Dans le chaud et froid de l’actualité climatique


Dans les reportages sur le réchauffement climatique, deux options : la chronique de la catastrophe annoncée, avec le catalogue de toutes les horreurs qui vont arriver, ou un journalisme de solution qui va à rebours des comportements fatalistes qui disent que tout est foutu.

Trouver des initiatives individuelles ou collectives qui ont pour ambition de retarder le point de non-retour, c’est ce qu’a choisi la journaliste Célia Quilleret, avec un reportage sur la biodiversité dans la réserve naturelle de Cerbere Banyulsune zone protégée, en Occitanie. Première réserve marine française, elle a été créée en 1974, et couvre 650 hectares de mer entre Banyuls-sur-Mer et Cerbère, dans les Pyrénées-Orientales.

A lire la liste rouge des écosystèmes côtiers méditerranéens menacés – liste publiée par l’office français de la biodiversité et le muséum d’histoire naturelle on est en droit d’avoir des sueurs froides. Faune perturbée et milieux déstructurés par l’implantation d’espèces exotiques qui remontent du sud, localement envahissantes, perturbant pour l’écosystème ; l’élévation du niveau marin qui entraîne une modification de l’interface terre-mer, au total 7 écosystèmes menacés sur les 9 évalués du fait de l’urbanisation, du recul du trait de côte et de la fréquentation touristique.

Il faut en répondre mettre en place des actions de protection et de restauration de ces milieux, dans des régions particulièrement caractérisées par une forte densité de population et un haut niveau d’artificialisation du littoral. Il faudrait !

Un chercheur plonge pour étudier la biodiversité sous marine de la réserve naturelle de Cerbère-Banyuls.   (CÉLIA QUILLERET / RADIO FRANCE)

Tout comme 30 % des espaces maritimes français devaient être protégés, c’est l’objectif du gouvernement ! Devraient être ! Aujourd’hui, 1 % des côtes méditerranéennes le sont réellement. Quelles options pour le journaliste ? Dénoncer les dangers qui menacent les écosystèmes, le scepticisme avec l’affichage des obstacles qui se dressent devant le projet gouvernemental ou braquer un projet sur les sites préservés ? Célia Quilleret, journaliste environnement à la rédaction de France Inter, a choisi la deuxième alternative : un reportage dans cette réserve marine de Cerbère-Banyuls.

Une zone protégée, respectée aussi bien par les pêcheurs que par les professionnels du tourisme, ses détracteurs de la première heure. Car quand la nature reprend ses droits, les espèces se reproduisent, reconstruisent un écosystème marin, et comme il n’y a ni filets ni murs pour délimiter la zone de la réserve, ce qui s’y joue « déborde » et influence sur l ‘environnement immédiat.

Line Le Gall du muséum national d'histoire naturelle, et Stéphane Hourdez du CNRS dans la réserve de Cerbère Banyuls.  (CÉLIA QUILLERET / RADIO FRANCE)

Tout le monde est gagnant. C’est un peu ce que les reporters engagés dans les sujets climats essaient de fonctionner. Dans l’espace public, le discours tendant à s’opposer à l’économie et à la biodiversité, à l’agriculture et à l’écologie, c’est une vue biaisée. Quand la nature est belle et respectée, toutes les parties tirent les bénéfices d’une vie meilleure. D’où cette nécessité d’un journalisme de solution.

Comme le soulignait François Gemenne, un des auteurs du Giec (Rapport III) dans un master climat organisé par et à Radio France cette semaine, tant que le climat restait un sujet parmi les sujets dans les rédactions, on n’avancera pas.

« On ne peut pas parler du climat seulement à la publication d’un rapport, un canicule ou une inondation, c’est tous les jours que la prise de conscience doit être portée sans être un marteau qui déprime mais un éveil qui élève.

Pour le monde politique, c’est pareil, poursuivre le chercheur. Le climat ne peut être un sujet parmi tant d’autres, il doit désormais être au centre. »

Ronan Rivoal, technicien de la réserve de Banyuls.  (CÉLIA QUILLERET / RADIO FRANCE)



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