Avec Shift Technology, l’intelligence artificielle s’invite chez les assureurs


Après une rencontre sur les bancs de l’Ecole polytechnique, Jeremy Jawish et Eric Sibony sont aujourd’hui, avec David Durrleman, à la tête de la pépite Shift Technology. La start-up spécialisée dans la détection de la fraude à l’assurance vient de boucler sa troisième levée de fonds lors d’un tour de table de 28 millions de dollars (environ 24 millions d’euros) réalisé par Accel et General Catalyst aux côté des investisseurs historiques Iris Capital et Elaia Partners. Cette nouvelle augmentation de capital porte le montant total des fonds levés par la jeune pousse à plus de 34 millions d’euros depuis sa création.

Un algorithme pour chaque étape humaine

« J’ai rencontré Eric à Polytechnique, c’était le génie là-bas. Nous avons ensuite travaillé tous les deux dans une équipe de détection de fraudes chez un assureur où tout était effectué recherché. que nous devions créer notre entreprise « , se souvient Jeremy Jawish, aujourd’hui PDG de Shift Technology. Constat de cette expérience faiblement outillée: le taux de détection des déclarations frauduleuses ne s’élève qu’à 15%. Une échelle mondiale, la fraude aux assurances santé, incendie, accident et risque divers (IARD) a annoncé ainsi plusieurs centaines de milliards d’euros de pertes.

Shift Technology décide donc de capitaliser sur son expertise en mathématiques et en informatique pour industrialiser les procédés. Le trio se développe un moteur d’intelligence artificielle qui couple apprentissage automatique et théorie des graphes. « Nous reproduisons chaque étape humaine par un algorithme », indique Jeremy Jawish.

Une techno adoptée par 45 assureurs

La solution permet non seulement de détecter de nouveaux cas de fraudes, comme des réseaux en bandes organisés, mais aussi de les détecter plus rapidement et d’être plus efficace. « Sur 100 alertes que nous envoyons, 75% sont vraiment suspectes », explique Jeremy Jawish. Selon l’entrepreneur, la performance des autres outils du marché oscillerait seulement entre 30 et 35%. L’outil permet de mettre à jour les réseaux et les sous-réseaux dont les représentations sont livrées au gestionnaire qui dispose ainsi d’une base pour enquêteur dans la bonne direction.

L’outil est utilisé pour les assurances automobile, habitation, santé, voyage et assistance. Plus de 100 millions de déclarations de sinistre automobile, habitation et risques divers et 300 millions de déclarations en santé ont été analysées par cette technologie française. La start-up ne dévoile aucun nom mais assure travailler avec 45 assureurs à travers le monde. Plus de la moitié de son chiffre d’affaires (dont le montant reste également confidentiel) effectue d’ailleurs à l’international.

Automatiser les autres tâches manuelles

Shift Technology dispose aujourd’hui de bureaux à Paris, Singapour, Hong Kong, Zurich, Londres et Madrid et s’apprête à ouvrir une antenne à New York et à Tokyo grâce aux fonds levés. L’argent frais sera également utilisé pour étoffer les effectifs. La start-up prévoit de regrouper plus d’une centaine de collaborateurs d’ici la fin de l’année, contre 80 actuellement.

Outre cette expansion géographique, Shift Technology veut continuer à développer de nouvelles lignes de business en industrialisant une offre sur la prévoyance et l’assurance vie. A plus long terme, l’objectif est d’aller au-delà de la détection de la fraude et d’automatiser d’autres tâches manuelles pour libérer du temps aux gestionnaires. Sur ce vaste terrain, Shift Technology devra jouer des coudes avec des géants technologiques, dont lBM et son ordinateur cognitif Watson.

Juliette Raynal

@Julietteraynal



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