Avec le vaccin Spoutnik V, la Russie renforcée son influence en Argentine


Une femme reçoit une dose du vaccin russe Spoutnik V contre le Covid-19, au parc des expositions Tecnopolis, à Buenos Aires, le 15 avril 2021.

A Buenos Aires, l’annonce intervient au pire moment de la pandémie, alors que les cas de Covid-19 sont au plus haut. L’Argentine devrait devenir, au mois de juin, le premier pays d’Amérique latine à produire le vaccin russe Spoutnik V, dans le cadre d’un accord entre le fonds souverain d’investissement direct russe (RDIF) et le laboratoire privé argentin Richmond, tandis que 21 000 doses ont déjà été élaborées , sous forme de test. Elles sont maintenant soumises au contrôle de qualité auprès de l’institut russe créateur du vaccin, Gamaleïa.

«Nous sommes très enthousiastes. Ce sera une grande occasion de faire avancer la lutte contre la pandémie, non seulement en Argentine, mais aussi en Amérique latine », s’est félicité, mardi 20 avril, le président argentin, Alberto Fernandez (centre gauche), marquant une nouvelle étape du lien diplomatique avec la Russie, plus que jamais vigoureux depuis la pandémie. Le même jour, le ministre de l’économie argentin, Martin Guzman, terminait une visite à Moscou – avec la question des vaccins et de la dette argentine au centre des conversations -, surprise d’un agenda qui prévoyait une tournée circonscrite à quatre capitales européennes, dont Paris.

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Dès le mois de décembre 2020, alors que la communauté internationale ne mise guère sur le vaccin russe, entouré de suspicions jusque dans son propre pays – balayées en février 2021 par une étude confirmant son efficacité, publiée dans la revue britannique The Lancet -, l’Argentine est le premier pays d’Amérique latine à approuver le Spoutnik V. Un avion est dépêché à Moscou afin de récupérer les premières doses.

Dans une communication aux accents patriotiques, le décollage de l’appareil est commenté en direct à la télévision… par Victor Hugo Morales, le journaliste même qui avait posé sa voix sur le mais de Diego Maradona face à l’Angleterre, lors du mondial de 1986. «Nous avons la balle dans notre camp pour aller chercher le mais en Russie. (…) Un vol vers Moscou, un vol vers la vie », s’est enflammé le célèbre présentateur, avant d’ajouter: «Que ceux qui pensent à la guerre froide s’enlèvent cette idée de la tête! [La Russie] est un pays capitaliste! »

Relations «pragmatiques»

«Avec la diplomatie des vaccins, la Russie renforcée son influence en Argentine, de façon inédite. Cela représente aussi une porte d’entrée en Amérique latine lui permettant de contrebalancer l’influence des Etats-Unis », analysez Ariel Gonzalez Levaggi, chercheur au Centre des études internationales de l’Université catholique argentine. En visite à Buenos Aires à la mi-avril, Juan Gonzalez, conseiller du président américain Joe Biden pour l’Amérique latine, n’a pas manqué de critique, lors d’une interview avec la presse argentine: «Ce mercantilisme des vaccins de la partie de la Chine et de la Russie est une façon de gagner en influence, mais cela n’offre pas une réponse globale à la pandémie; ce que nous, nous allons faire, selon les normes internationales. »

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