Macron dévoile un manifeste de réélection et promet une France plus forte en temps de crise


En tête des sondages, le président français Emmanuel Macron a dévoilé jeudi sa plate-forme de réélection, promettant de renforcer la souveraineté de la France et de guider le pays à travers ce qu’il a appelé une nouvelle ère de crise.

L’avance de Macron avant les élections du mois prochain s’est accrue à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il s’est débarrassé de ses rivaux avant le premier tour du 10 avril et on le voit battre confortablement n’importe quel adversaire lors d’un second tour.

« Nous sommes à un point de basculement où nous pouvons faire une réelle différence », a déclaré Macron lors d’une conférence de presse à Aubervilliers, au nord de Paris, soulignant la guerre aux portes de l’Union européenne et le défi mondial du changement climatique.

« Beaucoup de choses que nous devons faire aujourd’hui, en temps de crise, et que nous devrons faire dans les mois et les années à venir structureront la vie de notre pays à long terme », a-t-il ajouté.

Faire de la France un pays plus autosuffisant sera un objectif clé, a déclaré le président sortant, décrivant des plans pour renforcer l’indépendance agricole et industrielle du pays, renforcer l’armée et construire davantage de réacteurs nucléaires.

L’énergie nucléaire « est la seule option qui nous permette de réduire nos émissions de carbone de manière efficace, rapide et souveraine », a-t-il déclaré, ajoutant que l’État français augmenterait ses participations dans les entreprises énergétiques stratégiques.


Macron a également déclaré qu’il souhaitait construire un « métaverse européen » pour concurrencer les géants américains de la technologie et rendre l’Europe plus indépendante sur ce front également.

Jcoupes à la hache d’une valeur de 15 milliards d’euros

Alors qu’il lance sa campagne, le président français peut compter sur un boom économique que les électeurs n’ont pas connu depuis une génération – un point qu’il a souligné au début de sa conférence de presse.

« J’avais promis de faire baisser le chômage – malgré les crises, nous l’avons fait », a-t-il déclaré. « Le taux de chômage est à son plus bas depuis 15 ans, le taux de chômage des jeunes est à son plus bas depuis 40 ans et le taux d’activité est à son plus haut depuis qu’on le mesure. »

« [But] aucun de ces résultats ne peut être considéré comme suffisant », a-t-il ajouté. « Nous poursuivrons les réformes du marché du travail, en continuant à simplifier le dialogue social, en continuant à donner de la visibilité aux employeurs et aux salariés. Nous poursuivrons les réformes de l’assurance-chômage pour l’adapter à la situation économique. »

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Confirmant des propositions qui avaient déjà été divulguées aux médias, Macron a déclaré qu’il augmenterait l’âge de la retraite de 62 à 65 ans, réduirait les droits de succession et augmenterait les investissements publics dans les énergies vertes et les nouvelles technologies.

Il a également promis des subventions pour l’amélioration des logements et d’autres mesures de lutte contre le changement climatique, par exemple en garantissant l’accès à des véhicules électriques abordables, notamment par le biais de programmes de crédit-bail.

Au total, les réformes « représentent un effort budgétaire de 50 milliards d’euros par an jusqu’en 2027 », a-t-il ajouté, compte tenu des baisses d’impôts « d’une valeur de 15 milliards d’euros (par an), réparties à parts égales entre les ménages et les entreprises ».

Réélu « sans campagne »

L’homme de 44 ans, qui a retardé la déclaration de sa candidature pour un second mandat jusqu’au dernier moment possible, était sous pression pour dialoguer avec les électeurs et les challengers avant les élections.

Des rivaux de tous les horizons politiques, qui ont eu du mal à avoir un impact ces dernières semaines au milieu de la guerre en Ukraine, ont accusé le titulaire de tenter de contourner la campagne électorale.

« Le président veut être réélu sans jamais avoir été vraiment candidat, sans campagne, sans débat, sans concours d’idées », s’est plaint mardi le chef conservateur du Sénat, Gérard Larcher.

« S’il n’y a pas de campagne, il y aura des questions sur la légitimité du vainqueur », a déclaré Larcher, du parti d’opposition Les Républicains, au journal Le Figaro.

Élection présidentielle française
Élection présidentielle française ©France 24

Macron a joué un rôle de premier plan dans la sensibilisation diplomatique occidentale pour arrêter la guerre en Ukraine, tenant environ 20 heures de pourparlers avec le dirigeant russe Vladimir Poutine au cours des cinq dernières semaines.

Ses efforts lui ont donné un coup de pouce personnel à domicile, tout en écartant ses rivaux dans la campagne.

Forte avance sur les rivaux

Les enquêtes électorales les plus récentes suggèrent que Macron a gagné entre 5,0 et 6,0 points au cours du mois dernier et pourrait être sur la bonne voie pour remporter le premier tour des élections avec un score d’environ 30 %, une marge de victoire nettement plus élevée qu’en 2017.

En moyenne, le candidat sortant a plus de 10% d’avance sur son plus proche challenger, la dirigeante d’extrême droite vétéran Marine Le Pen. Elle est suivie par trois candidats sur environ 11 à 12 % – la candidate conservatrice Valérie Pécresse, l’ancien expert de la télévision d’extrême droite Eric Zemmour et le gauchiste Jean-Luc Mélenchon.

Les deux meilleurs candidats au premier tour passeront au second tour le 24 avril. Les sondages suggèrent actuellement que Macron triompherait largement, quel que soit son rival.

Cependant, le chef de l’État reste une figure très clivante, en raison de la réforme du droit du travail pro-entreprises et de sa personnalité abrasive, qui ont conduit à de violentes manifestations antigouvernementales en 2018 par des manifestants dits gilets jaunes.

Une enquête du groupe de sondage Odexa, publiée par Le Figaro mercredi, a suggéré qu’une personne sur quatre pourrait s’abstenir au premier tour de l’élection, le deuxième taux le plus élevé depuis 1965.

(FRANCE 24 avec AFP, REUTERS)



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