, l’industrie du ski s’est installée. Les vétérans et les entrepreneurs de la Seconde Guerre mondiale ont commencé à transformer les Montagnes Vertes en stations balnéaires. Des milliers de personnes – y compris ma famille – ont fait le voyage de ski depuis le New Jersey, New York et le Connecticut vendredi soir pour rentrer chez elles dimanche soir à temps pour le prochain jour d’école.

Mais beaucoup d’étrangers ne sont pas revenus. Ils sont restés sur place, délaissant la ville pour refaire leur vie à la campagne. Ces réfugiés de la ville ont construit le Vermont moderne avec sa politique libérale, son éthique environnementale et son fort attachement à tout ce qui est petit.

La campagne avait fonctionné.

Et maintenant, le Beckoning Country fait à nouveau signe, d’une manière beaucoup plus sombre et moins heureuse. Maintenant, le Vermont s’impose comme un refuge.

Soudain, l’Amérique ressemble à un État défaillant. Notre Congrès est bloqué et dominé par l’argent des entreprises. Notre pouvoir exécutif est dégourdi et impuissant à empêcher les plateformes de médias sociaux d’influencer nos élections. La presse en grande partie corporative, autrefois sollicitée pour obtenir des conseils et des informations, s’est maintenant divisée en petites factions, chaque média servant ses propres lecteurs et téléspectateurs, quel que soit l’impact sur le public.

Habitués à un gouvernement honnête en qui nous pouvons avoir confiance, les habitants du Vermont ont vu des traîtres émeutiers armés prendre d’assaut le Capitole américain et menacer d’assassiner le vice-président s’il ne sabotait pas l’élection présidentielle. Nous avons vu un parti politique déraper complètement, dirigé par un escroc mensonger qui a placé sa propre fortune avant la confiance du public.

Et maintenant, nous regardons la Cour suprême des États-Unis, autrefois un bastion du respect, reconstruit à l’image du Parti républicain, rendre des décisions en totale contradiction avec la volonté majoritaire du peuple.

Et pourtant le Vermont résiste à cet état de fait. C’est maintenant un sanctuaire d’un monde fou. Un sanctuaire qui prend plusieurs formes. Nous accueillons les réfugiés climatiques fatigués des incendies de forêt, du manque d’eau et des chocs climatiques. Nous accueillons les réfugiés de Covid à la recherche de politiques scolaires de bon sens au lieu de se battre pour des masques, sans parler des arguments stupides sur le programme.

Nous accueillons des réfugiés logeant qui n’ont plus les moyens d’acheter ou de posséder une maison en banlieue. Nous accueillons des réfugiés de guerre, en quête de liberté et d’un nouveau départ. Nous accueillons des réfugiés à la recherche d’un mode de vie sain avec de l’air et de l’eau purs, une école de qualité, un sens du lieu et de l’échelle, où ils connaissent personnellement leurs élus et peuvent partir en randonnée à moins de cinq minutes de chez eux.

Et peut-être le plus pressant de tous, nous accueillerons ceux qui fuient la décision de la Cour suprême dans Roe c. Wade.

Bienvenue dans le nouveau pays de Beckoning.

Une amie agent immobilier m’a dit qu’après la décision d’avortement, elle avait reçu six demandes de renseignements téléphoniques en une journée concernant des maisons à vendre dans le Vermont.

Les récentes décisions du tribunal autorisant la possession d’armes à feu pratiquement sans restriction, empêchant l’EPA de réglementer les émissions des cheminées et traitant les femmes comme des esclaves en fuite dans les années 1800 conduiront les gens dans des endroits comme le Vermont.

Alors que la décision Roe a déclenché des lois anti-avortement dans de nombreux États et continue de compter, le Vermont va dans l’autre sens. Nous sommes en train de modifier notre Constitution pour garantir les droits reproductifs. Et les femmes de tout le pays recevront un message indiquant qu’elles peuvent venir au Vermont pour des soins d’avortement.

Ces réfugiés peuvent se sentir en sécurité parce qu’ils savent que nos dirigeants politiques, y compris un gouverneur républicain, les soutiendront.

En effet, le bureau du procureur général du Vermont est soudainement très important. Les deux candidats démocrates ont fait des annonces promettant de protéger les prestataires de soins de santé du Vermont et ceux qui viennent au Vermont pour se faire soigner.

Pendant des années, un Vermont vieillissant a lutté pour endiguer la vague de citoyens quittant l’État pour de meilleurs emplois et opportunités. Nous avons même adopté une loi pour attirer les nouveaux arrivants avec de l’argent s’ils venaient ici pour démarrer une entreprise. Mais nous venons peut-être de découvrir que notre puissant mélange de bon gouvernement, de politique libérale, de petites entreprises et de beaux paysages de fermes et de tolérance est le bon mélange pour une autre ère du Pays Invitant.

La dystopie américaine n’est peut-être que l’élixir du Vermont. Nous devrions être aussi chanceux.

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