«C’est devenu un sport national»: à Poissy et ailleurs, les policiers se disent dépassés par les violences urbaines


En moins de 24 heures, les images de la rue de Villiers totalement enfumées à Poissy (Yvelines) ont fait le tour de France. On y voit des hommes tout de noir vêtus crieur «Tuez-les! »En parlant des policiers sur lesquels ils lancent des mortiers.

Initialement rédigé pour un attroupement, les agents de la brigade spécialisée de terrain sont victimes d’un guet-apens. Face à eux, une trentaine de jeunes lancent des projectiles brûlants. Après avoir fait usage du lanceur de balle et appelé des renforts, les policiers mettent en œuvre les auteurs en fuite. Aucun dégât, blessé ni interpellation. Une enquête est ouverte pour les violences contre les personnes dépositaires de l’autorité publique.

«C’est notre quotidien», pointe le syndicat Alliance

Si cet épisode a choqué l’opinion publique et suscité des réactions, plus les hautes sphères de l’État, les agents de police s’en étonnent. «C’est notre quotidien et c’est même devenu sport national, commente Mickaël Couturier, secrétaire départemental adjoint du syndicat policier Alliance pour les Yvelines. Il y a un match entre Chanteloup et Les Mureaux, mais aussi dans les quartiers à Sartrouville, Conflans, Trappes, Poissy, Mantes… Ils sont dans la surenchère, c’est à ceux qui seront les plus nombreux ou qui feront le plus parler d ‘ eux. »

Mission accomplie pour les auteurs de la vidéo, relayée dans plusieurs médias nationaux. Au total, elle comptabilise plus de 368 000 vues. Si le Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) l’a également partagée sur Twitter, c’est, comme l’explique son secrétaire national Matthieu Valet, «en réponse à la proposition faite vendredi» et «pour illustrer le fait qu ‘ il y a des gens virulents qui jouissent d’un sentiment d’impunité ». Il fait allusion aux propos de la défenseure des droits Claire Hédon, qui propose sur Franceinfo l’expérimentateur des zones de non-contrôle d’identité, arguant que dans 95% des cas, ils ne mènent à rien.

De l’avis général, l’engouement médiatique autour de ce qui s’est passé à Poissy samedi est disproportionné. La préfecture des Yvelines se refuse à tout commentaire, car rien ne sert d’envenimer une situation déjà tendue.

Des jeunes âgés pour certains… de 10 ans

Ces derniers mois dans le département, ces événements sont presque quotidiens. Les jeunes lancent des mortiers en plein jour et s’en vantent sur les messageries cryptées. Les bus sont aussi régulièrement pris pour cible, comme à Sartrouville. Rien que ce week-end, des policiers ont essuyé des jets de projectiles à Sartrouville justement, mais aussi aux Mureaux. Certains des délinquants avaient entre 10 et 12 ans.

«Ils sont de plus en plus jeunes car pour les moins de 13 ans, il n’y a pas de réponse de la justice, décrypte Mickaël Couturier d’Alliance. Et même s’ils sont plus vieux, les sanctions ne suivent pas assez. Les rappels à la loi ça suffit! Le couvre-feu rajoute une frustration supplémentaire qui peut être un facteur déclenchant. »

«La réalité est que la police gêne»

Même son de cloche du côté du Syndicat indépendant des commissaires de police. «La réalité est que la police gêne pour les rodéos à moto, pour les trafics et tout le reste, complète Matthieu Valet. Le but de ces guets-apens est de dissuader les collègues d’intervenir, c’est du harcèlement. Heureusement, la majorité des policiers sont passionnés et ne lâchent pas le terrain. »

Pour les aider dans leur mission, les forces de l’ordre se reposent aussi sur les mairies. La vidéoprotection et l’action des policiers municipaux jouent un rôle essentiel dans la gestion de ces violences urbaines, comme à Poissy où 44 agents soutiennent les effectifs de police nationale. A Poissy où justement, le conseil municipal a voté le 8 février la suspension voire la suppression de certaines allocations familiales invalides récidiviste est identifié dans une fratrie.

«Des gamins qui refusent toute l’autorité», selon le maire DVD Karl Olive

«Le message que j’envoie c’est l’anti-laxisme, indique le maire (DVD) Karl Olive. On travaille depuis un mois avec quatre médiateurs dans les quartiers, c’est une initiative du département. Il faudrait qu’on ait un accompagnement de l’Etat et que les bailleurs prennent leur part. Je vais inviter Gérald Darmanin à venir voir la réalité du terrain: il y a des gamins qui refusent toute autorité, qu’elle soit parentale, scolaire ou policière. »

Bulletin L’essentiel du 78

Un tour de l’actualité des Yvelines et de l’IDF

Le syndicat Alliance déplore, quant à lui, le manque d’effectifs de police sur le terrain et le besoin d’être mieux équipé avec des tenues anti-feu.

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