Macron appelle à la « renaissance du nucléaire français » | Nouvelles | DW


Le président français Emmanuel Macron a présenté jeudi sa vision de l’avenir énergétique de la France et a annoncé un plan majeur pour la construction d’au moins six nouveaux réacteurs nucléaires par le géant de l’énergie contrôlé par l’État Électricité de France (EDF) lors d’une visite de campagne dans une usine de turbines à la ville industrielle de l’est de Belfort, quelques semaines seulement avant une élection présidentielle en avril.

Les installations EPR (réacteurs à eau sous pression) de troisième génération doivent être achevées d’ici 2050. Macron a également déclaré qu’il étudiait la possibilité d’en construire huit autres. L’ensemble du projet est présenté sous le signe de la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France.

Au-delà des plans nucléaires français, Macron a déclaré que 50 parcs éoliens offshore étaient prévus pour la construction – il n’en a actuellement aucun, malgré l’abondance du littoral – que la capacité solaire à terre doublerait et que les installations hydroélectriques ne seraient pas non plus oubliées.

L’accent principal de Macron, cependant, était sur l’énergie nucléaire, un point de fierté particulier avec les Français, fournissant environ 70% de l’énergie de la nation.

Macron force EDF à racheter une installation qu’il a contribué à vendre de manière controversée

Malgré les inquiétudes suscitées par le coût énorme et la complexité de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, Macron a montré son soutien à l’énergie nucléaire en tant qu’option écologique et économiquement viable, déclarant : « Le moment est venu d’une renaissance du nucléaire français ».

Parallèlement à l’annonce de nouvelles constructions, Macron a déclaré qu’il souhaitait qu’EDF prolonge la durée de vie des anciennes centrales nucléaires de 40 à 50 ans, déclarant : « Je veux qu’aucun réacteur capable de produire (de l’électricité) ne soit fermé à l’avenir… sauf évidemment pour des raisons de sécurité. »

« Nous avons la chance en France de pouvoir compter sur une industrie nucléaire forte, riche en savoir-faire et avec des centaines de milliers d’emplois. »

Belfort abrite un site industriel clé qui produit des turbines destinées aux futures centrales électriques. Il est bien connu de Macron, qui, alors qu’il était ministre des Finances en 2015, a contribué à faciliter sa vente par le géant industriel français Alstom à son rival américain General Electric (GE).

L’accord a été largement critiqué à l’époque, les opposants affirmant qu’il mettrait en péril l’indépendance énergétique de la France et coûterait des milliers d’emplois.

Jeudi, sous la pression du gouvernement français, EDF a annoncé avoir accepté de racheter la branche turbines nucléaires de GE pour 200 millions de dollars (175 millions d’euros).

EDF projette des décennies de retard, des milliards de dépassement de budget

EDF, lourdement endetté, a rencontré des difficultés pour construire ses réacteurs EPR de dernière génération dans des projets séparés en France, en Grande-Bretagne et en Finlande.

La société estime pouvoir construire six de ses réacteurs pour la France d’ici 15 ans pour un coût de 50 milliards d’euros.

Actuellement, le projet français phare d’EDF dans la ville septentrionale de Flamanville – un prototype pour les centrales dont parlait Macron – dépasse quatre fois son budget de 3,3 milliards d’euros et 11 ans de retard.

Bien que les projets nucléaires aient tendance à être extrêmement coûteux, la France est décidément plus sereine quant aux perspectives de financement de tels projets puisqu’elle a récemment réussi à convaincre la Commission européenne de classer le nucléaire comme « vert » dans son guide taxonomique à l’intention des investisseurs, ce qui signifie qu’il est considéré comme respectueux de l’environnement, et donc digne d’investissement.

Jamais trop vieux pour se déconnecter

Actuellement, plus d’une douzaine des 56 réacteurs nucléaires français vieillissants sont hors service – sept pour maintenance et cinq pour de graves dommages dus à la corrosion. La production globale a chuté à environ 55% à 60% de la capacité. La France est également en retard par rapport au reste de l’Europe en ce qui concerne les investissements dans les sources d’énergie renouvelables.

L’année dernière, l’autorité nucléaire française a accepté de prolonger la durée de vie opérationnelle des 32 réacteurs les plus anciens du pays d’une décennie, à 50 ans. Comme la plupart des réacteurs français ont été construits dans les années 1980, ils pourraient être arrêtés dans les années 2030.

Paris soutient que le nouveau plan maintiendra l’approvisionnement énergétique dans un contexte de demande croissante, tout en permettant à la France d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et contribuera à réduire la dépendance aux combustibles fossiles importés.

L’énergie nucléaire produit beaucoup moins d’émissions que le charbon, le pétrole ou le gaz, mais les centrales sont coûteuses à construire et produisent des déchets radioactifs qui restent mortels pendant des dizaines de milliers d’années.

C’est un problème que la France n’a pas encore résolu – son bassin de refroidissement à l’usine de retraitement de La Hague sera plein d’ici 2030 et le pays n’a pas mis en place d’installation permanente de stockage des déchets nucléaires pour le remplacer.

js/sms (AP, AFP)



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