Roland Garros. Amélie Mauresmo aux commentaires pour les «night sessions». sport


Pour entendre la voie d’Amélie Mauresmo aux commentaires de Roland-Garros cette année, il faudra se diriger vers Amazon Prime Video. Le numéro un mondiale commentera les matches en soirée (à partir de 21 h), dont les droits de diffusion sont l’exclusivité de la plateforme de streaming.

Amélie Mauresmo, pensez-vous que le fait qu’Amazon fasse désormais partie des diffuseurs de Roland-Garros pourrait avoir un impact sur l’exposition médiatique du tournoi?

En termes d’audiences, ces dernières ne peuvent pas être les mêmes que sur France Télévisions. C’était le cas aussi quand j’étais sur Eurosport, la chaîne n’essayait pas de rivaliser pour ce qui est de l’audience. Certains pensent que c’est osé de la part de Roland-Garros d’avoir opté pour Amazon. On ne pourra juger vraiment de la pertinence de cette décision qu’après deux ou trois éditions (le contrat d’Amazon court jusqu’en 2023). On voit qu’Amazon effectue une grosse communication pour mettre en avant l’événement, pour que le public se connecte. Je suis un peu comme vous, dans l’attente de voir comment le tournoi va être traité, quelle exposition cela peut générer. À terme, cela peut être payant.

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Selon vous, c’est dans la logique des choses que les plateformes de streaming se mettent à diffuser du sport en direct?

J’ai l’impression. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles j’ai passé le pas en acceptant de commenter sur Amazon. On tend vers ça… Moi la première, à part pour Roland-Garros, je n’allume quasiment plus la télé «classique». Les films, les séries, les documentaires, je les regarde sur les plateformes. L’accès est tellement facile. Je ne sais pas s’il faut dire malheureusement ou heureusement, mais cela semble être le sens de l’histoire.

La grande majorité des «sessions nocturnes» aura lieu à huis clos, donc sans public. Comment l’appréhendez-vous en tant que commentatrice?

C’est triste évidemment. Car le but de ces soirées, c’est aller chercher un public qui travaille la journée et qui veut profiter le soir de l’ambiance de Roland-Garros. Souvent, dans ces rencontres, il y a un côté très électrique, comme on peut le voir à l’US Open ou en Australie. On sent, que l’on soit du côté joueurs ou du côté commentaires, que c’est une atmosphère particulière. Là, on ne pourra avoir du public que pour la dernière session du 9 juin. C’est sûr que ce n’est pas l’idéal. Tout prend une autre dimension quand il y a des spectateurs.

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Cette exposition, c’est aussi un moyen de s’ouvrir à un autre public? Mais n’est-ce pas aussi le risque de se couper d’un public plus «traditionnel» qui peut se retrouver frustré?

Je réponds oui aux deux questions! Grâce à Amazon, j’espère que l’on pourra toucher un public plus jeune. Et si on essaie d’avoir une vision plus large, cela peut permettre d’avoir plus de jeunes qui ainsi se mettre à pratiquer le tennis. Les passionnés regarderont sur France Télévisions parce que c’est historique et qu’ils ont cette habitude. Mais on peut espérer que toute une génération pourra découvrir le tournoi à travers Amazon Prime Video. L’ambiance ne sera pas forcément au top dans les gradins mais j’espère que les émotions des joueurs et des joueuses pourront transparaître.

photo en 2003 et 2004, amélie mauresmo avait atteint les quarts de finale de roland-garros.  © reuters

En 2003 et 2004, Amélie Mauresmo avait atteint les quarts de finale de Roland-Garros. © REUTERS

Certains ont pu critiquer votre passage de France Télévisions à Amazon pour des raisons financières. Qu’est-ce qui a motivé ce choix?

Je ne vais pas mentir, la question financière a pesé dans mon choix. Mais pas seulement. C’est une nouvelle expérience, notamment à travers ces «sessions nocturnes». Et on sait qu’Amazon va obtenir pour ce match la grosse affiche du jour.

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Quel regard portez-vous sur les chances françaises?

C’est difficile cette année (sourire)… Depuis que le circuit a commencé à reprendre en août, aucun Français ou Française n’a signé une grosse performance. Réussir à atteindre la deuxième semaine serait une surprise. Cela reste du sport donc tout est possible. Mais, aujourd’hui, on ne voit pas de nom qui se détache parmi les Français. Pas besoin d’être un observateur très avisé pour arriver à cette conclusion. Je me dis que Gaël (Monfils), qui est en manque de confiance, peut aussi se servir d’un match gagné à l’arrache pour avoir d’autres dispositions et aller plus loin. Je n’ai pas de boule de cristal mais sur espère tous qu’il va se passer quelque chose.

Serena Williams, qui va avoir 40 ans en septembre, peut encore viser la victoire. Qu’est-ce que cela vous inspire?

Je me demande comment elle fait. D’autant qu’elle a commencé très jeune et donc elle a été soumise très tôt à des heures et des heures d’entraînement. Comment fait-elle physiquement, après, qui plus est, une grossesse? Et mentalement, aller chercher encore cette motivation, c’est impressionnant, car le haut-niveau exige un travail au quotidien.



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