au Sénat, la droite et l’actualité bousculent un texte déjà controversé


Le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 6 avril.

L’examen au Sénat du projet de loi confortant le respect des principes de la République s’est achevé, lundi 12 avril, sur l’adoption d’un nouvel amendement dicté par l’actualité.

Déposé par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin peu avant la séance, sous-amendé à la demande du président de la commission des lois, François-Noël Buffet (Les Républicains, LR, Rhône), il permet à un préfet de s ‘ opposition à l’ouverture d’une école privée hors contrat «Pour des motifs tirés des relations internationales de la France ou de la défense de ses intérêts fondamentaux».

Après quoi l’ensemble du texte a été adopté par 208 voix – LR, la majorité des centristes, les indépendants et trois RDSE (Rassemblement démocratique et social européen) – contre 109 voix (PCF, PS, écologistes, huit centristes et neuf RDSE) et vingt-sept abstentions dont la totalité du groupe macroniste RDPI (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants).

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Après un «amendement UNEF» visant à faciliter la dissolution d’associations pratiquant des réunions non mixtes racisées, après «Strasbourg» obligeant un maire à informer le préfet à l’avance s’il veut faciliter la construction d’un lieu de culte – issue de la controverse sur la subvention de la capitale alsacienne à un projet de mosquée -, cette ultime disposition intervient à la suite d’une décision du tribunal administratif de Grenoble.

Le 6 avril, cette juridiction a annulé le refus du maire (divers droite) d’Albertville, Frédéric Burnier Framboret, de délivrer en 2019 un permis de construire pour un projet d’école privée de la Confédération islamique Milli Gorüs (CIMG), celle -là même qui pilote la mosquée contestée Eyyub Sultan, à Strasbourg. «Ce projet relève sans ambiguïté d’une logique séparatiste», a assuré le préfet de Savoie, Pascal Bolot, dans un entretien au Dauphiné Libéré, dimanche, en souhaitant que la municipalité fasse appel.

Une collection d’amendements «textiles»

Cet amendement de dernière heure a fait tousser des sénateurs qui en partageaient pourtant l’objectif. La référence aux «Motifs tirés des relations internationales de la France» les laissés perplexes, voire dubitatifs. «Nous partageons vos intentions mais la rédaction de cet amendement n’est pas sérieuse», a lancé Laurence Rossignol (PS, Oise), ajoute qu’un régime d’autorisation préalable des écoles privées, proposé par son groupe, aurait été plus efficace. «Sur quels éléments le préfet fondera-t-il sa décision? Les services de l’Etat dresseront-ils des listes de pays en fonction de l’actualité? », a interrogé la sénatrice centriste Annick Billon (Vendée).

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