Les Etats-Unis relancent les discussions visant à rétablir l’accord sur le nucléaire iranien


Le porte-parole du département d'État américain, Ned Price, lors d'un point de presse à Washington, le 17 février.

Triple geste américain à l’égard de l’Iran. Après une réunion virtuelle des chefs des diplomaties françaises, britannique, allemande et américaine, Washington a annoncé, jeudi 18 février, accepter une invitation de l’Union européenne (UE) à des pourparlers en présence de Téhéran pour relancer les efforts visant à restaurer l ‘accord sur le nucléaire (JCPoA), signé en 2015.

Un peu plus tôt, les quatre puissances occidentales ont déposé dans un communiqué conjoint leur objectif de «Voir l’Iran revenir au plein respect de ses engagements» prévu par l’accord de 2015, afin de «Préserver le régime de non-prolifération nucléaire et garantir que l’Iran ne pourra jamais acquérir une arme nucléaire». Le communiqué est signé du Français Jean-Yves Le Drian, de l’Allemand Heiko Maas, du Britannique Dominic Raab et du secrétaire d’État américain, Antony Blinken.

L’administration de Joe Biden a annulé dans la foulée une proclamation unilatérale effectuée en septembre 2020 par le gouvernement de Donald Trump sur un retour de sanctions internationales contre l’Iran.

Téhéran «Annulera immédiatement» ses mesures de rétorsion si les Etats-Unis «Lèvent sans condition toutes les sanctions imposées, réimposées ou rebaptisées par Trump», a tweeté le ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, en réponse à cette offre de pourparlers. «Nos mesures sont une réponse aux violations américaines et européennes», avait-il déjà réagi, jeudi soir. Le porte-parole de ce même ministère, Saïd Khatibzadeh, a lui aussi insisté sur la levée des sanctions pour relancer les pourparlers: «Les Etats-Unis doivent agir: levez les sanctions. Nous répondrons », at-il tweeté.

La Russie a, quant à elle, réagi prudemment, déclarant que «Ne plus appeler à des sanctions, c’est une bonne chose», et appelant néanmoins les Etats-Unis à un retour complet de l’accord de 2015.

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Le département d’État a également annoncé, jeudi, l’allègement des restrictions imposées sur les déplacements des diplomates iraniens auprès de l’ONU à New York.

Ces restrictions avaient été générées alourdies par l’administration Trump. Elles imposaient à ces diplomates et au chef de la diplomatie iranienne de se cantonner à quelques rues autour du siège de l’ONU avec un parcours très précis pour aller et revenir de l’aéroport Kennedy. Leur allègement permet de revenir à une situation antérieure les autorisant à se déplacer librement à New York et dans ses proches environs. Cette règle, qui s’appliquait aussi aux missions diplomatiques de Cuba et de la Corée du Nord, reste en vigueur, a précisé un responsable du département d’État.

«L’idée est de prendre des mesures pour supprimer les obstacles inutiles à la diplomatie multilatérale en modifiant les restrictions sur les voyages intérieurs qui ont été extrêmement restrictifs», a expliqué ce responsable.

L’Iran prévoit de restreindre l’accès des inspecteurs de l’AIEA

Ces décisions sont intervenues alors que le gouvernement iranien prévoit de restreindre à partir de dimanche l’accès des inspecteurs de l’AIEA à des installations non nucléaires, y compris des sites militaires suspectés d’avoir une activité nucléaire. Téhéran a menacé de s’affranchir de nouveaux engagements pris en vertu de l’accord de 2015, sauf si les États-Unis lèvent leurs sanctions unilatérales imposées depuis 2018 et qui étranglent l’économie iranienne.

La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont appelé Téhéran à évaluer «Les conséquences d’une mesure aussi grave, en particulier dans ce moment d’opportunité pour un retour à la diplomatie». Antony Blinken «A rappelé que, comme indiqué déclaré le président Biden, si l’Iran revenait au strict respect de ses engagements (…), les Etats-Unis feraient de même et qu’ils étaient prêts à entamer des discussions avec l’Iran afin d’y parvenir », précis leur communiqué.

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Certes, «Accord [de 2015] est moins que jamais mis en œuvre, mais, pour la première fois depuis plus de deux ans, on a un consensus politique de toutes les parties initiales sur l’objectif politique commun [et] les Américains disent: ça doit commencer par une discussion », at-on expliqué de source diplomatique française.

«Trouver une solution mutuellement acceptable»

Depuis l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, Etats-Unis et Iran se renvoient la balle sur la question de savoir qui doit faire le premier pas vers l’autre pour relancer l’accord JCPoA. Washington demande à Téhéran de revenir pleinement dans l’accord, tandis que la République islamique a réclamé que la nouvelle administration démocratique lève au préalable les sanctions.

Depuis 2018, Téhéran s’est affranchi progressivement de nombre de limites qu’il avait accepté d’imposer à son programme nucléaire. Le communiqué américano-européen souligne à cet égard une «Préoccupation commune» face à la récente décision iranienne de produire de l’uranium enrichi à 20% et de l’uranium métallique, qui constitue une «Étape-clé dans le développement d’une arme nucléaire».

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Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, est attendu samedi en Iran pour «Trouver une solution mutuellement acceptable», selon l’organisation basée à Vienne, qui s’inquiète du «Impact sérieux» des limitations futures de ses inspections.

Le Monde avec AFP

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