Macron veut plus de transparence sur les méfaits de la police | Nouvelles du monde


Par SYLVIE CORBET, La Presse Associée

PARIS (AP) – Le président français Emmanuel Macron a annoncé des mesures visant à rendre la police plus transparente sur les actes répréhensibles, notamment la publication de rapports d’enquête internes et la création d’un organe de surveillance parlementaire, dans le but d’améliorer la confiance du public érodée par les scandales de ces dernières années.

Le discours de Macron mardi dans une école de police de Roubaix, dans le nord de la France, intervient après une consultation nationale de plusieurs mois sur les changements nécessaires dans la police, à la suite d’allégations de violence et de racisme.

« Quand il y a des fautes, elles doivent conduire à des sanctions. Quand il y a des problèmes, ils doivent obtenir une réponse », a déclaré Macron. « Nous n’avons rien à craindre d’une plus grande transparence. »

Macron a déclaré que les rapports d’enquête internationaux sur les allégations d’abus et d’inconduite de la police seront désormais rendus publics. Ils doivent conduire à des « décisions claires » sur les officiers et les problèmes d’organisation, a-t-il ajouté.

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En outre, un nouvel organe composé de législateurs de l’Assemblée nationale et du Sénat sera chargé d’évaluer les actions de la police, a déclaré Macron. Un organisme similaire existe pour les services de renseignement.

Dans son discours, Macron a également cherché à répondre aux demandes des syndicats de police d’agir dans des domaines tels que l’amélioration de la formation des agents, la réduction de la paperasserie et l’augmentation de leur présence sur le terrain.

Il a déclaré que le budget du ministère de l’Intérieur, qui supervise la police, s’améliorera l’année prochaine de 1,5 milliard d’euros (1,8 milliard de dollars).

Le secrétaire général adjoint du syndicat Unite SGP Police, Jérôme Moisant, a salué sur France Info le « budget assez extraordinaire » à débloquer et l’augmentation de 50% du temps consacré à la formation des agents tout au long de leur carrière.

La consultation nationale sur la police a notamment été suscitée par la publication à la fin de l’année dernière de vidéos montrant un homme noir tabassé par plusieurs policiers, à l’aide de matraque et de gaz lacrymogène sans raison apparente.

À l’époque, Macron a déclaré qu’il se sentait « honte » et « choqué » par les coups violents infligés au producteur de musique Michel Zecler, bien qu’il ait nié que le racisme ou la violence soient systémiques dans la force. Une enquête judiciaire a été ouverte sur les actions de la police dans cette affaire.

Le gouvernement français a lancé en février un outil en ligne pour permettre aux citoyens d’identifier et de dénoncer toutes sortes de problèmes de discrimination.

Macron a souligné que seulement 4% des signalements concernaient des forces de police jusqu’à présent et qu’ils avaient donné lieu à des enquêtes internes.

Au milieu des plans détaillés par Macron, certains courent largement après l’année prochaine malgré l’élection présidentielle prévue en avril.

Macron, qui n’a pas encore annoncé sa candidature à la réélection mais devrait le faire, a notamment déclaré qu’une loi majeure pour moderniser la police, y compris via le numérique, sera débattue au Parlement l’année prochaine. Il souhaite également permettre aux victimes de déposer une plainte formelle en ligne à partir de 2023. La même année, des caméras seront déployées dans les voitures de police, a-t-il ajouté.

Les problèmes de sécurité sont largement considérés comme le thème principal de la campagne à venir. Les sondages prévoient actuellement un duel entre Macron et la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen, avec une victoire de Macron, comme ce fut le cas lors de la dernière élection présidentielle française en 2017.

Le discours de Macron intervient également après l’entrée en vigueur d’une loi sur la sécurité étendant les pouvoirs de la police au début de l’année malgré des semaines de protestations appelées par des militants des droits civiques qui craignaient que cela ne menace les efforts de dénonciation des abus.

L’année dernière, des milliers de Français ont participé aux manifestations mondiales de Black Lives Matter déclenchées par la mort de George Floyd.

Amnesty International a publié mardi un rapport dénonçant l’usage disproportionné de la force par la police utilisant des gaz lacrymogènes et des grenades à dispersion pour mettre fin à une fête rassemblant environ 1 500 personnes à Redon, dans l’ouest de la France, en juin.

L’opération violente a conduit un jeune homme à se faire arracher la main. Plusieurs autres personnes ont été blessées.

Anne-Sophie Simpere, chargée de plaidoyer à Amnesty International, s’est montrée sceptique face aux annonces de Macron, estimant que son gouvernement n’avait pas montré la volonté de réformer en profondeur la police, y compris lors de la consultation nationale. Elle a déploré que ces dernières années « il y ait eu des recommandations claires pour améliorer le respect des droits de l’homme et elles n’ont pas été mises en œuvre ».

Simpere a notamment regretté que Macron n’ait pas pris de mesures pour réduire rapidement le niveau de violence lors des interventions de la police dans les manifestations et les rassemblements, comme l’interdiction des grenades à dispersion et des lanceurs de balles en caoutchouc à grande vitesse qui causent des blessures graves.

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