Le pape resserre encore les contrôles et centralise les finances du Vatican


Par Philippe Pullella

CITE DU VATICAN, 23 août (Reuters) – Le pape François a agi mardi pour éliminer la marge de manœuvre ou les atermoiements des départements du Vatican en imposant des contrôles financiers plus stricts, fixant une date limite pour la clôture des portefeuilles d’investissement dans des banques étrangères, y compris en Italie.

François a publié un document connu sous le nom de « rescriptum », ou réécriture, indiquant clairement que tous les investissements de tous les départements devraient passer par la banque du Vatican selon de nouvelles règles qui entreront en vigueur le 1er septembre.

Un rôle plus important pour la banque est un élément clé de la politique de centralisation annoncée le mois dernier qui prive tous les départements du Vatican de la capacité d’investir leurs fonds de manière indépendante.

C’est cette pratique qui a permis à la Secrétairerie d’Etat d’investir directement dans un immeuble londonien au centre d’un procès pour corruption. L’accord bâclé a entraîné une perte de 140 millions d’euros (139,17 millions de dollars). Tous les accusés ont nié tout acte répréhensible.

Le document papal de mardi a précisé qu’il n’y avait aucune exception à la règle concernant le rôle central de la banque du Vatican, officiellement connue sous le nom d’Institut des œuvres de religion (IOR), comme stipulé dans un article de la nouvelle constitution du Vatican, publiée le 19 mars.

En juillet, le Vatican a publié une nouvelle politique globale sur les investissements pour s’assurer qu’ils sont éthiques, verts, à faible risque et évitent les industries de l’armement ou les secteurs de la santé impliqués dans l’avortement, la contraception ou les cellules souches embryonnaires.

La politique ordonnait aux départements du Vatican de fermer leurs comptes d’investissement ou leurs avoirs en actions dans des banques étrangères, y compris en Italie, et de les transférer à l’IOR, qui seraient supervisés par un département appelé l’Administration du patrimoine du Saint-Siège (APSA).

Dans le document de mardi, le pape a fixé au 1er octobre la date limite pour que les transferts soient achevés, indiquant que certains départements traînaient des pieds.

Les investissements financiers du Vatican, hors immobilier, sont estimés à un peu moins de 2 milliards d’euros.

En juin, le Vatican a créé un comité chargé de superviser l’éthique des investissements. Il est composé de non-Italiens : le cardinal irlandais-américain Kevin Joseph Farrell, basé au Vatican, et quatre experts financiers laïcs extérieurs en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Norvège et aux États-Unis.

De nombreux scandales financiers du Vatican dans le passé ont découlé d’une grande confiance dans les gestionnaires financiers, presque toujours des Italiens, qui étaient des amis des fonctionnaires du Vatican.

Discutant des finances dans une interview exclusive avec Reuters le mois dernier, le pape François a donné l’exemple de prêtres qui n’avaient aucune expérience financière auxquels on a demandé de gérer les finances d’un département et qui, de bonne foi, ont demandé l’aide d’amis du secteur financier extérieur.

« Mais parfois, les amis n’étaient pas la bienheureuse Imelda », a déclaré le pape, faisant référence à une Italienne du XIVe siècle de 11 ans, symbole de la pureté de l’enfance. Francis a blâmé « l’irresponsabilité de la structure » pour les scandales financiers passés. (1 $ = 1,0059 euros) (Reportage de Philip Pullella Montage par Mark Heinrich)

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