La technologie de stockage pourrait renforcer le rôle de l’hydroélectricité dans la transition énergétique mondiale | Atalayar


Alors que le monde s’efforce d’atteindre les objectifs de zéro émission nette dans un contexte géopolitique et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement qui menacent les importations d’énergie, les marchés émergents se tournent vers l’investissement et le stockage de l’hydroélectricité pour faciliter leurs transitions énergétiques.

Dans le dernier signe d’engagement envers la plus grande source d’électricité à faible coût et à faible émission de carbone au monde, L’Inde a promis 2,4 milliards de dollars en août 2022 pour développer les projets hydroélectriques West Seti et Seti River au Népal, qui ont une capacité combinée de 1,2 GW. Deux entreprises chinoises avaient signé des protocoles d’accord pour financer les projets mais se sont retirées de ces engagements en 2018.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les économies émergentes n’ont exploité que 40% de leur potentiel pour produire de l’hydroélectricité.

En exploitant les nouvelles technologies et les projets à plus petite échelle, les marchés émergents donnent un nouvel élan à l’hydroélectricité réduire les importations de charbon ou de gaz naturel et fournir davantage d’électricité au niveau national ou régional grâce au commerce transfrontalier.

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PHOTO/FICHIER

Développer la capacité hydroélectrique

En 2021 la capacité hydroélectrique s’élevait à environ 1360 GW, générant 16% de l’électricité utilisée dans le monde. Elle a généré deux fois plus d’électricité que l’éolien et quatre fois plus que le solaire, même si les taux de croissance de ce dernier devraient combler cet écart à terme.

L’AIE prévoit une baisse de la capacité hydroélectrique en Chine, en Amérique latine et en Europe – des régions qui alimentent depuis longtemps le secteur grâce à des projets de réservoirs à grande échelle – mais aussi des projets selon lesquels de nouveaux projets en Asie-Pacifique, en Afrique et au Moyen-Orient alimenteront une croissance annuelle de 17 % de la capacité mondiale entre 2021 et 2030.

En effet, l’AIE prévoit 75% de la nouvelle capacité hydroélectrique provenir de projets à grande échelle en Asie et en Afrique.

Parmi les nouveaux ajouts de capacité hydroélectrique en 2021, Inde (803 MW), Népal (684 MW), Laos (600 MW), Turquie (513 MW), Indonésie (481 MW) et Vietnam (222 GW) figuraient toutes dans le top 10, selon le « 2022 Hydropower Status Report » publié par l’International Hydropower Association.

Globalement, les nouveaux ajouts de capacité pour l’hydroélectricité ont ralenti depuis 2017avec 22 GW de nouvelle capacité ajoutée chaque année par rapport aux 45 GW nécessaires pour s’aligner sur les objectifs mondiaux de zéro net.

Vents contraires financiers et environnementaux

La Chine a dominé l’adoption de l’hydroélectricité au cours de la dernière décennie et représentaient 20,8 GW de nouvelles capacités en 2021.

Cependant, la sécheresse – provoquée par une vague de chaleur d’un mois – a incité la Chine à prendre des mesures d’urgence pour alléger la pression sur le réseau électrique, comme couper l’électricité à l’industrie, ce qui peut rendre le pays réticent à investir davantage dans l’hydroélectricité.

Une autre préoccupation est le financement. De nombreux projets hydroélectriques de ces dernières années ont été financés par le biais de l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » (BRI), mais les niveaux de financement de la BRI ont ralenti ces dernières années pour les projets financés par l’État à l’étranger.

Deux grands projets au fil de l’eau – le projet Upper Tamakoshi de 456 MW au Népal connecté au réseau en 2021 et le projet Karot de 720 MW au Pakistan achevé en 2022 – ont été financés par la Chine.

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PHOTO/ARCHIVAGE – Panneaux solaires

Des considérations environnementales ont également amené certains pays à se demander s’il fallait lancer de nouveaux projets. Par exemple, la centrale d’Erdenburen de 90 MW financée par la Chine en Mongolie s’est heurtée à l’opposition de groupes préoccupés par le potentiel du mégaprojet d’endommager les zones humides de Ramsar et de perturber les communautés autochtones.

Nouvelles connexions énergétiques transfrontalières

Malgré ces préoccupations, les pays explorent d’autres voies de financement pour poursuivre le développement de l’hydroélectricité, l’accord entre l’Inde et le Népal en étant un excellent exemple.

L’Inde a mis en ligne le projet au fil de l’eau Bajoli Holi de 180 MW dans le district de Chamba en juillet 2022. Commandées par GE Renewable Energy, les trois unités de 60 MW fourniront 94 % de l’électricité nécessaire à l’aéroport international Indira Gandhi de Delhi, les 6 % restants provenant de panneaux solaires.

Dans la même veine que l’accord entre l’Inde et le Népal, les pays cherchent à accroître le commerce transfrontalier de l’hydroélectricité. En août 2022, le Kenya a accepté d’importer 200 MW d’électricité d’Éthiopie dans le cadre du projet d’autoroute Kenya-Éthiopie. Il est prévu de doubler ce montant, qui sera acheminé via une ligne d’interconnexion de 500 KV, à l’avenir.

L’une des tentatives les plus ambitieuses visant à accroître le commerce transfrontalier de l’hydroélectricité se déroule en Asie centrale, sous la forme de la feuille de route de l’AIE pour le Tadjikistan, qui est soutenu par une subvention annuelle de 39 millions de dollars sur cinq ans de l’Agence américaine pour le développement international.

Le Tadjikistan se classe au huitième rang mondial pour le potentiel hydroélectrique, et le projet énergétique Asie centrale-Asie du Sud de 1,2 milliard de dollars et 1,3 GW, ou CASA-1000, vise à transporter l’excédent d’hydroélectricité du Tadjikistan et du Kirghizistan vers l’Afghanistan puis le Pakistan. Partiellement financés par la Banque mondiale, le japonais Hitachi Energy et le groupe espagnol Cobra construisent les lignes de raccordement de 800 km et deux stations de conversion haute tension pour le projet.

Pendant ce temps, la deuxième phase du projet Lesotho Highlands vise à fournir de l’eau à l’Afrique du Sud et à la sécurité énergétique du Lesotho. En 2021 le projet a reçu un prêt de 86,7 millions de dollars de la Banque africaine de développement.

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AFP/INA FASSBENDER – Usine de production d’hydrogène vert sur le site du « Shell Energy and Chemicals Park Rheinland » du géant pétrolier anglo-néerlandais Shell à Wesseling, dans l’ouest de l’Allemagne

Stockage hydroélectrique pompé

Pour développer l’empreinte de l’hydroélectricité sur les marchés émergents, il faudra adopter l’hydroélectricité à accumulation par pompage (PSH), qui représente plus de 90 % de la capacité mondiale de stockage d’énergie.

Les centrales PSH pompent l’eau d’un réservoir inférieur vers un réservoir supérieur, puis libèrent l’énergie nécessaire, agissant comme une batterie souterraine géante.

JL’AIE prévoit que PSH représentera 30 %, soit 65 GW, de l’expansion mondiale de la capacité hydroélectrique entre 2021 et 2030dépassant considérablement la capacité de stockage des batteries traditionnelles.

La Chine vise à produire 62 MW de stockage par pompage d’ici 2025 et 120 GW d’ici 2030, selon les objectifs fixés publiquement en septembre 2021. Dans son « Projet de politique nationale de l’électricité 2021 »l’Inde a noté qu’elle disposait de 96,5 GW de potentiel pour le PSH, nettement supérieur aux 4,8 GW développés jusqu’à présent.

Par ailleurs, la Suisse a lancé en août la centrale souterraine PSH de Nant de Drance en Valais, qui comprend six turbines situées dans une caverne à 600 mètres sous terre avec une capacité de 900 MW.

Parmi les nombreux projets PSH en construction figurent la centrale Hatta PSH de 250 MW à Dubaï, considérée comme la première du genre dans le CCG ; le projet de stockage par pompage de 1,2 GW de Kobong au Lesotho, dont l’achèvement est prévu en 2024 ; et un projet prévu de 200 MW en Jamaïque, ce qui pourrait augmenter la production d’énergie propre du pays dans son portefeuille global de 13 % à 50 %.

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