Amnesty International dénonce la «répression sanglante» des manifestations


Des manifestants antigouvernementaux dressent une barricade devant la mosquée de Badalabougou, à Bamako, le 12 juillet 2020.

Amnesty International a dénoncé, mercredi 5 août, la «Répression sanglante» qui a visé le mois dernier des manifestants appelant à la démission du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, dont une dizaine ont été tués par balles par les forces de sécurité, selon des témoins cités par l’ONG.

Le week-end du 10 juillet, une manifestation à l’appel du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), a déclaré au président Keïta, a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers. Le 11 juillet, après des rumeurs concernant l’arrestation de la figure de proue de la contestation, l’imam Mahmoud Dicko, des manifestants et des habitants se sont rassemblés près de son domicile, a expliqué dans un communiqué Ousmane Diallo, spécialiste de l «Afrique de l’Ouest à Amnesty. «Des agents de sécurité et des policiers ont alors tiré à balles réelles sur les manifestants, tuant quatre personnes», at-il précisé.

Lire aussi Qui sont les principaux leaders de la contestation au Mali?

L’ONG affirme également que plusieurs personnes ont été tuées par des balles perdues alors qu’elles ne participaient pas aux manifestations. Elle cite le cas d’un homme de 25 ans atteint dans une mosquée et celui d’un laveur de voiture de 21 ans. Amnesty estime à «Au moins onze» le nombre de manifestants et de passants tués, tandis que l’opposition évoque un bilan de 23 morts et plus de 150 blessés. Le premier ministre, Boubou Cissé, a parlé de onze morts et l’ONU de quatorze manifestants tués.

Une nouvelle manifestation prévue le 11 août

Dans son communiqué, Amnesty réclame une «Enquête approfondie» sur le rôle qu’aurait la Force spéciale antiterroriste joué (Forsat) dans ces événements. Selon des témoins cités par Amnesty, «Des hommes encagoulés et lourdement équipés et armés et soupçonnés d’appartenir aux forors sont arrivés à bord de deux bus banalisés afin d’interrompre [un] rassemblement » de l’opposition. Ils sont également soupçonnés d’être intervenus aux abords du domicile de l’imam Dicko.

Sollicité par l’AFP, le ministère de la justice n’a pas réagi dans l’immédiat au communiqué d’Amnesty.

Lire aussi Au Mali, un gouvernement restreint sans union nationale

Ces violences sont l’une des pierres d’achoppement du règlement de la crise politique qui ébranle le Mali depuis juin et qui s’ajoute à un climat d’insécurité dû notamment aux attaques des groupes djihadistes dans le nord et le centre du pays. Le contentieux lié aux législatives de mars-avril, élément déclencheur de la crise actuelle, reste lui aussi à régler et l’opposition refuse toujours d’intégrer un gouvernement d’union nationale. Elle prévoit de manifester mardi 11 août à travers le pays.

Le Monde avec AFP

Laisser un commentaire