La semaine en classique : Australian World Orchestra/Mehta ; Harrison Birtwistle Day – avis | Musique classique


gse déplaçant lentement à travers l’orchestre et à travers la scène du Royal Albert Hall jusqu’au podium du chef d’orchestre, Zubin Mehta, en cravate blanche, queue de pie et chaussures en cuir verni brillant, avait la dignité et l’allure d’un paquebot d’un âge d’or. Bien sûr, cet Indien de 86 ans, né à Mumbai, n’a pas glissé du tout. Il marchait avec difficulté, à l’aide d’un bâton, mais avec une gracieuse détermination qui a inspiré les acclamations de bienvenue du public des Proms, qui était là pour entendre le Orchestre mondial d’Australie font leurs débuts dans le cadre d’une tournée au Royaume-Uni.

Cet orchestre de la diaspora, fondé en 2010 et composé de musiciens australiens issus de nombreux orchestres de classe mondiale, a l’énergie d’un ensemble de festival. Le fait qu’ils ne se soient réunis que pour répéter la semaine dernière a ajouté au sens de l’aventure. La première partie de leur Prom, Webern’s Passacaglia, Op 1 et Six Pieces for Orchestra, Op 6 (version révisée, 1928), n’a guère cédé à l’acoustique de l’Albert Hall, bien qu’en réécoutant sur BBC Sounds, elle soit apparue avec subtilité et couleur. . Debussy Ariettes oubliées a été chanté par la soprano Siobhan Stagg dans un arrangement délicat de Brett Dean, le compositeur et altiste australien qui, en cette occasion inédite, jouait dans l’orchestre et s’en est levé pour tirer son archet.

Soprano Siobhan Stagg avec l'Australian World Orchestra dirigé par Zubin Mehta.
Soprano Siobhan Stagg avec l’Australian World Orchestra dirigé par Zubin Mehta. Photographie : Mark Allan

Mehta lui-même, un visiteur rare sur ces côtes bien qu’il ait commencé sa carrière de chef d’orchestre à Liverpool, n’a pas été aux Proms depuis plus d’une décennie. Beaucoup dont la passion pour la musique classique a été enflammée par le film de 1969 de Christopher Nupen sur Schubert La Truite, mettant en scène la jeune Jacqueline du Pré et Daniel Barenboim – toujours à voir, toujours à revisiter – pourrait rappeler que le beau jeune contrebassiste était Mehta. Ce sentiment d’un arc d’expérience de toute une vie s’est manifesté puissamment dans la Symphonie n° 2 en ré de Brahms, toujours qualifiée d’œuvre joyeuse – parce qu’elle se trouve être dans une tonalité majeure – mais dans les échanges de bois, les solos de cor rougeoyants, le rythme chantant menuet du troisième mouvement, cette œuvre émeut l’auditeur par sa nostalgie et son humanité. Assis pour diriger et utilisant des gestes minimes, Mehta s’est toutefois levé, les années s’écoulant, pour le rappel tonitruant de la soirée, la Danse slave en sol mineur de Dvořák – un duo approprié : les deux compositeurs étaient des amis dévoués. L’esprit d’amitié a dominé tout cet événement.

Comme il l’a fait aussi à Plush, un petit village au fond des collines crayeuses du Dorset, lieu de prédilection de Harrison Birtwistle, où nombre de ses œuvres ont été jouées et, dans certains cas, créées dans l’ancienne église convertie de Saint-Jean-Baptiste. L’ami, dédicataire et interprète de Birtwistle, le violoncelliste Adrian Brendel, a organisé une journée Birtwistle pour tous ceux qui voulaient se souvenir du compositeur, décédé en avril de cette année à l’âge de 87 ans. l’endroit le plus facile d’accès en une semaine de grèves ferroviaires) et se produire pendant quelques minutes reflétait l’affection dans laquelle il était tenu.

Je suis arrivé à temps pour entendre une série de pièces de certains des éminents défenseurs du compositeur. Nicolas Hodges, pianiste et champion inébranlable de la nouvelle, nous a rappelé la virtuosité jigging de Machine à gigue (2011). Brendel et Hodges sont entrés dans l’ambiance méditative de Variantes de Bogenstrich (2006-9) et le baryton Roderick Williams a chanté une chanson du même décor de Rilke. La basse John Tomlinson et le pianiste Andrew West ont habité une scène de Le Minotaure (2008) comme perdu dans une mise en scène de tout l’opéra. West et le ténor Mark Padmore ont exploré toute la portée émotionnelle de (une partie de) Chansons de la même terre (2013), mise en musique de poèmes de David Harsent. Forbes Henderson a interprété la miniature Guitar and White Hand (2007), la première pièce pour guitare de Birtwistle, dont le titre est emprunté à Picasso. Joanna MacGregor a fait un tendre récit d’une autre courte œuvre, Oockooing Bird, de l’adolescence du compositeur.

Le bassiste John Tomlinson et le pianiste Andrew West.
La basse John Tomlinson et le pianiste Andrew West dans The Minotaur in Plush de Birtwistle. Photographie : Tom Mustill

Pour boucler la boucle, dans un autre endroit – de retour aux Proms, que pour des raisons de dernière minute j’ai plutôt entendu sur Radio 3 – Simon Hochet et le Orchestre symphonique de Londres a joué Donum Simoni MMXVIII (2018), l’une des dernières œuvres de Birtwistle. Il l’a écrit comme un cadeau musical pour le chef d’orchestre et l’orchestre. Rattle a dit quelques mots en hommage à son ami Harry. La fanfare courte et bourrue a fourni un rythme optimiste laconique à une performance brûlante, de l’avis de tous, de la puissante Symphonie n° 2 de Mahler, « Résurrection ». Regardez-le sur BBC Four à 20h demain soir.

Notes par étoiles (sur cinq)
Orchestre mondial d’Australie/Mehta
★★★★
Journée Harrison Birtwistle
★★★★★

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