« la parole de la victime doit être entendue et crue », selon Isabelle Demongeot


« On est sur la bonne voie », a vendredi 2 avril sur franceinfo Isabelle Demongeot, ancienne joueuse de tennis professionnelle, à propos des violences sexuelles dans le sport. « Moi, c’était il y a 15 ans. Je n’ai pas été crue », rappelle la sportive qui s’était confiée sur son histoire en 2007 dans son livre Service volé, une championne rompt le silence.

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« La Fédération de tennis a su réagir », explique-t-elle, même si c’est « tout récent ». L’ancienne joueuse souhaite s’adresser aux parents: « N’attendez pas que l’enfant vous parle, mais essayez de le questionner. »

franceinfo: Avez-vous-vous l’impression que le silence qui était la norme pendant des décennies est désormais derrière nous, ou au moins que la parole se libère?

Isabelle Demongeot: Oui, forcément. On est sur la bonne voie. Moi, c’était il y a 15 ans. Je n’ai pas été crue, pas soutenue. Il n’y a pas eu le président de la Fédération qui m’a appelé en moi dit ‘je veux te rencontrer’, ni de ministre qui a pris ma défense. Donc forcément, c’était compliqué à l’époque, même si mon livre a fait une grosse différence puisque je l’avais envoyé au président de la République Nicolas Sarkozy. Roselyne Bachelot a été très à l’écoute et a conçu un premier programme de protection. Derrière, ça s’est un peu relâché. Dans mon affaire, on attendait un verdict final et on a attendu pendant neuf ans. Donc pendant neuf ans, on ne vous croit pas et tout le monde vous dit ‘Ecoutez Isabelle, on attend le verdict final, savoir s’il va être condamné ou pas’. Donc oui, il y a une belle évolution aujourd’hui et je suis touchée par ça. La parole de la victime aujourd’hui, il faut qu’elle soit entendue. Il faut qu’elle soit crue.

La révolution, est-ce l’écoute, est-ce l’aide des instances de Fédération?

Oui, et c’est une tendance principale que j’ai attendue longtemps. Moi, ça a commencé à 13 ans les viols. J’ai 54 ans, donc ça fait longtemps que j’attends et que je suis quand même dans cette réflexion tous les jours. Cela a été très difficile pour moi.

« Je me suis demandé ‘est-ce qu’un jour, on me tendra la main, on nous tendra la main, aux victimes?’ Et c’est vrai que ça a été le cas. « 

Isabelle Demongeot

à franceinfo

J’avoue que la Fédération française de tennis a su réagir. C’est tout récent, c’est de décembre 2020. La Fédération a su m’ouvrir la porte, pas que dans mon rôle de missionnée sur la protection des mineurs, mais aussi sur le tennis en général.

Quel est le rôle des parents dans la prévention de ces violences?

Les parents ont un vrai rôle à jouer, surtout quand ils vont recevoir la parole de l’enfant. J’aime bien quand on dit ‘n’attendez pas que l’enfant vous parle, mais essayez de le questionner’. Et je crois que ça, c’est le véritable message qu’il faut faire passer à nous tous, c’est de questionner votre enfant. N’hésitez pas à lui demander s’il y a quoi que ce soit, s’il y a des choses anormales. Malheureusement, un viol, on ne le voit pas. On voit quelqu’un qui se fait frapper, mais un viol, c’est à l’intérieur. Evidemment, c’est toujours fait quand il n’y a personne, c’est toujours fait dans des endroits où personne ne peut vraiment être présent pour voir les faits. Donc je pense que c’est important que les parents ne délaissent pas l’enfant, par exemple qu’ils ne nécessitent pas à l’enseignant de le ramener en voiture si eux ne peuvent pas. Il faut aussi que les dirigeants des clubs soient beaucoup plus présents. Ce serait bien de pouvoir proposer une charte entre le dirigeant, l’enseignant et le jeune joueur, et que tout le monde signe en bas de la page, et peut-être, pourquoi pas, proposer le vouvoiement entre l’enseignant et les élèves .



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