La préparation mentale dans le sport, l’atout décisif de la performance


«On ne peut pas avoir de résultats si on ne met pas tous les ingrédients». Cette vision du sport et de la performance, elle est évidente pour Florian Meallet, préparateur mental à Clermont-Ferrand. Et elle devrait l’être pour tout sportif en quête de progression. Vouloir améliorer sa performance sportive aujourd’hui passe aussi par la préparation mentale. Tout autant que la préparation physique.

Du rugbyman sous la pression du public lors de s’apprête à tirer une pénalité au jeune tennisman en perte de moyens sur un court, le mental du sportif a toute son importance lors d’une performance. D’où l’intérêt de s’y accommoder «pour tout sportif qui en a d’abord l’envie». Car si cela peut notamment constituer un travail collectif par la fixation d’un objectif commun par exemple, la volonté individuelle est tout aussi importante.

La gestion du stress, un facteur essentiel

«Tout être humain a des capacités mentales, mon rôle ça va être d’aider le sportif à améliorer pour optimiser sa performance», explique Florian Meallet. Une complémentarité à la préparation physique donc. En pratique, cette psychologie de la performance se traduit par la fixation d’objectifs, la gestion du stress et des émotions, la capacité à accroître sa concentration et sa motivation.

«Les ressources d’un sportif, elles sont physiques, mentales et techniques. »

Florian Meallet (Préparateur mental)

Si son rôle d’écoute est primordial, le préparateur mental utilise également divers outils. En premier lieu, la technique d’imagerie mentale. Elle consiste à se focaliser sur un moment où l’on se sent en pleine réussite en se regardant d’un point de vue extérieur ou intérieur. «Certains buteurs préfèrent se visualiser à la troisième personne». Objectif est alors de venir imprimer cette image dans l’inconscient qui, plus tard, agira dans la fluidité du geste dans le réel. Cela à force d’habitude.

Le buteur de rugby va plutôt privilégier une respiration régulatrice.

De surcroît, l’imagerie peut aussi être utilisée dans les cas de blessures. «On s’en sert beaucoup pour que les blessés arrivent mieux à se projeter», précise Adel Fellah, entraîneur de l’équipe espoir de l’ASM.

Dans le même travail de gestion du stress peuvent être utilisés différentes techniques de respiration, adaptées à l’effort physique. «Le buteur de rugby va plutôt privilégier une respiration régulatrice, ni trop rapide, ni trop lente. Ce sont des choses qui se travaillent », explique le préparateur mental.

Une routine de performance

A cela s’ajoute enfin la réévaluation cognitive. Concrètement, par des entretiens oraux, elle consiste à raisonner le sportif qui souvent, peut entrevoir une réalité différente de ce qu’elle est réellement. A cause d’un excès ou d’un manque de confiance par exemple. «La distorsion de la réalité peut souvent s’avérer un handicap pour les sportifs», précise Florian Meallet.

La distorsion de la réalité peut souvent s’avérer un handicap pour les sportifs.

Tout cela rentre dans une routine de performance que le sportif doit être capable de construire et de retrouver lors de moments importants pendant une compétition. Cette routine peut se réactiver par un mot-clé par exemple. Ou par d’autres canaux sensoriels. Le coureur à pied aura plus tendance à se focaliser sur ce qu’il voit ou entend pour ne plus prêter attention à la douleur ressentie par l’effort physique. D’où l’importance de l’imagerie mentale, qui vient agir sur l’inconscient, et donc sur le réel.

Si un athlète se persuade d’échouer dans une performance, son inconscient va souvent agir pour que ça se passe de la sorte. «Quand on dit qu’un marathon c’est souvent 80% de mental et le reste de physique, c’est en partie vrai», sourit Florian Meallet.

Photo Jean-Luc Guegan
«Je visualise dans ma tête tous les détails techniques, comment je vais aborder le virage etc.»

Alexandre Barry (nageur en Elite à l’ASM Chamalières)

Alexandre Barry, nageur à l’ASM Chamalières a pu tirer les bénéfices de cette préparation mentale il y a déjà 4 ans. Avec Florian Meallet, il parvient alors à concrétiser son objectif atteint à la Nationale 1. «J’ai intellectualisé ma pratique du sport, notamment à travers plusieurs techniques. »Sur le complot avant chaque cours, il est désormais une routine intellectuelle qu’il a longtemps répétée en amont. D’abord une maîtrise de son souffle juste avant le départ, puis surtout un moment de visualisation une demi-heure avant la course. «Je visualise dans ma tête tous les détails techniques, comment je vais aborder le virage etc.» Une course avant la course donc, pour qu’une fois dans l’eau, la performance soit optimale.

Alexandre Barry: «La préparation mentale est importante pour aller chercher ces petits centièmes manquants. »

«La natation, c’est un sport où ça se joue souvent à pas grand choix. La préparation mentale est importante pour aller chercher ces petits centièmes manquants », ajoute celui qui fut sacré champion de France universitaire 4×50 m 4 nages en 2019.

Un bien individuel pour un bien collectif

Si la préparation mentale pourrait se mesurer d’abord à la performance individuelle d’un athlète, bien souvent, celle du collectif en découle logiquement.
«Dans une équipe par exemple, il est important d’attribuer un objectif commun avec l’évaluation de chacun», détaille Florian Meallet. Ensuite, le travail individuel vient s’ajouter à celui collectif.

Pour le coach des espoirs de l’ASM, cet aspect-là de la préparation prend toute son importance dans la performance. «Pour nous, un onglet important de la préparation mentale, c’est le travail de prise de décisions de nos leaders de jeu. Que ça soit sur des touches, des choix stratégiques ou autres. On fait ensuite des retours vidéos avec eux, des entretiens, tout ça doit aider à pouvoir prendre les bonnes décisions dans un match ».

Photo Francis Campagnoni
«Pour nous, un onglet important de la préparation mentale, c’est le travail de prise de décisions de nos leaders de jeu. »

Adel Fellah (entraîneur des Espoirs de l’ASM)

En somme, de l’individualité au collectif, la préparation mentale trouve toute son importance dans la performance qui en découle, quelle que soit la discipline et le niveau. À Florian Meallet: «Les ressources d’un sportif, elles sont physiques, mentales et techniques. Et qu’on le veuille ou non, la dimension mentale, elle existera de tout temps à jamais. »Une dimension finalement décisive.

Vincent Faure

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