Exclusif : « Nous ne comprenons pas les critiques du président azerbaïdjanais Aliyev » – Président de l’Assemblée nationale française


EREVAN, 16 JANVIER, ARMENPRESS. La France entend agir au profit du processus d’instauration de la paix dans le Caucase du Sud, fédérer la communauté internationale au profit d’une résolution pacifique qui doit inclure le respect de l’intégrité territoriale de l’Arménie, ainsi que garantir les droits et la sécurité de la population de Haut-Karabakh, la présidente de l’Assemblée nationale de France Yaël Braun-Pivet a déclaré à ARMENPRESS dans une interview réalisée lors de sa visite en Arménie.

Yaël Braun-Pivet a déclaré que la France attachait de l’importance à la mise en œuvre des actions qui conduiraient à l’établissement de la paix, à savoir l’ouverture du corridor de Lachin et la libération des prisonniers de guerre arméniens détenus en Azerbaïdjan.

ARMENPRESS : Madame Yaël Braun-Pivet, vous avez déclaré sur Twitter vous rendre en Arménie pour réaffirmer le soutien de l’Assemblée nationale française. Comme vous le savez, ce sont des temps difficiles pour le peuple arménien, l’Azerbaïdjan maintient le couloir de Lachin – la seule route reliant l’Artsakh à l’Arménie et au reste du monde – bloqué, ce qui a entraîné des problèmes humanitaires. Quel rôle la France peut-elle avoir pour faire ouvrir le couloir à l’Azerbaïdjan, comment la communauté internationale doit-elle réagir ? Et que diriez-vous des critiques du président azerbaïdjanais Aliyev adressées à la France ?

Yaël Braun-Pivet : Je suis venu ici avec une délégation parlementaire pour réitérer notre solidarité et notre fraternité avec l’Arménie et le peuple arménien après la résolution que nous avons adoptée en novembre de l’année dernière. La France a fermement condamné la fermeture du corridor de Lachin, ainsi que les atteintes à l’intégrité territoriale de l’Arménie. Le président français Emmanuel Macron a lancé à deux reprises des débats sur cette situation en Arménie dans le cadre de la session du Conseil de sécurité de l’ONU. En octobre de l’année dernière, la réunion quadrilatérale a eu lieu à Prague à son initiative qui a abouti à un certain accord. C’est-à-dire que les efforts de la France ne se limitent pas à la solidarité que nous affichons et affichons, mais aussi à des actions très concrètes au plus haut niveau international, dont l’objectif est de rétablir la paix dans cette région. L’un des résultats de cette réunion du 6 octobre à Prague a été le déploiement d’une équipe de surveillance de l’UE le long de la frontière arménienne qui a permis de réduire les tensions. Je pense que les efforts en ce sens doivent être poursuivis avec l’UE. A cet égard, nous ne comprenons pas les critiques du président azerbaïdjanais Aliyev car la France a toujours voulu agir au profit du processus d’instauration de la paix, au profit de la stabilisation de la situation dans le Caucase du Sud et que le Caucase du Sud devienne une région stable. Et nous croyons que l’Azerbaïdjan partage également cet objectif d’établir la paix, donc des actions qui conduiraient à l’établissement de la paix doivent être prises, en particulier pour ouvrir le couloir de Lachin et libérer les prisonniers de guerre qui sont toujours détenus en Azerbaïdjan. Nous sommes toujours prêts à discuter avec toutes les parties parce que nous croyons que la paix peut assurer une stabilité continue dans la région.

ARMENPRESS : A la fin de l’année dernière, l’Assemblée nationale française a adopté une résolution soutenant l’Arménie et appelant à des sanctions contre l’Azerbaïdjan. Cependant, par la suite, le ministère français des Affaires étrangères a déclaré que le texte de la résolution adoptée ne constituait pas la position officielle du gouvernement français. Dans ce cas, quel effet a la résolution ? Et quelles mesures pratiques peut-on attendre du gouvernement français pour que l’Azerbaïdjan, par exemple, se retire du territoire souverain de l’Arménie et libère tous les prisonniers de guerre arméniens, entre autres questions.

Yaël Braun-Pivet : En effet, le poste de l’Assemblée nationale est un poste indépendant. Il représente la position des députés. Et même s’il est adopté à l’unanimité, il reste non contraignant pour le gouvernement. Alors que le gouvernement peut avoir ses propres opinions et ne pas partager entièrement tout ce qui est dit dans la résolution. Naturellement, nous et le gouvernement avons les mêmes objectifs, même si les méthodes sont différentes. Tout d’abord, nous poursuivons le dialogue avec le gouvernement afin de parvenir à un accord commun, mais notre objectif est unique, c’est-à-dire parvenir à l’établissement de la paix dans la région avec les mesures dont nous disposons et en tenant compte de nos lieu et rôle. Mais comme vous le savez, la France agit dans des plateformes très différentes, comme les relations bilatérales, ou les relations multilatérales dans la plateforme européenne. Et le but est d’unir la communauté internationale au profit de la résolution pacifique de cette question. Et cette résolution doit naturellement inclure le respect et la préservation de l’intégrité territoriale de l’Arménie, ainsi que la protection des droits et de la sécurité de la population du Haut-Karabakh.

ARMENPRESS : Parlons aussi des relations Arménie-France. Selon vous, quels sont les domaines de coopération les plus fructueux entre les deux pays et dans quels secteurs existe-t-il un potentiel pour renforcer le partenariat ?

Yaël Braun-Pivet : Il y a une multitude de coopérations et c’est pourquoi il est difficile de les hiérarchiser. D’un côté nous avons la coopération économique qui s’est fortement intensifiée notamment lors des Ambitions de mars 2022 : grand forum économique Arménie-France à Paris. Au fait, l’Agence française de développement ouvrira prochainement un bureau en Arménie. Il y a aussi une coopération très sérieuse dans le domaine de l’éducation, notamment le développement de la francophonie qui est encouragé dans ce domaine, nos liens avec l’Université française d’Arménie, ainsi que l’ouverture prochaine de l’Institut français d’Arménie. Il y a une coopération dans le domaine de la santé. Demain [14.01.2023] nous rencontrerons un certain nombre d’ONG qui sont également actives dans le secteur humanitaire, apportant une aide aux personnes déplacées du Haut-Karabakh, les personnes touchées. Et il est important pour nous d’avoir une compréhension approfondie de cette situation. Et enfin, nous avons signé un accord de coopération interparlementaire avec l’Assemblée nationale arménienne avec le président de l’Assemblée nationale Alen Simonyan. Je pense qu’il est important que la diplomatie parlementaire puisse également être pleinement utilisée et donner des résultats.

ARMENPRESS : Madame Yaël Braun-Pivet, avez-vous quelque chose à ajouter ?

Yaël Braun-Pivet : J’étais très heureux de visiter et de connaître votre pays. Je regrette de ne pas pouvoir rester plus longtemps. J’espère que j’aurai de nombreuses autres occasions de visiter l’Arménie et que lors de ma prochaine visite, la paix sera établie pour tout le monde.

Interview d’Anna Grigorian

Photos de Gevorg Perkuperkyan



Laisser un commentaire