le volontariat international en entreprise, profession un tremplin




C’est une expérience de 12 à 24 mois qu’ils ne sont pas près d’oublier. Maëva, Linejy, Julien ou encore Stéphanie font partie des Ultramarins qui ont cherché l’aventure du volontariat international en entreprise (VIE). Originaires des trois océans, neuf d’entre eux sont finalistes d’un concours lancé par l’agence Business France et la délégation interministérielle à l’égalité des chances et à la visibilité des Outre-mer.

Objectif: faire connaître le VIE dans les Outre-mer auprès de la jeunesse mais aussi des entreprises ultramarines qui souhaitent se développer à l’étranger. 110 d’entre elles ont déjà utilisé le dispositif depuis 2002 avec une moyenne de 30 entreprises par an. Le ministère des Outre-mer a d’ailleurs débloqué un budget pour encourager ces dernières.

« La formule parfaite »

La Jordanie, le Congo, les États-Unis, le Panama, la Croatie … Le volontariat international en entreprise permet aux Français de 18 à 28 ans d’exercer une mission indemnisée dans une entreprise française à l’étranger. Depuis 2002, 1 600 Ultramarins ont trouvé l’aventure. « Quand on veut travailler à l’étranger, on ne sait pas comment s’y prendre, on a du mal à trouver les bonnes options, explique Romain Félix, volontaire en Jordanie de 2016 à 2018. Le VIE, c’est la formule parfaite pour partir à l’étranger, car ça se fait avec l’appui de l’État et d’une grande entreprise française qui est là pour vous soutenir. « 

Le Réunionnais travaillait déjà dans le marketing avant de se lancer dans l’aventure du volontariat avec Orange à Amman, avec tous les avantages que comporte le système: chaque volontaire reçoit une indemnité de l’État, la couverture sociale est prise en charge par un assureur privé, et la mission compte dans le calcul des droits à la retraite. « C’est le dispositif parfait quand on est jeune et qu’on veut travailler à l’étranger », résume la Polynésienne Emma Butin.

Ça permet de mettre un pied à l’étranger en ayant de fortes garanties et une certaine sécurité.

– Emma Butin, Polynésienne

Pour les jeunes qui s’engagent dans l’aventure, les démarches sont assez simples. Une plateforme recense les offres de volontariat. Une fois le partenariat noué, tout se fait avec l’aide de Business France et des ambassades. « Je suis partie en deux semaines en demi! », se rappelle Stéphanie Pérugien, martiniquaise. Emma Butin, qui a travaillé comme rédactrice économique au Maroc, confirme: « J’ai postulé et, au bout de deux semaines, j’avais une réponse de l’entreprise et on a finalisé cela en trois semaines. » Linejy Tavars a eu plus de temps pour s’organiser. De retour du Japon où elle a obtenu un Master en agriculture, après un premier Master en biotechnologie des plantes à Bordeaux, cette Guadeloupéenne tenait à poursuivre son expérience à l’étranger. En mars 2018, elle obtient un volontariat chez UPL au Ghana. Sa mission débute en juillet suivant.

Ghana

Le VIE ne s’arrête pas aux portes de l’entreprise, il permet de découvrir les nouvelles cultures, apprendre des nouvelles langues, affirment les anciens volontaires, comme Linejy au Ghana.



© Linejy Tavars

« Des responsabilités rapidement »

En 2016, Stéphanie Pérugien, diplomée de l’école des Mines, cherche son premier emploi après un stage à la Sara, la Société anonyme de la raffinerie des Antilles, puis chez Suez en Australie. Plus qu’un type de contrat, elle vise des postes bien précis. Le VIE tombe à pic. Début 2017, elle débute en tant qu’ingénieur chef de projet pour Total au Congo. Sa mission va durer 17 mois. En République du Congo, la Martiniquaise est en charge des projets industriels d’une installation de l’entreprise: construction et réhabilitation de réservoirs d’hydrocarbures, construction d’extensions de dépôts, protection des installations contre les incendies… « C’est très large, vous touchez à tout: vous pouvez passer de la chaudronnerie charpente métallique à du génie civile, en passant par l’extinction automatique incendie. »

Après son apprentissage chez Suez, Maëva Tesan souhaitait, elle aussi, orienter sa carrière vers l’international. La Calédonienne s’engage alors avec le même groupe pour un VIE et devient responsable marketing et communication autour du développement durable au Panama où elle a eu « des responsabilités rapidement ». « Je travaillais directement avec les ministères ou les municipalités. Ça allait de créer et de coordonner les plans de communication du ministère de la Santé du Panama à notamment travailler avec les régions un peu reculées, les communautés indigènes, les sensibiliser au recyclage et leur apporter des Les outils qu’elles présentaient pas forcément accès.  »

J’avais 23 ans, je gérais plusieurs personnes dans différents pays. Jamais je n’aurais pu faire ça en France!

– Maëva Tesan, Calédonienne

« Avec nos fonctions, on est amenés à être en lien avec tout un écosystème de partenaires, d’entreprises. On a des responsabilités, des missions nous sont confiées (…) Ce sont des entreprises qui s’investissent et qui font confiance à la jeunesse, ajoute Emma Butin. On nous attribue des responsabilités qu’on aurait eu plus tard en France avec peut-être un peu plus de preuves à donner. « 

Linejy Tavars ne pensait pas non plus avoir « ce genre de responsabilités » si tôt dans sa carrière. « Je sortais tout droit de Master, j’avais de petites expériences en laboratoire et de l’interim dans des entreprises de l’agroalimentaire. On m’a demandé de gérer les partenariats donc j’étais la vitrine de l’entreprise au Ghana , j’avais un budget marketing d’environ 80 000 dollars à gérer, j’organisais aussi des événements pour UPL …  »

Si j’étais restée en France, j’aurais peut-être eu un poste d’assistante. Là, j’étais chef de produit! « 

– Linejy Tavars, Guadeloupéenne

« Un tremplin incroyable »

Si son VIE s’est achevé au bout d’un an, les retombées, elles, ont duré. Les compétences que la Guadeloupéenne a « acquises au Ghana sont des compétences que [je] réutilise maintenant « . C’est son expérience de volontaire, assure-t-elle, qui lui a permis de décrocher un emploi en Guadeloupe. Linejy a toujours eu en tête de rentrer travailler sur son île natale. Le VIE était l’outil adapté pour acquérir plus de compétences. « Après mes études, je voulais travailler en milieu tropical pour acquérir de l’expérience et la réutiliser en rentrant en Guadeloupe. Ça faisait partie de mes plans, c’était mon objectif dès le départ. »

Maëva Tesan est aujourd’hui consultante pour la commission océanographique de l’UNESCO. « Je travaille toujours dans les océans, mais pour les sciences océaniques. Je suis moins dans le traitement des eaux, plus dans l’étude des océans. » La Calédonienne a commencé à mûrir l’idée d’un jour rentrer travailler sur le Caillou. « Au Panama, j’ai vu de nombreuses similitudes avec la Nouvelle-Calédonie: c’est petit, entouré d’eau, il y a plusieurs langues … Il y avait trop de similitudes pour que je ne souhaite pas aujourd’hui essayer de faire quelque chose chez moi. « 

Je voulais absolument découvrir autre chose à l’étranger. Le VIE a été un vrai tremplin, plus que ça m’a ouvert des portes au niveau professionnel.

– Romain Félix, Réunionnais

92% des jeunes volontaires sont recrutés par l’entreprise au terme de leur VIE, se félicite l’organisme en charge du dispositif. « Après mon VIE, j’ai signé un CDI chez Orange et à l’étranger, raconte Romain qui a aujourd’hui 32 ans. J’ai continué mon expérience en Slovaquie pendant un an. Et fin 2019, j’ai rejoint le groupe Hugo Boss en Allemagne. « 

« Au bout de 13 mois, Total m’a demandé de rentrer à Paris pour signer un CDI, se remémore Stéphanie. L’antenne sur place a refusé et sur m’a gardé mon CDI au chaud. Je suis rentrée au bout de 17 mois.  » Qu’ils sont signés ou non un CDI au terme de leur mission, les Ultramarins interrogés que l’expérience a eu un impact substantiel sur leur parcours professionnel. Tous affirment avoir gagné en compétences.

« Je ne connaissais pas le système VIE »

Alors pourquoi un concours? « Pour sensibiliser les jeunes ultramarins au dispositif VIE et encourager les entreprises à utiliser à ce dispositif RH unique », répondez à la délégation interministérielle et Business france. Il vient de répondre à un manque repéré par le ministère des Outre-mer: la difficulté pour les entreprises ultramarines de se développer au-delà de leurs frontières. Former les jeunes actifs à l’international est un premier pas vers plus d’échanges avec l’étranger.

Cependant, les volontariats en entreprise ou dans l’administration sont encore très peu connus Outre-mer. « C’est quelque chose que je ne connaissais pas du tout« , confie Romain Félix. Le Réunionnais en a entendu par parler d’anciens volontaires. Emma Butin se souvient d’une réunion d’information pendant ses études quand elle était en licence, sans pour autant y avoir vraiment prêté une grande attention. « À Casablanca, il y a une forte communauté de volontaires actifs dans l’organisation d’événements, c’est comme ça que j’ai eu vent du dispositif ».

Ça c’est très bien passé, j’ai eu un CDI qui me plaît, je voulais en parler!

– Stéphanie Pérugien, Martiniquaise

« Je ne connaissais pas le système VIE, abonde Stéphanie Perugien. J’ai vu l’offre sur le site de recrutement de la boîte. Il correspondait à la mobilité internationale et au poste que je voulais occuper, je n’ai pas hésité.  » Pour tous, ce concours est l’occasion d’être les ambassadeurs du système de volontariat. « On voit très peu de femmes mobiles sur des pays comme le Congo. Je trouvais ça intéressant de montrer qu’on peut partir dans des destinations qui peuvent paraître effrayantes au premier abord, explique Stéphanie, originaire de Ducos en Martinique, après son expérience au Congo. Or ça c’est très bien passé, j’ai eu un CDI qui me plaît, je voulais en parler! «  » C’est une expérience incroyable qui mérite d’être mise en avant, ajoute Romain qui recommande le VIE à tous les jeunes diplômés. Ona un contrat dans une entreprise qui nous forme et nous fait monter en compétences. C’est une expérience prestigieuse qui a une valeur sur le CV. « 



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