Les élections françaises pour faire pivoter l’avenir énergétique vers la voie du nucléaire
Premier tour des élections présidentielles le 10 avril
Les sondages indiquent une reprise Macron vs Le Pen en 2017
Focus sur le nucléaire, l’éolien, la régulation des marchés
L’élection présidentielle française devrait faire pivoter la nation vers l’énergie nucléaire, considérée par plusieurs candidats comme une option à faible coût offrant une indépendance énergétique décarbonée.
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Le vote commence le 10 avril, les deux principaux candidats se qualifiant pour un second tour le 24 avril.
Le président sortant Emmanuel Macron est en tête des sondages d’opinion devant la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, faisant d’une répétition du second tour de 2017 un scénario probable.
L’élection a été éclipsée par la hausse des coûts de l’énergie et des pannes de réacteurs français sans précédent, incitant le gouvernement à geler les factures d’électricité et de gaz.
La France est devenue le marché européen de l’électricité premium en raison de la sous-performance du parc nucléaire d’EDF avec des prix au comptant en moyenne de 226 euros / MWh pour les deux trimestres d’hiver, selon les données d’échange.
Inverser les fermetures de réacteur
Sur la politique nucléaire, le président Macron avait déjà annulé une loi pour laquelle il avait fait campagne en 2017, réduisant la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50 % d’ici 2025.
Dans un discours prononcé en février, Macron s’est engagé à retarder encore la fermeture des réacteurs à partir de 2028 et à construire six nouveaux réacteurs EPR2 pour un total de 10 GW.
L’an dernier, un tel détail n’était attendu qu’après les élections et une fois le nouveau réacteur de Flamanville 3 opérationnel.
La construction de Flamanville-3 a commencé en 2008 et devrait être achevée d’ici la fin de 2023, une décennie plus tard que prévu et bien au-delà du budget.
Dans le même temps, les projets de restructuration d’EDF, propriété de l’État à 83%, ainsi que de réforme du mécanisme de libération nucléaire de l’ARENH ont été abandonnés.
Dans un récent discours, Macron a déclaré sa volonté de renationaliser les secteurs stratégiques de l’énergie, avec un nouveau gouvernement confronté à une décision sur la future structure d’EDF.
Une scission a été lancée pour garantir la propriété de l’État sur un segment nucléaire tout en libérant les énergies renouvelables aux investissements privés, mais de puissants syndicats de travailleurs s’y sont opposés avec véhémence.
« Le large soutien politique aux capacités nucléaires nouvelles et existantes et l’inclusion du nucléaire dans la législation taxonomique de l’UE, plutôt que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ont façonné les ambitions de la France de construire davantage de réacteurs », a déclaré S&P Global Commodity Insights dans son dernier long- prévision à terme pour l’électricité européenne.
Pôle éolien terrestre
Bien que généralement unis sur les avantages du nucléaire, il existe de nettes différences entre les candidats sur l’éolien, avec des candidats de droite fermement opposés à l’éolien terrestre.
Cela a déjà incité Macron à déplacer les objectifs éoliens terrestres vers des objectifs éoliens offshore plus ambitieux.
Ensuite, il y a la question de la conception du marché de l’électricité, le gouvernement actuel se concentrant sur le découplage des marchés de gros de l’électricité de la fixation des prix des centrales à gaz marginales – une discussion imminente avec la Commission européenne si Macron l’emporte.
En ce qui concerne les énergies renouvelables, le manifeste de Macron a mis l’accent sur une multiplication par dix des parcs solaires et de 50 parcs éoliens offshore d’ici 2050.
Absence d’objectifs clairs pour l’éolien terrestre, l’ennemi juré des candidats de droite tels que Le Pen et Éric Zemmour, qui se sont tous deux engagés à arrêter le développement de l’éolien terrestre et même à démanteler les turbines existantes.
L’éolien terrestre est cependant fortement soutenu par le candidat écologiste Yannick Jadot, qui souhaite construire 3 000 nouvelles éoliennes terrestres d’ici 2027 malgré des collectivités déjà inquiètes de leur impact visuel sur les monuments français.
Alors que Jadot est à la traîne à la sixième place, son parti pourrait jouer un rôle important au parlement sur ce front, bien que par rapport à l’Allemagne, l’enthousiasme pour les énergies renouvelables et l’action contre le changement climatique soit relativement modéré en France.
Un récent sondage classe les préoccupations liées au changement climatique derrière celles liées au coût de la vie et au système de santé.
CIBLES NUCLÉAIRES, ÉOLIENNES, SOLAIRES FRANÇAIS (GW, capacité)
Actuellement installé
2023*
2028*
2050**
Nucléaire
61
61
63
54 (14 EPR, SMR, existants)***
Vent terrestre
18.3
24.1
33,2 – 34,7
~37
Vent en mer
0
2.4
5.2 – 6.2
40
Solaire
13
20.1
35.1 – 44
100
Source : Gouvernement français (*PPE 2019, ** Macron le 10 février à Belfort) *** Scénario RTE 2050
Première grande nation
« Nous fournirons les moyens nécessaires pour donner à la France une longueur d’avance sur le nucléaire, les batteries, l’hydrogène, les énergies renouvelables », a écrit Macron dans son manifeste, ajoutant que la France deviendrait la « première grande nation à éliminer progressivement les combustibles fossiles ».
Les propositions de Macron changent cependant peu à court terme. « Même si vous misez massivement sur le nucléaire, cela ne change rien du tout pour l’instant », a déclaré Thomas Pellerin-Carlin, directeur du groupe de réflexion Jacques Delors Energy Center.
Et en faisant un gros pari sur les réacteurs de nouvelle génération, la France devrait maintenir ses réacteurs existants en fonctionnement jusqu’à ce que de nouveaux projets soient achevés, selon Yves Marignac du think tank Négawatt.
La première des six nouvelles unités promises par Macron ne serait pas en service avant 2037, a-t-il déclaré.
La concertation pour les premiers nouveaux réacteurs de Penly doit démarrer en septembre.
Pendant ce temps, EDF, qui serait chargé de mettre en œuvre la « renaissance nucléaire » de Macron, est déjà confronté à des défis pour prolonger la durée de vie des réacteurs existants de 900 MW dans le cadre du programme Grand Carenage.
LES PROPOSITIONS ÉNERGÉTIQUES DES CANDIDATS À LA PRÉSIDENCE FRANÇAISE
Candidat
Faire la fête
Engagements énergétiques
Moyenne du sondage
Emmanuel Macron
La République En Marche
Construire six nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2050
27,50 %
Décupler la capacité de production solaire d’ici 2050
Construire 50 parcs éoliens offshore d’ici 2050
Marine Le Pen
Rassemblement National
Restituer 5 milliards d’euros de subventions éoliennes aux ménages
20,70 %
Arrêter les nouveaux parcs éoliens et démanteler progressivement ceux existants
Augmenter les dépenses dans le secteur nucléaire et hydroélectrique
Sortir du marché européen de l’électricité
Jean-Luc Mélenchon
La France Insoumise
Quitter le nucléaire d’ici 2045
14,90%
Accélérer le déploiement de l’éolien offshore
Nationaliser l’exploitant de la centrale nucléaire Electricité de France SA
Éric Zemmour
Reconquête
Mettre fin aux parcs éoliens « actuels et futurs », on/offshore
10,30%
Électrifier ou passer à l’hydrogène des transports publics locaux
Investir dans l’efficacité énergétique des bâtiments
Valérie Pécresse
Soyons Libres
Net zéro en 2050
9.90%
Construire six nouveaux réacteurs nucléaires
Yannick Jadot
Membre des Verts européens au Parlement européen
Fermer pas à pas les centrales nucléaires, dont une dizaine d’ici 2035
5,30%
3 000 nouvelles éoliennes terrestres d’ici 2027, sept projets offshore
340 km2 de nouveaux panneaux solaires d’ici 2027
Source : Manifestes électoraux des candidats ayant au moins 5 % dans les sondages, Le Figaro (moyenne sur 2 semaines au 5 avril)