Guerre en Ukraine : l’escrime pourrait réintégrer les Russes dans ses compétitions dès ce vendredi


La Fédération internationale d’escrime (FIE) a convoqué ce 10 mars ses 155 fédérations membres pour un Congrès extraordinaire en ligne, attribuée aux « décisions concernant les athlètes et officiels de Russie et du Biélorussie », ainsi qu’à mettre à jour le « système de qualification olympique ».

La réunion de ces deux points ne doit rien au hasard : pour figurer parmi les 212 sabreurs, fleurettistes et épéistes engagés aux Jeux de Paris 2024, la campagne redémarre le 1er avril prochain. Avec huit étapes de Coupe du monde, un Championnat d’Europe et un Championnat du monde leur permettant de cumuler des points jusqu’au 31 mars 2024, avant des épreuves complémentaires par zone géographique.

Ce système complexe, qui aboutit à un classement individuel et par équipes, rend particulièrement important la performance collective : pour chaque arme et genre, les quatre meilleures nations, ainsi que quatre autres qualifiées par continent, peuvent ainsi s’aligner aux Jeux olympiques.

« Que le CIO se positionne »

« Dans chaque équipe, il y a trois tireurs et un remplaçant, et les trois tireurs participent à la compétition en individuel », précise Bruno Gares, président de la Fédération française d’escrime (FFE) et membre du comité exécutif de la FIE. Des quotas permettent ensuite de qualifier deux tireurs supplémentaires par continent, genre et arme. L’imminence des qualifications empêche donc la FIE de se caler sur le rythme du CIO, qui a certes esquissé en janvier une feuille de route permettant la réintégration des Russes et Biélorusses aux compétitions internationales en tant que sportifs « neutres », mais sans établir de calendrier.

Face au tollé ressenti en Europe par un possible retour des Russes dans le sport mondial, l’instance olympique multiplie pour l’heure les consultations à huis clos, et laisse de surcroît aux fédérations le soin de décider quels sportifs sont habilités pour leurs compétitions. « Pourquoi demander aux fédérations internationales de répondre à une question que le CIO devrait assumer ? (…) Je souhaite que le CIO se positionne, et le plus vite possible », exhorte Bruno Gares, las de voir la maison-mère de l’olympisme tergiverser. Laissée dans le flou, alors que le CIO avait émis fin février 2022 une claire « recommandation » d’exclusion des Russes et Biélorusses dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine, la FIE envisage donc un retour à petits pas des bannis.

Une fédération internationale dirigée pendant 14 ans par un oligarque

Les questions soumises vendredi aux délégués des fédérations ont été calibrées avec soin : il s’agira de permettre aux tireurs des deux pays de participer aux compétitions individuelles et collectives à partir de la mi-avril, sous bannière neutre et « sous réserve d’éventuelles » recommandations/décisions futures du DSI ».

En clair, décrypte Bruno Gares, « si la FIE approuvée, ils pourront reprendre les titres sur les territoires où on leur autorise le visa, mais c’est le CIO qui devra trancher pour savoir s’ils feront ou pas les Jeux ».

Le vote de vendredi permettra de recenser les positions sur le sort des athlètes russes et biélorusses, qui divisent aussi bien le monde politique que la planète sportive : l’hostilité à leur retour vient principalement d’Europe, mais le Conseil olympique d’Asie a déjà proposé de les réintégrer, et les comités olympiques africains ont voté samedi dernier pour leur participation à Paris-2024.

L’escrime ajoute à ce rapport de force géopolitique un facteur supplémentaire : celui de l’influence russe au sein des instances, puisque la FIE a été dirigée pendant 14 ans par l’oligarque Alicher Ousmanov, qui a laissé il ya un an l’ intérim au Grec Emmanuel Katsiadakis.

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