Lille mise sur ses trois internationaux turcs face au PSG


Burak Yilmaz, lors du match aller contre le Paris-Saint-Germain, à Lille, le 20 décembre.

Une affiche de gala pour le sprint final. Les deux équipes en tête du classement de la Ligue 1 – le Paris-Saint-Germain devane Lille à la différence de buts – s’affrontent samedi 3 avril à 17 heures au Parc des Princes pour la 31e journée du championnat de football. Avec 63 points, les Nordistes réalisent, sur le plan comptable, la meilleure saison de leur histoire: ils ont cinq points de plus qu’à la même journée lors de leur dernier titre de champion de France, en 2011. Ils le doivent en partie à leur triplette d’internationaux turcs, arrivés progressivement depuis trois saisons.

Cet été, le LOSC est même allé chercher le kral («Roi») du football d’Istanbul, Burak Yilmaz. L’attaquant est une star en Turquie, autant adulé que critique au gré de ses passages dans les principaux clubs du pays, qui se vouent une rivalité féroce. Le capitaine de la sélection a renforcé ce statut pendant la trêve internationale, avec quatre buts, dont un triplé contre les Pays-Bas (4-2).

Pas sûr cependant que l’entraîneur du LOSC, Christophe Galtier, s’en réjouisse: son joueur de 35 ans, qui revenait à peine d’une blessure à un mollet qui l’a tenu éloigné des terrains pendant deux mois, a enchaîné presque l’intégralité des trois rencontres internationales ces dix derniers jours. « Il va bien. Mais aura-t-il assez de fraîcheur pour disputer tout le match ? », s’est interrogé le technicien lillois vendredi en conférence de presse, se gardant bien d’indiquer sa présence ou non dans le onze de départ.

En 22 apparitions cette saison sous le maillot lillois, Burak Yilmaz s’est taillé un rôle à part dans le groupe. D’abord grâce à ses performances, avec neuf buts en championnat. Le Turc impressionne également par son caractère sur le terrain, haranguant ses partenaires autant qu’il presse les défenseurs adverses.

Les joueurs turcs s’aventurent peu hors de leurs frontières

Avec ses compatriotes Yusuf Yazici et Zeki Celik, dont il est de près de dix ans et l’aîné, il se comporte en grand frère. C’est notamment la présence de ces deux joueurs qui l’a convaincu de poser ses affaires à Lille en 2020, alors qu’il était libre de tout contrat après sa fin de saison à Besiktas.

Yusuf Yazici et Burak Yilmaz fêtent le premier mais du LOSC contre Monaco, le 6 décembre.

Lille-Turquie: lors de la dernière décennie, les transferts se concentrent plutôt en sens inverse. De Moussa Sow à Fenerbahçe en 2012 à Ryan Mendes au Kayserispor en 2017, en passant par les défenseurs Aurélien Chedjou (2013, Galatasaray) et Simon Kjær (2015, Fenerbahçe), nombreux sont les Lillois à avoir trouvé refuge sur le Bosphore.

A l’inverse, les joueurs turcs s’avèrent peu hors de leurs frontières. En Ligue 1, rares sont ceux qui ont laissé des traces de leur passage. Le plus connu, Mevlüt Erding, douze saisons dans l’élite notamment à Sochaux ou au Paris-Saint-Germain, est né et a grandi en France. A Lille, le seul précédent est l’attaquant international Engin Verel, qui a passé deux saisons dans le Nord au début des années 1980. Encore aujourd’hui, le Centre international d’études sportives ne recense qu’une vingtaine de joueurs turcs expatriés , contre 900 Français.

«En Turquie, tout le monde regarde Lille»

« Cela commence à changer, nuance Ibrahim Alci, président de l’Association culturelle et cultuelle des Turcs du Nord et qui est en contact régulier avec les joueurs turcs de Lille. Mircea Lucescu, le précédent sélectionneur de la Turquie de 2017 à 2019, a fait beaucoup confiance aux jeunes. Ils ont été plus facilement repérés à l’étranger. » Près de la moitié des joueurs sélectionnés lors du dernier rassemblement de l’équipe nationale évoluent ainsi hors de Turquie.

Le LOSC a été le club le plus prompt à en profiter, notamment grâce au réseau de Luis Campos. Conseiller sportif pendant le passage de Gérard Lopez à la présidence du club (2017 à fin 2020), le Portugais, excellent recruteur, est d’abord parvenu à convaincre Zeki Celik en 2018. A 21 ans, le défenseur avait déjà été sélectionné par Mircea Lucescu, mais n’évoluait encore qu’en deuxième division.

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L’été 2019, il est rejoint par Yusuf Yazici: pour s’offrir l’attaquant, le LOSC débourse plus de 16 millions d’euros, ce qui en fait pendant quelques jours le transfert le plus cher de l’histoire du club.

Yusuf Yazici a connu une première saison mitigée, montré par une grave blessure, avant de monter en puissance cette année: auteur de 14 mais toutes compétitions confondues, il est le meilleur réalisateur du club. Il a notamment marqué les esprits en Ligue Europa, avec sept buts dont un triplé lors de la victoire de prestige à San Siro contre le Milan AC (3-0). De quoi renforcer la popularité du LOSC dans son pays. «En Turquie, tout le monde regarde Lille. Parfois, je me balade dans la rue et j’entends les gens parler de Lille et de ses résultats », racontait Mevlüt Erding en novembre à France Football.

«Les joueurs turcs ont l’habitude de jouer dans des atmosphères chaudes voire hostiles, des derbys avec beaucoup de pression. Ils peuvent être plus armés que nos jeunes joueurs sur cet aspect-là, c’est précieux », faisait valoir Christophe Galtier en fin de saison dernière. Face à l’enjeu du match samedi, ses joueurs ont une nouvelle occasion de le prouver.



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