Factbox-Qui sont les affiliés de l’État islamique en Afrique centrale ? | Nouvelles du monde


KINSHASA (Reuters) – L’Ouganda et la République démocratique du Congo ont déclaré mardi que leurs armées avaient lancé des frappes aériennes et d’artillerie dans le cadre d’une opération conjointe dans l’est du Congo contre une milice liée à l’État islamique, connue localement sous le nom de Forces démocratiques alliées (ADF).

Les ADF, qui ont commencé comme un soulèvement en Ouganda mais sont basées au Congo depuis la fin des années 1990, ont prêté allégeance à l’État islamique à la mi-2019.

L’EI a à son tour revendiqué la responsabilité d’une partie de la violence des ADF, y compris une récente vague d’attentats à la bombe en Ouganda, mais les chercheurs des Nations Unies n’ont trouvé aucune preuve du commandement et du contrôle de l’EI sur les opérations des ADF.

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L’ADF a commencé en tant qu’opposition au gouvernement ougandais au début des années 1990 sous la direction de son dirigeant de l’époque, Jamil Mukulu.

Mis en déroute par l’armée ougandaise, il s’est enfui au Congo et s’est intégré aux réseaux économiques et politiques locaux, s’aventurant dans la contrebande de bois, d’or et de produits agricoles.

Après plusieurs années calmes, il a perpétré une série de massacres dans le territoire congolais de Beni en 2013. L’armée congolaise a lancé une opération contre lui l’année suivante.

Mukulu a fui en Tanzanie. Il a été arrêté en 2015 et extradé vers l’Ouganda. Seka Musa Baluku, qui était auparavant le plus haut responsable juridique islamique du groupe, a pris le contrôle.

Sous Baluku, l’ADF est passé de la tentative d’installer un gouvernement islamique en Ouganda à la promotion en tant que mouvement djihadiste international.

En avril 2019, l’État islamique a revendiqué sa première attaque au Congo, et trois mois plus tard, Baluku est apparu dans une vidéo de propagande de l’EI lui prêtant allégeance.

L’ADF – aux côtés de combattants au Mozambique – a été qualifiée de « province d’Afrique centrale » (ISCAP) de l’EI, bien que les deux groupes soient distincts sur le plan opérationnel.

En octobre 2019, l’armée congolaise a lancé une deuxième opération contre les ADF, déclenchant des attaques de représailles contre des civils. Les ADF ont tué plus de 800 personnes l’année dernière, selon les Nations Unies.

En juin, l’EI a revendiqué le double attentat à la bombe à Beni contre une église catholique et un carrefour très fréquenté. Personne n’a été tué, à l’exception d’un suspect qui, selon les experts, aurait été le premier kamikaze du Congo.

Les experts de l’ONU affirment que des combattants de l’extérieur du Congo ont aidé les ADF à faire des progrès modestes dans le développement d’engins explosifs improvisés au cours de l’année dernière, mais n’ont pas trouvé de preuves concluantes que l’EI contrôle les opérations des ADF.

L’État islamique a déclaré que ses combattants locaux étaient à l’origine d’un attentat-suicide à la bombe le 16 novembre à Kampala, qui a fait sept morts, dont les trois assaillants, et en a blessé des dizaines d’autres.

Les autorités ougandaises ont déclaré qu’elles disposaient de preuves irréfutables de la responsabilité des ADF et qu’elles pouvaient entrer au Congo en légitime défense, sous prétexte de poursuite.

Des colonnes de soldats ougandais ont été aperçues en train de traverser la frontière avec le Congo mardi après-midi après des frappes aériennes conjointes et des bombardements de bases ADF.

Cependant, la longue histoire d’intervention de l’Ouganda au Congo a suscité l’inquiétude de certains Congolais, dont le lauréat du prix Nobel Denis Mukwege, qui l’a qualifiée d’inacceptable.

Kinshasa réclame toujours plus de 13 milliards de dollars de réparations à Kampala pour l’implication de l’Ouganda dans le conflit de 1998-2003.

(Reportage par Hereward Holland ; Édité par Catherine Evans)

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