Yémen : « Le climat de peur » grandit, toutes les parties sont à blâmer, selon des experts des droits de l’homme |


Dans un nouveau rapport commandé par le Conseil des droits de l’homme sur la façon dont la guerre a été menée au cours des 12 derniers mois, le panel a condamné les mêmes violations « flagrantes » qui ont caractérisé leurs conclusions précédentes.

Il s’agit notamment des frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par l’Arabie saoudite qui soutient le gouvernement yéménite et des bombardements « aveugles » de civils, « en particulier par les Houthis mais aussi par le gouvernement du Yémen et la Coalition ».

Le pays est divisé depuis 2015 entre les forces gouvernementales soutenues par la coalition militaire et le groupe rebelle Houthi – également connu officiellement sous le nom de mouvement Ansar Allah – qui détient la majeure partie du nord, y compris la capitale, Sanaa.

Dans le document intitulé : Une nation abandonnée : un appel à l’humanité pour mettre fin aux souffrances du Yémen, le Groupe d’éminents experts a également cité le Conseil de transition du Sud comme étant responsable de violations spécifiques, ajoutant que son accord de partage du pouvoir avec le gouvernement du Yémen, basée dans la ville méridionale d’Aden, « reste largement dysfonctionnelle ».

Les combats continuent

Le rapport souligne que toutes les parties au conflit sont responsables de violations, dont beaucoup peuvent constituer des crimes internationaux.

Les exemples incluent les restrictions humanitaires et les obstacles à l’accès à la nourriture et aux soins de santé ; détention arbitraire, disparitions forcées, violence sexiste, y compris la violence sexuelle ; torture et autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants ; déni du droit à un procès équitable ; violations des libertés fondamentales; persécutions et violations contre les journalistes, les défenseurs des droits humains, les minorités, les migrants et les personnes déplacées à l’intérieur du pays ; et les violations des droits des enfants.

« Climat de peur »


Des enfants sont assis devant une maison endommagée par une frappe aérienne, dans la vieille ville de Sanaa, au Yémen.  (déposer)

© UNICEF/Alessio Romenzi

Des enfants sont assis devant une maison endommagée par une frappe aérienne, dans la vieille ville de Sanaa, au Yémen. (déposer)

Le rapport souligne également à quel point les hostilités ont été intenses sur le front de Ma’rib au cours des 12 derniers mois et dans de nombreux autres endroits.

Le Groupe a regretté que la coalition ne semble pas prendre au sérieux ses conclusions et recommandations sur la conduite de ses opérations militaires.

Il s’agit notamment des principes de distinction, de proportionnalité et de précautions dans les attaques pour protéger les civils et les biens de caractère civil.

« Le climat de peur, d’anarchie et d’impunité pour tous ceux qui vivent au Yémen s’est encore aggravé malgré les accords politiques et les discussions de haut niveau entre les acteurs clés », a déclaré Kamel Jendoubi, président du Groupe d’éminents experts.

La vie « insupportable pour beaucoup »

Le groupe d’experts indépendants nommé par l’ONU a averti que la vie quotidienne au Yémen est désormais « insupportable pour beaucoup », car, en plus du conflit, les gens doivent faire face à des épidémies, la pandémie de COVID-19, des inondations, des restrictions à l’importation, un crise économique et énergétique, et aide humanitaire limitée.

« Au milieu de la situation intolérable actuelle, seule une véritable volonté politique de la part des parties au conflit et de leurs soutiens, mais aussi de la part de la communauté internationale, peut mettre fin aux souffrances du Yémen », a déclaré M. Jendoubi.

« Engagement envers la responsabilité »


Une femme marche à Ta’izz, une ville ravagée par la guerre au Yémen, divisée par une ligne de front.

© PAM/Hussam Al-Sharmani

Une femme marche à Ta’izz, une ville ravagée par la guerre au Yémen, divisée par une ligne de front.

Le Groupe d’experts éminents a appelé à une cessation totale des hostilités et à la fin de la fourniture d’armes au Yémen par des tiers.

« Compte tenu du bilan horrible que la guerre continue de faire subir au peuple yéménite, il n’est pas logique que des États tiers continuent de fournir aux parties au conflit des outils de guerre. Le flux d’armes doit cesser maintenant », a déclaré le président Kamel Jendoubi.

Les experts ont également souligné que les auteurs doivent être tenus responsables des violations commises. Le rapport souligne les mesures qui peuvent être prises, notamment en rendant le processus de paix plus inclusif et en encourageant un engagement envers la responsabilité dans les pourparlers de paix.

Un espace doit être créé pour les discussions sur la justice transitionnelle, en privilégiant les consultations avec les victimes ; et mettre en place des initiatives pour renforcer les capacités de la société civile yéménite. « Il est désormais clair qu’aucune paix, encore moins durable et inclusive, ne peut être réalisée en l’absence de volonté politique et d’un engagement fort en faveur de la responsabilité », a ajouté M. Jendoubi.

Faire du Yémen une priorité

Le rapport a exhorté le Conseil à veiller à ce que la situation des droits de l’homme au Yémen reste à son ordre du jour en renouvelant le mandat du Groupe au-delà d’un an ; et en veillant à ce que les ressources humaines et financières nécessaires soient fournies.

Les experts ont réaffirmé que le Conseil de sécurité devrait intégrer plus pleinement les dimensions des droits de l’homme du conflit au Yémen dans son ordre du jour et veiller à ce qu’il n’y ait pas d’impunité pour les crimes les plus graves.

Cela comprend le renvoi de la situation au Yémen devant la Cour pénale internationale (CPI) et l’élargissement de la liste des personnes faisant l’objet de sanctions du Conseil de sécurité. Le Groupe d’experts est composé de Kamel Jendoubi (Tunisie) – Président, Melissa Parke (Australie) et Ardi Imseis (Canada).

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