L’arme de l’amour | L’actualité


Heureusement, on n’est pas les États. Je déteste les armes. Je n’aime pas les revolvers, ni les carabines, ni les mitraillettes. Je n’aime rien de ce qui leur ressemble. Je n’aime pas ce qui fait mal. Les bâtons, je trouve ça dangereux, alors imaginez les armes à feu!

Les humains ont un fond violent. Je le sais, j’en élève trois. Si quelque chose ne fait pas ton affaire quand tu es petit, tu vas mordre. Littéralement. Pas au sens figuré. Je me souviens de ma meilleure amie à son premier, elle s’était fait avertir par l’éducatrice que sa petite de 12 mois mordait les autres amis. «Tu penses que c’est un problème? »M’avait-elle demandé. Elle voulait dire: est-ce que ma fille est normale? Bien sûr qu’elle est normale! Elle mord parce qu’elle peut mordre. Imagine combien ça doit être le amusement. Quelque a choisi ne va pas comme tu veux? Paf! tu fais mal à l’autre. Je suis plus forte que toi. Ailette.

Combien de personnes fonctionnent encore comme ça même si elles ont plus de 12 mois? Trop. C’est pour ça qu’il est primordial, l’humain n’était pas entre les mains des objets pointus. Aucun. Je confisquerais les ciseaux si c’était de moi. Je ne suis pas naïve, je sais que ce n’est pas demain la veille. Depuis que l’homme est homme, il est violent, et quand il ne l’est pas, il doit se défendre. Ainsi naquirent les armes.

Ça m’épuise. La ville où je suis née semble vivre en ce moment une recrudescence de crimes avec des armes à feu. Je lis, j’écoute, j’entends parler de cette montée de la violence. On appelle les spécialistes: les criminologues, les journalistes qui couvrent la mafia et les gangs de rue. C’est inquiétant. J’ai ouvert le journal ce matin et écouté les émissions consacrées au sujet avec une certaine nervosité de maman. J’avais le hamster qui tournait. Que faut-il faire? Qu’est-ce qui se passe dans ces quartiers de Montréal où les balles se perdent? Bien sûr, notre premier réflexe, animal, c’est toujours utiliser la force contre la force. J’avais envie que tous les policiers de la ville débarquent, démantèlent les gangs, arrêtent les responsables, fassent des perquisitions. Ensuite, politiquement, je voulais que des lois interdisent les armes de poing, que l’on fasse pression sur les fabricants. Que les contrôles se resserrent à la frontière…

Et puis, en écoutant tout ce monde-là, en prenant conscience de tout ce qui pouvait être fait, j’ai été soulagée.

Soulagée pour la seule et unique raison que tout cela montre que nous ne sommes pas comme les Américains. Ils sont pris avec leur culture des armes, et ce n’est pas près de finir. Ils sont embourbés jusqu’au cou là-dedans. On les a vus vivre les pires tragédies, des tueries dans les écoles à répétition, certaines que je ne peux même pas me remémorer tellement elles sont inimaginables, et encore rien ne change. C’en est insupportable.

Bien sûr, nous ne devons pas laisser la culture du pistolet envenimer nos villes, mais j’ai bon espoir. J’ai bon espoir au moins, ici, les prises de conscience servent à quelque chose. Les mairesses de Montréal et les arrondissements de Rivière-des-Prairies — Pointe-aux-Trembles et de Montréal-Nord reconnaissent toutes trois le problème et comprennent qu’on ne niaise pas avec la question des armes à feu.

Quand je pense que nos voisins du Sud ont mis dans leur Constitution que c’est un droit d’en posséder une, j’en frissonne.

Une fois qu’on aura désarmé tous ces petits et grands caïds, il faudra aussi se demander pourquoi ils viennent à vouloir jouer avec leurs armes. Les humains naissent violents par réflexe, on doit alors leur répéter souvent de ne pas utiliser la force ou la violence pour obtenir ce qu’ils désirent. Mais un jour, à grands coups d’amour (comme le chantait l’autre), ça leur rentrera dans le crâne. Ce n’est pas si compliqué que ça, mais de l’amour, c’est justement ce qui manque à ces quartiers. Des ressources et de l’amour.

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