ENQUÊTE. Comment la perception de la faute diffère selon le sport?


Souvent dans le sport, on remarque de vifs échanges entre le corps arbitral et les acteurs d’une équipe suite à un fait de jeu. Les arbitres tranchent les actions en décidant de siffler ou non. Tous les acteurs n’interprètent pas la faute de la même manière, en fonction de ce qu’ils voient.

En tout cas, les arbitres prennent des décisions en suivant les directives ordonnées par la fédération du sport en question pour juger les actions d’une rencontre sportive. L’IFAB pour le football, la FIBA ​​pour le basket, le WR pour le rugby et l’IHF pour le handball. Notre enquête tend à montrer qu’en fonction des sports collectifs de contact, la perception de la faute était différente. Elle est parfois plus acceptée qu’ailleurs et moins perçue comme un acte de méchanceté.

Cette semaine, Prolongation vous propose une série en quatre volets sur la perception de la faute dans le milieu du sport.

1. ENQUÊTE. Comment la perception de la faute diffère selon le sport?

2. ENQUÊTE. Pourquoi autant de contestations dans le sport?

3. ENQUÊTE. Comment la complexité des règles des sports influe sur le jeu? (mardi 23 février, 7 h 02)

4. ENTRETIEN. Les anecdotes de l’ex-arbitre de Ligue 1 Saïd Ennjimi (mardi 23 février, 7 h 03)

«C’est souvent la faute qui fait la différence»

Lorsqu’une faute est sifflée, l’équipe sanctionnée s’expose. Pénalité, pénalité, coup franc, jet franc, lancer franc… Autant de sanctions utilisé par les arbitres pour pénaliser l’équipe fautive ou «récompenser» l’équipe qui avance dans le terrain. En fonction des sports, les interprétations diffèrent. «Moi je dis récompenser, car c’est plus une équipe qui gagne la pénalité plutôt qu’une équipe qui fait faute», note Romain, un arbitre officiant en division fédérale de rugby dans la région toulousaine, et cofondateur du compte Twitter «Esprit de la règle».

Parfois, les fautes sont aussi commises délibérément, et notamment en football. «Il y a des fautes intelligentes. Sur une contre-attaque adverse, tu mets un petit croc-en-jambe à l’adversaire pour que l’arbitre siffle et l’arrêt de jeu permet à ton équipe de te replacer », explique Ludovic Baal, le défenseur expérimenté du Stade Brestois. Quand vous avez deux équipes de football qui se neutralisent parfaitement, c’est souvent la faute qui fait la différence , Estime Saïd Ennjimi, ex-arbitre professionnel de football qui a officié pendant 250 matchs de Ligue 1 et 50 matchs européens.

Saïd Ennjimi a arbitré près de 250 matchs de Ligue 1 et sa perception du métier a évolué au cours de sa carrière. | OUEST FRANCE

Parfois, elles sont les mêmes devenues des moments iconiques du sport. La main de Suarez en quarts de finale de la Coupe du Monde 2010 face au Ghana a permis aux siens de disputer la demi-finale. Sur une frappe, il empêchait le ballon de franchir la ligne de mais et obligeait les Ghanéens à tirer un penalty, que ces derniers avaient manqué. L’attaquant uruguayen s’était fait fustiger, d’autres louaient son génie. Les perceptions étaient différentes.

Moi ce qui me dérange, c’est les fautes qui sont faites quand un défenseur est en retard et qu’il essaie de gratter en pensant que l’arbitre ne le verra pas , Regrette Sébastien Leriche, entraîneur du club de handball de Cesson Rennes, actuellement en Starligue (division la 1ère). La lutte contre les fautes d’antijeu existe bel et bien, et tous les sports n’y sont pas forcément armés de façon suffisamment dissuasive.

«Une équipe qui défend bien fait beaucoup de fautes»

Au panier, la faute tactique (ou intelligente au football) sur contre-attaque était peu sanctionnée auparavant. Maintenant, les instances ont décidé d’accorder deux lancer-francs plus la possession à l’équipe qui l’a subie , Explique Pascal Thibaud, entraîneur de l’Union Rennes Basket, équipe de NM1 (3e division française).

Dans un match de rugby, l’éventail énorme de règle dont les arbitres disposent, permet «D’adapter les sanctions pour une faute ne soit rentable pour le joueur. Par exemple, s i l’un d’entre eux éprouve un essai d’être marqué en faisant faute, c’est très simple. On accorde un essai de pénalité et on exclut le fautif temporairement , Détaille Romain, cofondateur du compte Twitter «Esprit de la règle».

Par ailleurs, au handball, beaucoup d’entraîneurs vont dire qu’une défense qui défend bien est une défense qui fait beaucoup de fautes , Lance Sébastien Leriche. En effet, le handball est le seul sport des quatre où cet aspect de la faute existe. Mentalement, c’est dur quand tu impactes la défense. Ça use l’adversaire et ça laisse forcément des traces physiques , Poursuit Leriche. Faire des fautes dans un match de handball est une stratégie à part entière et ne générera pas plus d’animosité, toutes proportions gardées. «On va accorder un jet franc après une faute, mais le défenseur a très bien défendu. C’est du face-à-face, c’est propre, il a neutralisé l’attaquant. Au hand, ça fait partie du jeu », note Stevann Pichon, arbitre en Starligue et Ligue des champions notamment.

Les fautes font partie du sport, mais en fonction des cultures de chacun, elles sont perçues différemment. Ces nuances donnent des identités propres à chaque discipline, qui conditionnent ensuite leur image auprès du grand public.

Cette semaine, Prolongation vous propose une série en quatre volets sur la perception de la faute dans le milieu du sport.

1. ENQUÊTE. Comment la perception de la faute diffère selon le sport?

2. ENQUÊTE. Pourquoi autant de contestations dans le sport?

3. ENQUÊTE. Comment la complexité des règles des sports influe sur le jeu? (mardi 23 février, 7 h 02)

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L'attaquant uruguayen Luis Suarez avait empêché le Ghana de marquer en repoussant le ballon de la main sur sa ligne, en quart de finale du Mondial 2010.

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