L’extrême droite française déçoit dans les sondages régionaux | Voix de l’Amérique


PARIS – Le parti de la dirigeante d’extrême droite française Marine Le Pen a obtenu des résultats plus faibles que prévu au premier tour des élections régionales dimanche, lors d’un vote marqué par des niveaux d’abstention record.

Les premières projections ont montré que le parti républicain de centre-droit était en passe de remporter le vote de dimanche, tandis que le Rassemblement national de Le Pen a dépassé les prévisions basées sur des sondages auprès des électeurs menés la semaine dernière.

« Nos électeurs ne sont pas venus », a déclaré Le Pen dans ses premiers commentaires après le vote de son fief d’Hénin-Beaumont, dans le nord de la France. « Je les appelle à répondre de toute urgence. »

Bien qu’elle ne se soit pas présentée elle-même aux élections, elle espérait une solide performance du parti pour lui donner un élan avant les élections présidentielles et parlementaires de l’année prochaine.

Le vote des nouvelles assemblées dans les 13 régions et 96 départements de France métropolitaine se déroule sur deux dimanches consécutifs, avec un second tour de scrutin prévu le 27 juin.

Un kiosque à journaux dimanche 20 juin, avec les régionales en tête de l'actualité.  (Lisa Bryant/VOA)
Un kiosque à journaux est vu à Paris, le 20 juin 2021, avec les élections régionales françaises en tête de l’actualité. (Lisa Bryant/VOA)

Il est difficile de prédire les vainqueurs finaux sur la base du premier tour en raison du système électoral compliqué et de l’impact du vote tactique, qui voit généralement les partis traditionnels s’allier pour maintenir l’extrême droite hors du pouvoir.

Les sondages de la semaine dernière avaient suggéré que le Rassemblement national finirait en tête dans six régions au premier tour, le mettant peut-être sur la bonne voie pour remporter au moins l’un d’entre eux pour la première fois de son histoire.

Le meilleur espoir du parti se trouvait dans le sud-est de la Provence-Alpes-Côte d’Azur – qui abrite Marseille, Saint-Tropez et Cannes – où sa campagne a été menée par Thierry Mariani.

Mais les performances de Mariani ne semblent pas avoir atteint les chiffres des sondages avant le vote : les premiers résultats le montraient au coude à coude avec l’actuel chef de la région, Renaud Muselier des Républicains.

Avec une part des voix nationales d’environ 19%, selon les premiers résultats, le soutien au RN est inférieur d’environ neuf points aux derniers sondages équivalents en 2015.

Récit politique

Les analystes avaient prévenu avant le vote que les résultats seraient tirés par des dynamiques locales et un taux d’abstention élevé, limitant à quel point ils devraient être considérés comme des indicateurs pour les élections présidentielles et législatives de 2022.

Mais l’issue façonnera inévitablement le récit dans les semaines à venir, notamment en ce qui concerne la force et l’éligibilité de Le Pen, ainsi que l’état du parti affaibli de Macron, la République en marche (LREM).

Les sondages pour l’élection présidentielle de l’année prochaine suggèrent une course serrée entre Macron et Le Pen.

LREM a obtenu de mauvais résultats dans tout le pays, avec une part des voix nationales de 10 à 11%, soulignant à quel point elle n’a pas réussi à convertir cinq années au pouvoir au niveau national en soutien populaire.

Le taux d’abstention de 66,1-68,6% – le plus élevé pour une élection française depuis au moins 1958 – a conduit à des spéculations sur les causes ainsi qu’à une introspection sur la santé de la démocratie.

Le manque de campagne en raison des restrictions COVID-19 semble avoir joué un rôle, et le temps chaud de l’été a vu de nombreuses personnes profiter de leur liberté après des mois de verrouillage, plutôt que dans l’isoloir.

Les électeurs se rendent à l'hôtel de ville de Neuilly Plaisance, en banlieue parisienne, pour voter.
Les électeurs se rendent à l’hôtel de ville de Neuilly Plaisance, près de Paris, pour voter, le 20 juin 2020. (Lisa Bryant/VOA)

Mais la tendance à l’augmentation de l’abstention est claire depuis des années, non seulement dans les sondages locaux de l’année dernière qui ont été perturbés par le coronavirus, mais lors des élections législatives et présidentielles de 2017.

« On pourrait dire que c’est un effondrement de la participation électorale », a déclaré le politologue Bruno Cautres de l’institut Cevipof de Sciences Po.

« C’est une gifle démocratique pour nous tous », a déclaré à la chaîne BFM Aurore Berge, une députée de premier plan du parti de Macron.

Plusieurs personnalités politiques françaises semblaient devoir sortir renforcées du vote de dimanche, dont l’espoir présidentiel de centre-droit Xavier Bertrand, chef de la région Haute-France. Les sondages à la sortie des urnes lui ont permis de remporter 39 à 47 % des voix au premier tour.

« Nous avons déverrouillé les mâchoires du Front national pour les briser ici », a déclaré Bertrand, faisant référence au parti de Le Pen par son ancien nom.

« Leur démagogie, leurs suggestions stériles, leur intolérance, tout ce qui divise et qu’est le Front national », a-t-il ajouté.

Laisser un commentaire