Comment empêcher un ralentissement mondial de bloquer le moteur de haute technologie du Canada


La dernière fois que l’inflation a atteint un sommet aussi élevé, la Chine était la 10e plus grande économie du monde, les Islanders de New York étaient une dynastie de la Coupe Stanley et Mark Zuckerberg était encore à trois ans de sa naissance.

Quiconque se souvient réellement de cette époque, et de la récession provoquée par la combinaison d’une inflation persistante et d’une hausse des taux d’intérêt, a maintenant plus de 55 ans. Nous avons eu des récessions depuis, mais nous avons également eu une vague continue d’innovation technologique, d’expansion du commerce mondial, historiquement faibles taux d’intérêt de la banque centrale et faible inflation pour traverser la tempête.

Mais aujourd’hui, nous vivons dans un monde différent. Une pandémie mondiale qui ne disparaîtra pas ; le chaos de la chaîne d’approvisionnement déchirant l’économie et une guerre sanglante en Europe qui pourrait devenir quelque chose que nous préférerions ne pas envisager. Avec un ralentissement mondial qui se profile, la pression est sur les décideurs pour gérer la volatilité et obtenir la bonne réponse.

Une chose que le Canada n’avait pas la dernière fois que nous avons été frappés par de multiples forces inflationnistes, c’était un secteur de l’innovation florissant tiré par des startups. Selon le Conseil de l’économie de l’innovation, les startups technologiques et les investissements dans les technologies de pointe par les titulaires de l’industrie forment une économie de l’innovation qui représente déjà 12 % du PIB national et 16 % en Ontario. De plus, il croît plus de trois fois plus vite que n’importe quel secteur. L’économie de l’innovation est la clé de la croissance économique future du Canada.

Les startups les plus prometteuses sont dirigées par des fondateurs sans filets de sécurité dans le meilleur des cas, et elles s’appuient sur le capital-risque dans la course pour développer leurs innovations, attirer des clients et embaucher des travailleurs talentueux. Mais les investissements en capital-risque ont considérablement chuté, une conséquence involontaire des hausses de taux d’intérêt alors que les banques centrales luttaient contre l’inflation.

C’est un moment où nous devons assurer la disponibilité du capital pour nos startups technologiques. Sans capital-risque, ils devront réduire leurs opérations pour garder les lumières allumées. Cela signifie aucun investissement dans l’infrastructure, les talents, les personnes, les processus et les systèmes pour soutenir la croissance ; ce qui signifie alors des opportunités perdues pour implanter de nouveaux marchés, augmenter la productivité et devancer les concurrents mondiaux.

Les décideurs politiques doivent déployer des mesures chirurgicales pour faire face à la baisse de la disponibilité du capital-risque et des investissements dans la capacité de production. Étouffer le capital de ce secteur en ce moment revient à marcher sur le tuyau qui arrose le potager lorsque vous avez besoin de produits pour survivre.

L’économie de l’innovation est l’épine dorsale de l’économie future du Canada. Mais comprenons aussi qu’une baisse de capital pour l’économie de l’innovation a des répercussions qui vont bien au-delà des start-up elles-mêmes. Cela dépend de l’impact que ces entreprises ont en apportant des solutions transformationnelles qui créent un avenir meilleur pour nous tous.

Prenez le secteur des technologies propres. Alors que le monde connaît les températures les plus élevées jamais enregistrées, les innovations canadiennes en matière de capture directe de l’air et de capture et de stockage du carbone sont présentées comme des mesures de premier plan pour réellement éliminer les gaz à effet de serre de l’atmosphère. Nous ne pouvons pas nous permettre de voir une remise à zéro dans ce domaine et dans d’autres développements des technologies propres. Et pour être clair, il n’y a pas de voie vers zéro émission nette sans innovation. Nous devons mener des interventions qui préservent l’élan de notre secteur des technologies propres et leur rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique.

Le Plan de réduction des émissions du Canada a fixé des objectifs ambitieux de réduction des gaz à effet de serre pour 2030, et les solutions de technologies propres qui peuvent nous aider à atteindre ces objectifs sont disponibles dès maintenant, ici même. Encourager les grands consommateurs d’énergie à adopter ces solutions n’est pas seulement une opportunité économique mais un impératif existentiel.

Le Règlement sur les crédits de compensation des GES récemment annoncé peut être expressément approuvé par les Autorités canadiennes en valeurs mobilières comme produisant des compensations de haute qualité qui peuvent être utilisées pour atteindre les objectifs de zéro net des entreprises. Ce petit changement encouragera le financement de l’innovation avec des avantages ESG pour les investisseurs. Un système de compensation mis à jour pourrait également accueillir des investissements en capital-risque dans des sociétés de portefeuille de technologies propres, permettant aux crédits de compensation de revenir aux investisseurs et aux commanditaires de fonds qui investissent dans des startups innovantes de technologies propres.

Nous devrions également envisager d’affecter certains fonds recueillis par le biais de la Loi sur la tarification de la pollution par les gaz à effet de serre (GGPPA) du Canada à des programmes qui soutiennent la création, la croissance et l’échelle de ces entreprises de technologies propres. Par exemple, les gouvernements ont clairement la possibilité d’améliorer leur jeu en matière d’approvisionnement en technologies propres. Un marché à guichet unique pour les innovations en matière de technologies propres et d’économie circulaire donnerait un coup de pouce instantané à ce secteur. Ces programmes sont l’infrastructure d’innovation qui forme une rampe de lancement récurrente pour les entreprises qui nous ouvriront la voie vers le net zéro et créeront des emplois pour l’avenir dans une économie climatique mondiale de plusieurs billions de dollars.

En ce qui concerne l’économie de l’innovation au sens large, les décideurs politiques pourraient envisager de créer des programmes de financement accessibles pour faire correspondre automatiquement les investissements des investisseurs mondiaux avertis avec les meilleurs antécédents mondiaux.

Nous devrions sérieusement envisager de prendre une page du livre de jeu d’Israël : permettre aux fondateurs qui ont réussi des événements de liquidité de réinvestir leur produit, sans impôt sur les plus-values, dans de nouvelles innovations et innovateurs dans les deux ans suivant leur sortie. Cela crée un volant d’inertie multigénérationnel pour l’expérience et le capital à investir dans les générations successives d’entrepreneurs.

Compte tenu de l’élan existant dans notre communauté de startups, le Canada ne doit pas laisser tomber un écosystème d’innovation que nous avons soigneusement entretenu, au cours des 20 dernières années, pour en faire l’un des grands moteurs de croissance de notre économie.

Yung Wu est PDG de MaRS Discovery District, l’un des plus grands pôles d’innovation au monde.



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