Le vote musulman pèse-t-il vraiment dans les élections françaises ?


La France est confrontée à une crise de leadership importante et à une pénurie d’idées et de mouvements politiques. À la lumière des élections présidentielles qui se tiendront au printemps prochain, il n’y a pas de favori clair ni d’opprimé, une humeur politique qui a provoqué des progrès politiques flous. Cependant, avec ces éléments alarmants, une campagne politique hystérique non déclarée a donné le ton aux électeurs au cours des sept prochains mois. Les analystes soutiennent que la France a l’opportunité de remodeler sa politique et d’atteindre les électeurs qui fuient totalement les partis politiques conventionnels, en conséquence, ils sont perdus dans le discours populiste du garçon chéri des voix anti-musulmanes et islamiques en France. , Éric Zemmour.

Tout au long de la campagne non déclarée en cours, différentes visions des candidats déclarés et non déclarés comme Zemmour peuvent être vues. Le journaliste controversé Zemmour, qui impose haut et fort sa posture de conseiller politique et « image » à la télévision nationale, aux radios et dans la presse écrite, comme on l’a vu à la Une du dernier Paris-Match Magazine, a un message basé sur deux mots. : Islam et immigration. Dans son récent livre, « La France n’a pas dit son dernier mot », il exprime le souhait de redynamiser la loi Napoléon de 1803, d’interdire tous les noms musulmans et de les remplacer par des noms chrétiens.

Facteur Zemmour

Zemmour est un phénomène devenu une réalité politique grâce aux médias. Il s’est positionné dans le « débat » politique comme une voix crédible et audible pour les électeurs anti-musulmans et arabes. La question du racisme en France politiquement a glissé de son expression ethnique à un impératif religieux après la soi-disant controverse dans le pays sur l’écharpe connue sous le nom de l’affaire du voile de 1989.

Depuis lors, les politiciens et électeurs français de droite, d’extrême droite et d’extrême droite sont en conflit avec les musulmans en France. Là où la question n’est plus taboue dans le lexique politique et médiatique français, elle est au contraire devenue une banale tactique de bouc émissaire utilisée par les politiques et les experts.

Le polémiste d'extrême droite, essayiste, journaliste politique et écrivain français Eric Zemmour prononce son discours lors du 4e Sommet démographique de Budapest à Budapest, Hongrie, le 24 septembre 2021. (Photo EPA)

Le polémiste d’extrême droite, essayiste, journaliste politique et écrivain français Eric Zemmour prononce son discours lors du 4e Sommet démographique de Budapest à Budapest, Hongrie, le 24 septembre 2021. (Photo EPA)

Comment les électeurs musulmans réagissent-ils à Zemmour et à la machine de propagande d’extrême droite ? Les électeurs musulmans sont divisés : ils votent selon leur idéologie, leur statut social, leur origine ethnique et leur démographie. Bien que ceux qui sont actifs sur les réseaux sociaux, par exemple sur Twitter, accusent les médias et l’establishment politique de laisser Zemmour faire un tour gratuit. Le chef du parti de gauche la France Insoumise (LFI), Jean-Luc Melenchon a défié Zemmour dans un débat, Melenchon a tenté de ralentir le camion bulldozer roulant de Zemmour.

La montée de Zemmour dans les sondages d’opinion nationaux est cependant traumatisante pour les deux candidats potentiels au second tour des élections du printemps prochain : le président sortant Emmanuel Macron contre Marine Le Pen, la cheffe du Rassemblement national (RN), selon aux principaux sondages nationaux depuis l’été dernier. Un remake de la présidentielle de 2017 pour lequel Macron prie désespérément !

Le chef de 'La France Insoumise' Jean Luc Melenchon réagit alors que les ministres répondent aux questions des députés lors de la séance hebdomadaire de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, France, le 31 janvier 2018. (Photo Getty Images)

Le chef de « La France Insoumise » Jean Luc Melenchon réagit alors que les ministres répondent aux questions des députés lors de la séance hebdomadaire de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale à Paris, France, le 31 janvier 2018. (Photo Getty Images)

Pourtant, sept mois en politique, c’est une éternité, l’effet de surprise est toujours d’actualité et les Français indécis attendent toujours l’arrivée de l’homme providentiel.

Après le facteur Zemmour, la confusion de Marine et le mode panique de Macron, comment voteraient les musulmans à la prochaine présidentielle de printemps ? Cette question épineuse soulève l’orientation paradoxale du vote musulman dans les élections françaises en général. Fondamentalement, les électeurs musulmans sont prêts cette fois à aller en masse voter pour Melenchon qui apparaît comme leur « champion » – néanmoins, les musulmans en France ne sont pas organisés en un bloc politique pour les raisons évoquées plus haut. Ils ne constituent pas non plus un bloc électoral.

Prisonniers de la sémantique et de la politique

Sémantiquement, avant de parler du vote musulman, il faut dire que la « communauté » musulmane est victime des leaders de ses communautés et récemment des nouvelles lois de la république qui visaient à domestiquer l’islam en France en général et les musulmans français en particulier.

Par conséquent, il n’y a pas une seule communauté musulmane en France, mais il existe des communautés musulmanes dont les voix tendent à être partagées entre les prétendants. Dans les villes moyennes, la majorité des musulmans

Une femme avec un foulard montre un dessin indiquant 'Mon voile, mon choix, libre.'  Des personnes se sont rassemblées contre l'islamophobie sur la place principale de Toulouse, en France, le 27 octobre 2019. (Photo Getty Images)

Une femme avec un foulard montre un dessin sur lequel on peut lire « Mon voile, mon choix, Libre ». Des personnes se sont rassemblées contre l’islamophobie sur la place principale de Toulouse, en France, le 27 octobre 2019. (Photo Getty Images)

le vote va aux candidats du RN tandis que dans les soi-disant pôles d’immigration (banlieues) des grandes villes, et dans les principaux districts administratifs des grandes villes, le vote musulman est partagé entre les candidats de gauche et écologistes et le Parti républicain (LR). C’est le scénario le plus idéal que l’on puisse espérer car lors des dernières élections municipales et régionales de l’été 2020 et du printemps 2021, un électeur musulman sur 10 n’a même pas pris la peine de s’inscrire pour voter, notamment, majoritairement les jeunes et les primo-votants. les électeurs qui ont récemment acquis le droit de vote.

Pour cette raison, le vote musulman ne doit pas être considéré comme un vote religieux mais plutôt comme un vote social et démographique comme le reste de leurs concitoyens, qui sont très cyniques à l’égard de la politique et des politiciens. Selon une enquête menée par le think tank parisien de l’Institut Montaigne et l’Institut français d’opinion publique (IFOP) en mai 2016, il n’y a pas de communauté musulmane en France. Il y a des citoyens français qui partagent à la fois les valeurs de la culture musulmane et la foi, donc implicitement les musulmans en France et en particulier, la troisième génération de ceux originaires des pays du Sahel et du Maghreb, sont coincés dans la dichotomie de l’identité et de l’origine.

C’est un constat clair chez les jeunes. Les musulmans de plus de 18 ans représentent environ 6 % de la population française de 67 millions, parmi les 6 % seuls 69 % sont des citoyens français. Quelque 87 % des électeurs vivant en France sont inscrits sur les listes électorales, donc le vote musulman représente 3 % en France. Cependant, seuls les deux tiers des électeurs musulmans ont participé à l’élection présidentielle de 2012, ce qui représente 2 % de la population française, 24 % se sont abstenus et 8 % ont voté blanc. Sur les 36 millions qui ont voté en 2012, 1,3 million étaient musulmans.

Contexte politique complexe

En 2012, 86 % des électeurs musulmans ont voté pour le candidat socialiste François Hollande au second tour, il a été élu avec 51,56 % des voix. On pouvait voir que le vote musulman a joué un rôle dans la victoire de Hollande. Quatre-vingt-six pour cent de 3,6 % représentent 3,1 % du total des voix. Il est probable que beaucoup de ces électeurs aient voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour.

En 2017, il y a eu un taux de participation très élevé des électeurs musulmans à 62%, et 92% ont voté pour le candidat de La République en marche (LREM), Macron. Selon Opinion Way, Macron a obtenu 2,1 millions de musulmans

L'ancien président français François Hollande attend avant une réunion avec la secrétaire générale de la Francophonie Michaelle au Palais de l'Élysée à Paris, France, le 18 février 2015. (Photo Getty Images)

L’ancien président français François Hollande attend avant une réunion avec la secrétaire générale de la Francophonie Michaelle au Palais de l’Élysée à Paris, France, le 18 février 2015. (Photo Getty Images)

voix, alors que son adversaire Le Pen en a obtenu 200 000. Par la suite, sans le vote musulman, Hollande aurait été battu en 2012 par l’ex-président sortant Nicolas Sarkozy et Le Pen serait sans doute arrivé en tête au premier tour de 2017.

Les analystes estiment qu’à la prochaine élection présidentielle d’avril 2022, le vote musulman représentera sans aucun doute environ 10 % des voix. Cela signifie que le candidat qui ne bénéficierait pas de ce vote devrait obtenir environ 60 % des voix des non-musulmans pour l’emporter. Une hypothèse qui peut déjà alimenter les stratégies des directeurs de campagne politiques, qui ne font malheureusement pas attention au vote musulman, notamment la droite, l’extrême et l’extrême droite et même le parti et le gouvernement de Macron. Les responsables de ces candidats font tout pour s’aliéner davantage les votes musulmans. En raison d’un calcul purement politique, d’une véritable manifestation des candidats d’extrême droite et d’extrême droite, et enfin de la gesticulation électorale du gouvernement, on pourrait soutenir qu’il s’agit d’une politique de communication complexe d’une stratégie de premier tour.

Pendant longtemps, les électeurs musulmans ont été tenus pour acquis par la gauche et non pris en considération par la droite. Pourtant, la prochaine élection pourrait être décidée en faveur des banlieues populaires et laborieuses par la majorité des musulmans bien intégrés qui sont régulièrement ciblés par la frange des candidats et des électeurs de droite. Ils blâment les musulmans pour leur misère, liant les problèmes de sécurité intérieure à l’immigration et à l’islam.

Des gens scandent des slogans et brandissent des pancartes alors qu'ils participent à une marche de manifestation devant la gare du Nord, à Paris, France, le 10 novembre 2019, pour protester contre l'islamophobie, à l'appel de plusieurs militants et collectifs antiracistes.  (Photo Getty Images)

Des gens scandent des slogans et brandissent des pancartes alors qu’ils participent à une marche de manifestation devant la gare du Nord, à Paris, France, le 10 novembre 2019, pour protester contre l’islamophobie, à l’appel de plusieurs militants et collectifs antiracistes. (Photo Getty Images)

En somme, le vote musulman n’est pas un vote religieux ou ethnique d’une minorité injustement stigmatisée qui se retrouve dans une nouvelle équation électorale d’abstentionnistes et de refus. La France de Zemmour pourrait faire face à davantage de divisions et de diversion, ce qui porte atteinte aux sacro-saintes valeurs « universalistes » de la France, encouragées par les dirigeants et les élites de droite et d’extrême droite. Dans un tel contexte d’incertitude politique et de forte anxiété socio-économique, sanitaire et géopolitique, les électeurs français se préparent à voter pour leur prochain président. Cette fois, la majorité des électeurs musulmans auront leur mot à dire.

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