Un tour dans l’abri antibombe


Il était environ 6 h 10 ce matin lorsque les sirènes d’alerte ont résonné pendant de longues minutes dans les rues de Lviv. Le même sinistre était relayé par l’une des applications ukrainiennes d’alerte téléchargée la veille sur mon téléphone.

Je suis descendu dans le stationnement souterrain de l’immeuble où je réside depuis mon arrivée dans cette ville de l’ouest de l’Ukraine, et qui fait office d’abri antibombardement. Quelques familles avec leurs jeunes enfants étaient déjà là, immobiles dans la pénombre. Certains s’étaient installés dans leur auto. Plusieurs fixaient l’écran de leur cellulaire.

Moins de 20 minutes plus tard, on a entendu le bruit sourd d’au moins deux explosions. En montant par la suite sur le toit de l’immeuble, j’ai vu une épaisse fumée noire s’élever au-dessus de l’ouest de la ville. Les premières informations diffusées sur les réseaux sociaux mentionnaient que c’était un hangar de maintenance d’avions dans le secteur de l’aéroport international, situé à sept kilomètres de Lviv, qui venait d’être touché.

Des gens se réfugient dans un stationnement souterrain de Lviv vendredi, au moment où la ville est à nouveau victime de frappes de la Russie. (Photo : Fabrice de Pierrebourg)

Selon le maire de la ville, Andriy Sadovy, six missiles de croisière ont été tirés depuis la mer Noire. Deux ont été interceptés par le système de défense antiaérienne, mais quatre ont atteint leur cible. Toujours d’après les autorités, il n’y aurait eu ni blessés ni morts.

Lviv, qui avait été épargnée jusque-là, s’était presque habituée aux alertes, majoritairement nocturnes. Au point que bon nombre d’habitants, blasés ou résignés, ne descendraient même plus aux abris.

Une erreur selon Ivana, 35 ans, qui habite dans un petit immeuble de quatre étages à environ 700 m du bâtiment ciblé par les Russes. « On n’ignore jamais les alertes, m’explique-t-elle, encore sous le choc. J’ai deux enfants de deux et neuf ans. On les couche chaque soir tout habillés afin d’être prêts à descendre dans notre abri en deux minutes maximum. »

Même si la guerre a atteint sa ville, Ivana ne compte pas déménager. « Nous allons tous favoriser la protection de notre abri et stocker plus de nourriture », dit-elle, avant de reprendre les propositions que le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, a tenus cette semaine devant le Parlement canadien et le Congrès américain. « Ce que fait Poutine est horrible. Si la communauté internationale ne ferme pas l’espace aérien, les Russes vont continuer à nous frapper. »

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