Aux Etats-Unis, le monde des affaires tourne le dos à Trump et (temporairement) à la politique


Après le scandale du Capitole, plusieurs entreprises ont décidé de suspendre toute activité de leur Comité d’action politique, que ce soit en faveur des républicains ou des démocrates.

Après l’assaut du Capitole, plusieurs grandes entreprises américaines ont pris la décision de couper les ponts avec Donald Trump et ses plus ardents partisans, en touchant parfois directement à leurs finances.

De nombreuses figures du monde des affaires avaient rapidement dénoncé les violences après la violente intrusion de supporteurs du président américain au Congrès le 6 janvier.

Quelques-unes, comme le puissant syndicat AFL-CIO, l’investisseur milliardaire Nelson Peltz ou l’entreprise Ben & Jerry’s, ont même appelé au départ immédiat de Donald Trump.

Mais certaines entreprises ont décidé d’aller encore plus loin, au-delà des mots.

Twitter a éjecté le président de sa plateforme de communication préférée en fermant définitivement son compte. La plateforme de vente en ligne Shopify a fermé des pages officielles vendant des articles à son effigie. Le service de paiement sur internet Stripe a décidé de ne plus gérer les transactions de son site de campagne.

D’autres ont tourné leur attention vers les responsables politiques.

Plusieurs sociétés comme le géant de l’hôtellerie Marriott, l’assureur-santé Blue Cross Blue Shield ou l’émetteur de cartes de crédit American Express ont indiqué qu’elles allaient cesser toute donation aux élus républicains s’étant opposés le 6 janvier à la certification des résultats de l’élection présidentielle.

Le patron d’American Express, Stephen Squeri, a souligné lundi dans un message à ses employés qu’une telle posture ne correspondait pas aux valeurs de son entreprise.

Dans un souci de transparence, il a précisé qu’American Express avait par le passé atteint aux coffres de campagne de 22 des 139 parlementaires de la Chambre des Représentants ayant voté en faveur d’objections.

Pour combien de temps?

D’autres grandes sociétés comme la banque JPMorgan Chase, le géant de l’informatique Microsoft, le réseau social Facebook ou le moteur de recherche Google ont, elles, ont décidé de suspendre toute activité de leur Comité d’action politique (PAC), aussi bien en faveur de républicains que de démocrates.

Ces PAC collectent des dons versés par les employés pour les reverser à des candidats ou des partis politiques choisis par l’entreprise.

Mais il n’est pas certain que ce prix de distance du monde des affaires avec les politiques se perpétue.

Suspendre les contributions politiques aux législateurs qui ont voté contre la certification de Joe Biden le 6 janvier « peut avoir un impact réel en envoyant le message clair que rompre avec les normes démocratiques et répandre de la désinformation ne sera pas toléré », a évalué Daniel Newman , le co-fondateur de l’organisation MapLight, qui étudie de près les financements des partis et responsables politiques.

Mais « nous avons besoin de plus d’une auto-régulation des entreprises pour réparer notre démocratie brisée », ajoute-t-il en plaidant pour une vaste réforme du financement de la politique et de la transparence gouvernementale.

« Changent-ils vraiment leur comportement? »

« C’est un vrai moment de vérité? Changent-ils vraiment leur comportement? Ou reviennent-ils à leurs habitudes après une certaine période? », S’interroge pour sa part Bruce Freed, du Centre pour la responsabilité des politiques.

Chez JPMorgan Chase, la suspension des contributions du PAC a été décidée pour « au moins six mois », chez Facebook ce sera « pendant au moins trois mois ».

Un porte-parole de Google a précisé que ce sera « le temps évalué et de réévaluer les politiques suite aux événements particulièrement perturbants de la semaine dernière », tandis que Microsoft a souligné que ce serait « le temps d ‘(en) évaluer les implications ».

Toutes ces entreprises peuvent aussi continuer à verser de l’argent en dehors de leur PAC, à leurs fédérations professionnelles par exemple, qui peuvent ensuite les inverser à des candidats favoris.

« Vont-ils aussi placer une limite sur ce genre de dépenses? » s’interroge Bruce Freed.

Alors que le président élu Joe Biden a promis de relever les impôts sur les sociétés ou d’augmenter le salaire horaire minimum, les grandes entreprises vont probablement retrouver le chemin des bureaux des parlementaires dès que le nouveau Congrès sera mis en place. D’autant que les élections législatives se tiennent tous les deux ans et que les prochaines auront lieu dès 2022.

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