Le Britannique Karim Khan élu procureur de la Cour pénale internationale


Karim Khan à Najaf, dans le centre de l'Irak, en janvier 2019.

Le Britannique Karim Khan s’apprête à devenir le nouveau visage de la Cour pénale internationale (CPI). Et ce magistral orateur devrait aussi lui donner une voix. Elu procureur général, vendredi 12 février, par 72 voix sur les 123 Etats membres de la CPI réunis à New York, au terme d’une rude bataille de dix-huit mois, il succède à la Gambienne Fatou Bensouda, nommée en 2011. Sous peu, Karim Khan devra ainsi quitter Bagdad, où il dirige depuis 2018 l’ONU sur les crimes de l’État islamique (EI) en Irak.

Agé de 50 ans, le nouveau procureur débutera le 16 juin un mandat de neuf ans. «Presque une phrase! », s’amuse un juriste de la Cour, tant la tâche s’annonce colossale. En arrivant à La Haye, l’avocat britannique trouvera sur son bureau des enquêtes ouvertes dans treize pays, dont celles sur l’Afghanistan et la Palestine, pour que Washington avait émis des sanctions contre Mmoi Bensouda, sanctions que l’administration Biden promet de réexaminer.

Des affaires qui divisent les Etats parties

Ouverte en mars 2020, l’affaire sur l’Afghanistan vise, outre les talibans et les services sécuritaires du pays, les crimes commis par les forces américaines et internationales, et les prisons secrètes de l’Agence centrale de renseignement (CIA) américaine, en Pologne, en Lituanie et en Roumanie. Sur la Palestine, la Cour d’enquête sur les crimes du Hamas et de l’armée israélienne lors de la guerre de l’été 2014 à Gaza, et sur la colonisation des territoires. «En tant qu’avocat britannique, Khan sera confronté à des questions difficiles sur sa philosophie de poursuites vis-à-vis des puissances occidentales, en particulier du Royaume-Uni, mais aussi des Etats-Unis et d’Israël », Estimé le chercheur Patryk Labuda sur Twitter.

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Le cas de la Palestine divise au sein même des Etats membres de la CPI. Avant le vote, vendredi soir, la délégation palestinienne a dénoncé les dernières déclarations publiques des ministres des affaires étrangères allemand et hongrois, opposés à la compétence de la Cour en la matière. Une poignée d’états dénie même à Ramallah le droit d’afficher «Etat de Palestine» au sein de l’Assemblée.

«Difficile de prédire ce que fera Karim Khan sur ces dossiers-là», relève le délégué d’un Etat européen, s’empressant d’ajouter qu ‘«Il fera ce qu’il veut, pour le meilleur et pour le pire». Car le Britannique a du caractère, parfois imprévisible, comme lors de cet incroyable coup de théâtre à l’ouverture du procès de l’ex-président du Liberia, Charles Taylor, en 2007. L’avocat avait alors quitté la salle d’audience , refusant d’obéir au juge qui lui ordonnait de défendre son client contre son gré.

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