Cyril Ramaphosa : la COP26 doit assurer une transition juste qui ne laisse personne de côté


L’écrivain est le président de la République d’Afrique du Sud

L’humanité est confrontée à une crise climatique sans précédent, mettant en jeu le bien-être de notre planète et de ses habitants. En Afrique du Sud, nous devons faire face non seulement à ces principaux dangers, mais aussi aux dommages économiques et sociaux potentiels si la communauté mondiale ne parvient pas à gérer la crise d’une manière qui fonctionne pour les marchés en développement comme pour les marchés développés.

Le dernier rapport des climatologues de l’ONU avertit que le rythme du réchauffement climatique s’accélère, l’Afrique subsaharienne connaissant des gains de température bien supérieurs à la moyenne internationale. De nombreux Sud-Africains ressentent déjà les effets de la sécheresse et des inondations. Certaines parties de la province de Mpumalanga enregistrent des niveaux élevés de pollution atmosphérique, avec une augmentation possible des maladies respiratoires et de la vulnérabilité à la tuberculose. Les stocks de poissons ont diminué en raison de l’évolution des conditions météorologiques et des températures de l’eau.

Alors que les partenaires commerciaux de l’Afrique du Sud poursuivent l’objectif de zéro émission nette de carbone, ils sont susceptibles d’augmenter les restrictions sur l’importation de biens produits à l’aide d’énergie à forte intensité de carbone. Parce qu’une grande partie de notre industrie dépend de l’électricité produite par le charbon – le charbon est actuellement la source de 77 % de l’énergie sud-africaine – les produits que nous exportons vers ces pays pourraient se heurter à des barrières commerciales. Les consommateurs y sont peut-être moins disposés à acheter nos exportations.

Ces tendances signifient que nous devons agir avec urgence et ambition pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et passer à une économie à faible émission de carbone. Beaucoup de nos pays pairs ont déjà commencé. Mais la seule façon de réussir une transition est de s’engager largement en faveur d’une transition juste — un voyage vers un zéro net qui ne laisse personne de côté.

Les besoins des travailleurs et des communautés dans les industries et les zones géographiques qui seront touchés par une telle transition doivent être soigneusement pris en compte. Les syndicats, les entreprises et le gouvernement doivent développer des programmes de reconversion, d’emploi, de compensation pour la perte de moyens de subsistance et d’autres formes de soutien pour garantir que les travailleurs sont les principaux bénéficiaires de notre transition vers un avenir plus vert.

L’Afrique du Sud élabore des plans pour permettre un passage juste à zéro net. Notre secteur de l’électricité, qui contribue à 41 % de nos émissions de gaz à effet de serre, en sera la première phase. Nous déclasserons et réaffecterons des centrales électriques au charbon et investirons dans de nouvelles capacités de production à faible émission de carbone. Nous poursuivrons également des opportunités d’industrialisation verte telles que la production de véhicules électriques et de piles à combustible qui stimulent la création d’emplois et la croissance économique.

L’Afrique du Sud est dotée d’abondantes ressources naturelles et minérales. Ceux-ci peuvent être exploités pour construire une nouvelle économie dans des domaines tels que les énergies renouvelables et l’hydrogène vert. La compagnie nationale d’électricité Eskom entreprendra un projet pilote dans sa centrale de Komati, qui doit fermer sa dernière unité au charbon l’année prochaine, pour produire de l’électricité grâce à l’énergie solaire. Komati servira d’exemple de la manière dont le passage aux énergies renouvelables peut être réalisé.

Pour signaler notre ambition, le cabinet a récemment approuvé la mise à jour de la contribution déterminée au niveau national, qui fixe une fourchette cible d’émissions nettes de carbone zéro d’ici 2050. Le haut de la fourchette, 420 mégatonnes d’équivalent CO2, est compatible avec la limitation du réchauffement climatique à moins de 2C, tandis que le bas de la fourchette (350 mégatonnes) est compatible avec l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement à moins de 1,5°C. Étant donné que les émissions totales de l’Afrique du Sud sont actuellement d’environ 500 mégatonnes d’équivalent CO2, cet objectif nécessitera une réduction significative de l’utilisation de combustibles fossiles.

L’endroit où nous arrivons dans cette fourchette dépend du soutien que nous obtenons. Les ambitions de l’Afrique du Sud ne peuvent être réalisées sans que les économies plus développées ne respectent les promesses qu’elles ont faites de fournir une assistance financière aux économies en développement dans leur transition énergétique. Cette aide doit prendre la forme de subventions, de prêts à taux concessionnels et d’investissements privés provenant de pools de financement internationaux et locaux. Nous sommes encouragés par l’engagement dont ont fait preuve nombre de nos partenaires internationaux pour soutenir cette transition et développer des modèles de collaboration qui pourraient être appliqués dans d’autres pays.

Pour être clair, il ne s’agit pas de charité. C’est une question d’équité et d’avantage mutuel. Les pays aux économies développées portent la plus grande responsabilité dans le changement climatique, car ils ont toujours été les plus gros pollueurs. Les économies en développement sont les plus touchées.

Au-delà de la question du soutien à une transition juste, la vérité est qu’il n’y aura pas d’évitement de la crise climatique mondiale si le chemin vers le zéro net n’inclut pas les économies en développement. Au sommet de la COP26, nous avons une fenêtre d’opportunité pour assurer une transition juste pour tous les pays et préserver l’avenir de notre planète.

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