Voitures-radars privées: où circulent-elles en France?


Ces voitures banalisées et gérées par des sociétés privées sont capables de flasher automatiquement les véhicules en excès de vitesse, de quoi rapporter plusieurs dizaines de millions d’euros par an. Le déploiement, prévu au niveau national l’an dernier, serait repoussé à 2023 avec un total de 450 voitures-radars en circulation.

Les voitures-radars se font discrètes, sur la route comme dans l’actualité. En une du Parisien de ce mercredi, ces véhicules banalisés sont proposés comme la future bête noire des conducteurs, surtout depuis que cette mission a été confiée à des sociétés privées plutôt qu’à des forces de l’ordre. Mais le dispositif tardif à se déployer, avec du retard par rapport au calendrier initial et le ministère de l’Intérieur reste assez discret sur le sujet. Objectif reste de déployer à terme 450 voitures de ce type sur tout le territoire.

Les voitures-radars, comment ça marche?

Le principe est assez simple: des voitures type Renault Mégane, Peugeot 308, Ford Focus ou encore Dacia Sandero, sans signe distinctif, conduite par un salarié d’une société privée circule sur un itinéraire donné.

L’entreprise est rémunérée par l’Etat au nombre de kilomètres parcourus et pas en fonction du nombre de verbalisations. Le conducteur de la voiture radar et son entreprise ne sont d’ailleurs pas censés pouvoir consulter le nombre de flashs réalisés afin de dégager certaines dérives. Comme par exemple une voiture-radar qui circulerait trop lentement pour susciter des dépassements et, potentiellement, des excès de vitesse.

Un schéma présentant les voitures-radars.
Un schéma présentant les voitures-radars. © Ligue des conducteurs

Sur ce point, ce radar embarqué flashe les automobilistes en excès de vitesse avec une marge de 10 km / h à moins de 100 km / h et de 10% au-delà (contre 5 km / h et 5% pour les autres radars) . Concrètement, sur une route limitée à 80 km / h, le contrevenant serait flashé à partir de 88 km / h, contre 85 km / h pour un radar fixe. Le terme de « flash » n’est pas vraiment approprié dans le sens où il s’agit d’un capteur infrarouge avec un prix de cliché invisible à l’œil nu. Comme pour tous les radars, c’est la reconnaissance de la plaque qui permet de vérifier le propriétaire du véhicule, qui cherche donc un PV à son domicile.

Combien de voitures-radars en circulation?

L’expérimentation des voitures-radars privés a été lancée en 2018 en Normandie, avec notamment l’objectif de libérer du temps pour que les forces de l’ordre se concentrent sur d’autres missions, comme les contrôles d’alcoolémie ou de stupéfiants .

Depuis, différents chiffres circulants sur le nombre de voitures en circulation. Dans son article du jour, Le Parisien évoque plus de 200 véhicules d’ici la fin de l’année, répartis sur huit régions, et 450 en 2023 au niveau national.

Sur le site officiel de la sécurité routière, on trouve plusieurs chiffres assez différents. La page consacrée aux voitures-radars évoque par exemple « 383 véhicules proposés au 1er juillet 2017 ».

Une conséquence possible de la privatisation? En 2017, l’expérimentation des voitures-radars n’avait pas de débuté et la diminution du nombre de véhicules traduirait donc la fin de mission pour les policiers et gendarmes. Contactée, la délégation à la sécurité routière du ministère de l’Intérieur n’avait pas répondu à nos questions avant la publication de cet article.

Alors qu’on pouvait comprendre qu’elle remplacerait totalement les forces de l’ordre, la privatisation de cette mission serait finalement limitée, comme le précisait une annexe du projet de loi de finances 2021 mise en avant par L’Argus. On retrouve bien le chiffre de 450 voitures radars (mais à fin 2021 et non 2023) et « dont 223 seront externalisées ».

Où roulent ces véhicules?

Même flou autour du déploiement au niveau national, « prévu d’ici à 2020 », précis un encart du site officiel pas vraiment à jour, avec un déploiement censé être visible sur la carte officielle des radars, « au fur et à mesure » de la mise en place de ce dispositif. Ou, rien n’apparaît sur cette carte consultée ce 21 avril 2021 concernant les voitures-radars.

La carte ci-dessous reprend les hypothèses de déploiement les plus probables, avec à terme une flotte de 450 voitures-radars déployées sur tout le territoire.

Fin mars dernier, RMC évoquait de son côté 83 voitures en circulation actuellement dans quatre régions (Normandie, Bretagne, Centre-Val-de-Loire et Pays de la Loire) et 120 de plus d’ici à la fin de l’année et dans quatre régions de plus (Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est, Hauts-de-France et Nouvelle Aquitaine).

Même si le projet de loi de finances était prévu pour un déploiement national à fin 2021, l’hypothèse réaliste serait plutôt à 2023, avec une flotte composée de 450 voitures radars environ.

Relancer des recettes des radars en chute libre

La volonté d’exploiter par la sécurité routière reste le respect des limitations de vitesse. N’importe quelle voiture qui circule peut ainsi être vue comme un potentiel radar, ce qui inciterait les automobilistes à modérer leur vitesse sur l’ensemble de leur trajet. Et non plus seulement dans « les zones de danger », annoncées, et où on retrouve les fameux radars fixes.

Cependant, l’autre volonté serait aussi de relancer des recettes en chute libre depuis la mise en place des 80 km / h et le mouvement des gilets jaunes, avec les radars détruits. En 2019, les recettes étaient tombées à 760 millions d’euros, en baisse de 12% sur un an, et la baisse du trafic avec la pandémie n’a pas vraiment permis de redresser la barre l’an dernier.

Résultat: les voitures-radars seraient une solution pour relancer ce qui reste une machine à cash importante pour les finances publiques.

En février, l’association de la Ligue de défense des conducteurs estimait à 194.000 euros pas un bénéfice net dégagé par une voiture-radar. De quoi rapporter chaque année plus de 40 millions par an avec 223 véhicules en service et près du double pour une flotte de 450 voitures-radars.

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