62 journalistes tués en 2020, juste pour faire leur travail : UNESCO |


Cette année, en raison de statistiques comme celles-ci, la Journée internationale pour mettre fin à l’impunité pour les crimes contre les journalistes met en évidence le rôle important des services de poursuite, non seulement pour traduire les tueurs en justice, mais également pour poursuivre les menaces de violence.

Dans un message marquant la journée, marqué mardi, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a noté que de nombreux journalistes avaient perdu la vie alors qu’ils couvraient des conflits, mais le nombre de professionnels des médias tués en dehors des zones de conflit a augmenté ces dernières années.

« Dans de nombreux pays, le simple fait d’enquêter sur la corruption, le trafic, les violations des droits humains ou les problèmes environnementaux met la vie des journalistes en danger », a déclaré le chef de l’ONU.

D’innombrables menaces

Pour M. Guterres, « les crimes contre les journalistes ont un impact énorme sur la société dans son ensemble, car ils empêchent les gens de prendre des décisions éclairées ». Les journalistes sont confrontés à d’innombrables autres menaces, allant de l’enlèvement, de la torture et de la détention arbitraire, aux campagnes de désinformation et au harcèlement, en particulier dans la sphère numérique.

« La pandémie de COVID-19 et la pandémie fantôme de la désinformation ont démontré que l’accès aux faits et à la science est littéralement une question de vie ou de mort », il a dit. « Lorsque l’accès à l’information est menacé, cela envoie un message inquiétant qui sape la démocratie et l’État de droit.

M. Guterres a également noté que les femmes journalistes sont particulièrement exposées.

Selon le récent article de l’UNESCO, The Chilling: Global trends in online violence against women journalistes, 73 % des femmes journalistes interrogées ont déclaré avoir été menacées, intimidées et insultées en ligne dans le cadre de leur travail.

Le Secrétaire général a exhorté les États membres à être solidaires des journalistes du monde entier, montrant la volonté politique nécessaire pour enquêter et poursuivre ces crimes.

Travail en cours

La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a également marqué la journée d’un message, affirmant que, pour trop de journalistes, « dire la vérité a un prix ».

Selon elle, « lorsque les attaques contre les journalistes restent impunies, le système juridique et les cadres de sécurité ont laissé tomber tout le monde ».

« Les États ont ainsi l’obligation de protéger les journalistes et de veiller à ce que les auteurs de crimes à leur encontre soient punis. Les juges et les procureurs en particulier, ont un rôle important à jouer dans la promotion de procédures pénales rapides et efficaces », a-t-elle déclaré.

Dans les années récentes, L’UNESCO a formé près de 23 000 fonctionnaires judiciaires, notamment des juges, des procureurs et des avocats. La formation a couvert les normes internationales relatives à la liberté d’expression et à la sécurité des journalistes, et a mis un accent particulier sur les questions d’impunité.

Cette année, la campagne #EndImpunity de l’agence met en évidence certains des risques spécifiques auxquels sont confrontés les journalistes dans leur quête pour découvrir la vérité.


Audrey Azoulay, Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), s'adresse à la Réunion mondiale sur l'éducation.

Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, par UNESCO/Christelle Alix

« Ce n’est qu’en permettant que la vérité soit dite que nous pourrons faire avancer la paix, la justice et le développement durable dans nos sociétés », a conclu Mme Azoulay.

Les commémorations en 2021 ouvriront également la voie au dixième anniversaire du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, qui sera célébré en 2022.

Menaces contre les femmes journalistes

Pour marquer cette journée, les Missions permanentes de la France, de la Grèce et de la Lituanie et le Groupe des amis pour la protection des journalistes, ont organisé un événement, au siège de l’ONU, pour débattre de la question du discours de haine et de la sécurité des femmes journalistes.

Dans un message vidéo pour l’événement, le président de l’Assemblée générale, Abdulla Shahid, a demandé aux États membres de reconnaître que trop souvent les femmes journalistes sont touchées de manière disproportionnée.

M. Shahid a fait valoir qu’«une grande partie de cela est promulguée par des misogynes qui veulent rendre le journalisme dangereux pour les femmes».

« Nous avons l’obligation collective de nous élever contre cela. Faisons tout notre possible pour garantir que le journalisme reste sûr pour les femmes et mettre un terme au harcèlement, aux brimades et aux menaces qui ciblent leur sexe », a-t-il ajouté.

Nouvelles menaces numériques

Un groupe d’experts de l’ONU sur les droits de l’homme a également publié une déclaration, affirmant que « les menaces contre la sécurité des journalistes, loin de diminuer, ont pris de nouvelles formes à l’ère numérique, en particulier pour les femmes journalistes ».

Selon elles, l’incapacité d’enquêter et de répondre aux attaques en ligne a des conséquences concrètes pour les femmes journalistes, affectant leur santé mentale et physique.

Dans les cas extrêmes, les menaces en ligne peuvent dégénérer en violence physique et même en meurtre, comme l’a montré l’assassinat de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia.

Le groupe a réitéré l’appel à la mise en place d’un mécanisme d’enquête permanent par les Nations Unies, faisant appel à des experts internationaux indépendants, notamment des procédures spéciales et des organes de traités.

Dans un monde de plus en plus numérisé, ils ont également demandé aux États membres de veiller à ce que tous les journalistes soient libres d’effectuer leur travail vital sans menaces, intimidations ou toute forme de représailles en ligne ou hors ligne.

La déclaration a été publiée par le Rapporteur spécial sur la liberté d’opinion et d’expression, Irene Khan, le rapporteur sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Morris Tidball-Binz, et le rapporteur mettant en évidence la violence à l’égard des femmes, Reem Alsalem.

Tous les experts indépendants des droits de l’ONU sont nommés par le Conseil des droits de l’homme et travaillent sur une base volontaire. Ils servent à titre individuel et ne font pas partie du personnel des Nations Unies et ne reçoivent pas de salaire de l’Organisation.

Laisser un commentaire