A Evry, la formation des étudiants en sport interrompue en plein cursus faute d’enseignants


Après deux ans d’études en licence Staps, les 60 étudiants de la filière Education et motricité, qui mène au concours pour devenir professeur d’EPS (éducation physique et sportive), ont appris qu’ils ne pourraient pas effectuer leur troisième année. Et pour cause: celle-ci va être purement et simplement supprimée!

L’annonce leur a été faite le 6 avril, par un simple mail. «Après avoir envisagé tous les scénarios possibles, les responsables de filières ont pris la décision collégiale de fermer la formation de L3 Education et Motricité pour la rentrée 2021», écrit le directeur du département Staps de la faculté. Ce dernier justifie cette décision par «une situation extrêmement complexe» liée à un «manque de postes d’enseignants, avec, en sus, un départ à la retraite du responsable L3 EM (Education et motricité, NDLR) pour la prochaine année universitaire. »

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Allan, 18 ans, devrait être en train de réviser pour ses partiels, après les vacances de Pâques. Mais avec l’annonce de la fermeture de sa filière, difficile de se motiver. «C’est compliqué, car on dépense aussi beaucoup d’énergie pour trouver des solutions, confie l’étudiant de 18 ans en 2e année. Nous sommes consternés, choqués. »Un groupe d’étudiants a eu un rendez-vous ce lundi avec la direction de l’université, qui leur a assuré que rien n’était acté. Contactée à de nombreuses reprises, cette dernière n’a répondu à aucune de nos sollicitations.

Livrés à eux-mêmes, les étudiants ont pris les choses en main: lancement d’une pétition, qui a dépassé les 1700 signatures, demande de rendez-vous avec le président de l’université, lettre à la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal… «Nous sommes 60 en L2, plus les potentiels redoublants de L3. Et une majorité des 180 étudiants actuellement en première année s’apprêtaient à choisir en 2e année cette filière éducation motricité, voie qui conduit principalement à un master pour passer le concours de professeur d’EPS, continue Allan. Je ne peux pas croire que l’université nous laisse tous sur le carreau. »

D’autant que cette filière «est la plus prestigieuse et la plus demandée», abonde Dimitry, 19 ans, qui dénonce, avec l’ensemble de ses camarades, les différences de moyens alloués au sein de l’UFR (Unité de formation et de recherche) dont fait partie le département Staps. «Par rapport à la biologie, pour le même nombre d’étudiants, nous avons deux fois moins de professeurs! Certains nous enseignent jusqu’à quatre matières… »

«Pas de place pour tout le monde»

À cinq mois de la prochaine rentrée universitaire, c’est donc la panique à bord. Allan a commencé à prospecter pour trouver un autre endroit où achever son cursus. «En Ile-de-France, quatre universités proposent la filière éducation motricité, poursuit-il. Mais le responsable de notre licence nous a dit que c’était quasi impossible d’être pris, car tout est saturé. »Noémie a elle aussi postulé dans les universités de Nanterre (Hauts-de-Seine), Créteil (Val-de-Marne), et Paris. «Mais on sait qu’il n’y aura jamais de la place pour tout le monde», abonde-t-elle.

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Les parents des étudiants sont aussi très en colère. «On les laisse tomber alors qu’ils sont en plein milieu de leur cursus! fulmine Marie-Laure, la maman de Noémie. Si c’est lié à un problème de moyens, ils ont pu au moins les laisser terminer leur L3… Là, on ne leur laisse aucune chance. Je suis dégoûtée, ma fille est très investie, elle n’a jamais redoublé », ajoute-t-elle

Le spectre de repartir de zéro est pourtant bien réel. «Si on s’arrête en L2 (deuxième année de licence), nous n’aurons pas de diplôme. Cela nous oblige à une reconversion, en repartant de zéro dans une autre filière, lâche dépité Dimitry. Mais pour faire quoi? Je n’y ai pas réfléchi… »

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