La Pologne applique une interdiction quasi totale de l’avortement, déclenchant des manifestations


VARSOVIE, Pologne – De nouvelles manifestations antigouvernementales ont éclaté mercredi dans les villes polonaises, peu de temps après que la plus haute juridiction du pays a confirmé sa décision très controversée qui renforcera encore la loi anti-avortement stricte de la nation à majorité catholique.

Les troubles montrent un mécontentement croissant de nombreux Polonais à l’égard du gouvernement de droite. En vertu de celui-ci, le pays était considéré comme un allié européen clé de l’administration de l’ancien président américain Donald Trump, mais a été critiqué par des responsables européens pour éroder la démocratie. Reste à voir quel genre de relations il pourra nouer avec la nouvelle administration américaine.

Les partis d’opposition ont vivement critiqué la décision du Tribunal constitutionnel, à la suite de laquelle la décision entrera en vigueur une fois qu’elle sera publiée – plus tard mercredi ou tôt jeudi – dans le journal officiel du gouvernement.

Des milliers de personnes se sont rassemblées devant le tribunal de Varsovie mercredi soir, répondant aux appels à de nouvelles manifestations de groupes de femmes qui ont mené des semaines de manifestations massives l’année dernière contre la décision initiale du 22 octobre. Des manifestations ont également eu lieu dans de nombreuses autres villes, sous une forte présence policière.

Un manifestant fait signe que les gens participent à une manifestation pro-choix dans le centre de Varsovie mercredi.Wojtek Radwanski / AFP – Getty Images

À Varsovie, les manifestants ont ensuite défilé dans le centre-ville jusqu’au siège du parti au pouvoir avec des pancartes du principal groupe «Women’s Strike» et des drapeaux arc-en-ciel pro-LGBT. Comme lors des manifestations de l’année dernière, ils ont défié l’interdiction pandémique de la Pologne sur les rassemblements.

Aucune violence n’a été signalée de part et d’autre. Certaines des marches de l’année dernière ont conduit à des affrontements avec la police.

D’autres manifestations étaient prévues jeudi.

Le parti de droite Droit et justice au pouvoir est largement considéré comme ayant une influence indue sur le système judiciaire à la suite des réformes qu’il a adoptées affectant la manière dont les juges sont nommés. Le Tribunal constitutionnel a été le premier à faire nommer certains de ses juges de la nouvelle manière, en 2016.

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Le principal parti d’opposition de la Plateforme civique a condamné la décision de la Cour mercredi comme étant «une provocation» par Law and Justice.

«Le gouvernement essaie de dissimuler son incompétence (face à la pandémie) et le fait de manière cynique», a tweeté le leader de la Plateforme civique, Borys Budka.

Un autre chef de l’opposition, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, tweeté exhortez le gouvernement à «sauver l’économie, ne pas mettre le feu à la Pologne».

Une manifestante tient une fusée éclairante alors qu’elle participe à une manifestation pro-choix dans le centre de Varsovie, mercredi dans le cadre d’une vague de manifestations à l’échelle nationale contre l’interdiction quasi totale de l’avortement en Pologne.Wojtek Radwanski / AFP – Getty Images

La décision du tribunal interdit l’avortement des fœtus atteints de malformations congénitales, et les critiques affirment qu’elle restreint la loi déjà stricte à une interdiction quasi totale des avortements. Elle a été faite en réponse à une motion de plus de 100 législateurs du parti au pouvoir, dont les noms n’ont pas été rendus publics.

L’interruption de grossesse ne sera désormais autorisée que si la santé de la femme est menacée ou si la grossesse est le résultat d’un acte criminel, tel qu’un viol ou un inceste.

Jusqu’à présent, les malformations congénitales étaient à l’origine de la plupart des avortements légaux en Pologne.

Un éminent législateur du droit et de la justice, Marek Suski, a déclaré que les travaux commenceraient sur une toute nouvelle loi sur l’avortement qui prendra en compte les défauts mortels. Elle remplacerait l’actuelle loi de 1997, basée sur un compromis avec l’Église catholique et largement critiquée.



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